Quand les regards se croisent

4 : Dissonances

Le second prime approchait, et l'atmosphère au château était électrique. Helena, nominée aux côtés de Louis et Lola, répétait sans relâche sa chanson pour le prime : "Writing's on the Wall" de Sam Smith.

"Tu dois te reconcentrer," insista Pierre pendant une pause. "Tu passes ton temps à regarder ce qui se passe dans l'autre salle de répétition."

Dans cette autre salle, Lénie travaillait un duo avec Djebril pour le tableau d'ouverture. Sa voix portait une émotion nouvelle, presque coléreuse, qui n'échappait pas à Helena.

"Je sais," soupira Helena. "C'est juste que..."

"Que quoi ?" intervint Marie-Maud qui venait d'entrer. "Que tu préfères te torturer en l'observant plutôt que de te concentrer sur ta chance de rester ?"

Le jour du prime arriva trop vite. Dans les coulisses du studio 217, les tensions étaient palpables. Marlène Schaff, venue interviewer les académiciens pour le portrait des nominés, s'approcha d'Helena.

"Comment te sens-tu avant ce prime ?"

"Je... je vais donner le meilleur de moi-même," répondit Helena, tentant de paraître confiante.

"Et comment gères-tu l'ambiance au château cette semaine ?"

Helena hésita, son regard dérivant involontairement vers Lénie qui passait au loin. "C'est... compliqué. Mais je me concentre sur la musique."

Ce que ni l'une ni l'autre ne savait, c'est que Lénie regardait l'interview sur un écran des coulisses.

"Typique," murmura-t-elle à Axel. "Elle joue encore la victime."

"Tu ne crois pas que tu es un peu dure ?" suggéra-t-il doucement. "Peut-être qu'il y a une explication..."

"Une explication à quoi ? À me faire passer pour la méchante devant les profs ? À maintenant jouer la martyre devant les caméras ?"

Le prime commença. Le tableau d'ouverture sur "The Show Must Go On" réunit tous les académiciens. Pendant la chorégraphie, Helena et Lénie devaient échanger une série de mouvements face à face. Leurs regards se croisèrent, intenses, chargés d'émotions contradictoires.

Puis vint le moment du tableau des nominés. Helena monta sur scène, le cœur lourd. Les premières notes de "Writing's on the Wall" résonnèrent. Sa voix, habituellement si maîtrisée, tremblait légèrement.

*The writing's on the wall...*

Dans les coulisses, malgré sa colère, Lénie ne put s'empêcher d'être touchée par la vulnérabilité dans la voix d'Helena. Elle secoua la tête, refusant de se laisser attendrir.

Après l'annonce du sauvé de la semaine Lola, c'était aux élèves de voter entre Louis et Helena.
Et malgré le vote de Lénie pour Louis c'était la belge qui retournait au château.

Mais le destin n'en avait pas fini avec elles. Nikos révéla une surprise : un duo improvisé entre Helena et Lénie sur "Je te promets" de Johnny Hallyday pour le tableau final.

"C'est une blague ?" murmura Lénie à Djebril.

"Fais-le pour le show," répondit-il simplement.

Sur scène, la tension était palpable. Leurs voix s'entremêlaient parfaitement, mais leurs corps restaient distants, créant un contraste saisissant qui n'échappa pas au public.

*Je te promets des jours tout bleus comme tes yeux...*

Helena mit tout son cœur dans ces paroles, espérant que d'une certaine façon, Lénie comprendrait. Mais quand leurs yeux se croisèrent sur le dernier refrain, elle ne vit que de la froideur.

Après le prime, dans les coulisses, un nouveau malentendu éclata. Helena, bouleversée par leur prestation, tenta de parler à Lénie.

"C'était... c'était beau ce qu'on a fait..."

"C'était du professionnalisme, rien de plus," coupa sèchement Lénie. "Ne va pas t'imaginer que..."

"Imaginer quoi ?" s'emporta Helena, les émotions prenant le dessus. "Que tu pourrais au moins m'écouter cinq minutes ?"

"Pour entendre quoi ? D'autres excuses ? D'autres façons de me faire passer pour la méchante ?"

"Tu ne comprends rien !"

"Oh si, je comprends très bien. Tu es juste..." Lénie s'interrompit, secouant la tête. "Laisse tomber. Continue ton petit numéro de victime, ça marche très bien avec le public apparemment."

Ces mots frappèrent Helena comme une gifle. Les larmes aux yeux, elle s'enfuit vers les loges, croisant Marie-Maud qui avait tout entendu.

"Elle me déteste," sanglota Helena dans les bras de son amie. "Et le pire, c'est que je ne peux même pas lui en vouloir..."

"L'amour et la haine sont parfois plus proches qu'on ne le pense," murmura MM, caressant les cheveux d'Helena.

Dans le bus qui les ramenait au château, Lénie fixait la nuit à travers la vitre, perturbée malgré elle par les larmes qu'elle avait vues dans les yeux d'Helena. Quelque chose n'allait pas dans cette histoire, mais sa fierté l'empêchait d'aller creuser plus loin.

Mais une chose était sûre : qu'Helena reste ou qu'elle parte, rien ne serait plus jamais comme avant entre elles.

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Le début d'une réconciliation?

Ou un pas en avant engendre 10 pas en arrière ?

Affaire à suivre...