Si mes chaussettes pouvaient parler

16 2 0
                                    

Le studio de répétition de Londres n'était pas exactement ce qu'on pouvait appeler "cozy". Les murs étaient recouverts de panneaux insonorisants gris et tristes, et l'odeur du café bon marché planait dans l'air. Mais pour Louis Tomlinson, c'était son sanctuaire. Ou, comme il aimait le dire avec son humour habituel : « C'est un trou avec des guitares et du bruit, et c'est tout ce dont j'ai besoin. »

Assis négligemment sur un canapé usé dans un coin, Louis frottait nerveusement sa basket gauche contre sa basket droite. Problème ? Elles n'étaient pas assorties. Une Nike jaune délavée et une Vans verte fluo. Pourquoi ne pas accorder ses chaussures ? Parce que c'était Louis, et que le chaos dans son placard était probablement plus vaste que le chaos dans son esprit. Ou peut-être, pensait-il, c'était une façon subtile de défier les conventions de la mode, mais soyons honnêtes... c'était surtout la faute du manque de lumière dans son appartement ce matin.

Harry Styles, de son côté, était tout sauf désordonné. Il était la définition même de l'élégance excentrique. Aujourd'hui, il portait une chemise à imprimé floral qui aurait fait fondre n'importe quelle grand-mère et un pantalon taille haute qui aurait pu faire tourner la tête de David Bowie. Ses cheveux étaient un tourbillon parfait de boucles, soigneusement décoiffés pour donner l'impression qu'il sortait d'une tempête stylisée. Il ajusta son col en se regardant dans un miroir – parce qu'on n'est jamais trop parfait quand on est Harry Styles.

Mais derrière son apparence impeccable, Harry cachait un secret. Chaque jour depuis deux semaines, il avait pris l'habitude de glisser des petites notes dans les chaussures de Louis pendant leurs séances de studio. Des notes pleines de compliments cryptiques, de blagues ridicules, et parfois de déclarations d'amour déguisées en citations de films obscurs.

Aujourd'hui, la situation s'était inversée. Louis, qui d'habitude jouait les ignorants ou envoyait des blagues cinglantes en retour, avait enfin mis la main sur l'une de ces fameuses notes. Il la tenait délicatement entre ses doigts, les yeux plissés, un sourire en coin. Harry, lui, se tenait près de la table de mixage, jetant des coups d'œil nerveux, comme un enfant pris en flagrant délit de bêtise.

« Sérieusement, Hazza, c'est quoi cette histoire avec les chaussures ? » lança Louis en agitant le bout de papier devant lui, sa voix pleine de sarcasme.

Harry fit mine de ne pas entendre, grattant une guitare invisible tout en se dirigeant vers l'autre côté de la pièce. Ses joues étaient étrangement roses.

« Je ne vois pas de quoi tu parles, Lou. Peut-être que c'est... un admirateur secret ? » tenta-t-il, essayant maladroitement de détourner l'attention.

« Un admirateur secret qui sait que je ne m'habille jamais avec des baskets assorties ? Je doute que ça existe, Styles. » Louis éclata de rire, jetant la note sur la table. « Mais merci pour le poème, c'est vraiment... touchant. »

Les notes de Harry étaient ridicules. Celle-ci, par exemple, disait : "Si mes chaussettes pouvaient parler, elles chanteraient ton nom." Ridicule, certes, mais diablement efficace pour faire rire Louis. Ou le faire rougir, parfois, mais ça, il ne l'avouerait jamais.

Harry soupira discrètement. Depuis des semaines, il essayait de trouver le bon moyen de dire à Louis ce qu'il ressentait vraiment. Mais à chaque fois qu'il pensait avoir trouvé les bons mots, son cerveau se transformait en purée. Alors, il avait opté pour des notes d'amour absurdes dans des chaussures dépareillées. Pas très conventionnel, mais c'était Harry.

Le silence s'étira un instant entre eux, rompu uniquement par le bourdonnement des amplis laissés allumés en fond. Louis finit par se lever, s'approchant de son ami avec un sourire narquois. Il était petit, mais il avait cette façon de se tenir qui faisait oublier sa taille. Ses cheveux bruns étaient coiffés de manière négligée, mais tout chez lui criait la confiance en soi. Ses yeux bleus pétillaient toujours d'une malice constante, comme s'il avait une blague prête à sortir à tout moment.

« Tu sais quoi, Hazza ? » dit-il en le pointant du doigt. « Si tu continues à me balancer des notes d'amour comme ça, je vais finir par croire que t'as un faible pour moi. »

Harry cligna des yeux, essayant de paraître indifférent alors que son cœur battait à toute vitesse. « Oh, tu n'as aucune idée... »

Louis sourit largement, attrapant une guitare et plaquant un accord. « Allez, laisse tomber le mystère. Viens jouer au lieu de te cacher derrière tes poèmes. On a un album à finir. »

Harry se dirigea vers le micro, un sourire un peu timide sur les lèvres. Un jour, il se lancerait, il le dirait directement à Louis. Mais aujourd'hui, peut-être que l'humour, les baskets dépareillées et les notes d'amour suffiraient.

Et puis, au fond, c'était exactement ce qui faisait qu'ils étaient Louis et Harry. Un peu de chaos, beaucoup d'amitié, et, qui sait, peut-être un peu plus.

Des Notes d'Amour et des Chaussures Mal Appariées. (Larry Stylinson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant