Chapitre 1

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Elle sortait du travail quand elle l'aperçut. Son sang ne fit qu'un tour. Comment était-ce possible? Comment l'avait-il retrouvée? Elle déglutit et avança dans la rue éclairée par les lampadaires. Elle avait travaillé tard et le regrettait maintenant. Il faisait sombre et les passants se faisaient rares dans la rue pourtant si animée la journée. Il s'avançait d'un pas décidé vers le parking où elle se trouvait. Elle cherchait un moyen de s'enfuir du coin de l'œil mais ne trouva pas d'issue et recula jusqu'à sentir la portière de sa voiture contre son dos. Elle était coincée face à lui. Son regard était sombre, rempli de haine, il était maintenant si proche qu'elle pouvait voir la veine dans son cou gonflée par la colère. Elle sentait son souffle sur son visage et son parfum lui donna un haut-le-cœur qu'elle réprima tant bien que mal.
- « Que fais-tu là? » lui lança-t-elle le plus sèchement possible sans le quitter des yeux.
- «  C'est comme ça que tu salues ton petit ami princesse? »
Elle grimaça en entendant ce surnom.
- «  Ne m'appelle pas comme ça, on n'est plus ensemble je te rappelle. Tu as perdu ce droit le jour où... »
Elle ne pu finir sa phrase, il s'était jeté sur elle les deux mains enserrant son cou. Elle laissa échapper un cri de surprise ses yeux couleur miel écarquillés de stupeur. Elle essaya de le taper mais il lâcha son cou d'une main pour attraper son poignet et lui tordit le bras. Un autre cri, étouffé par l'emprise sur son cou traversa ses lèvres. Elle se débattait mais en vain malgré son mètre 70 et ses entraînements réguliers à la salle de sport. Son ex-compagnon la surplombait de son mètre 90 et il n'avait aucun mal à retenir d'une main la pauvre Olivia, qui de son corps mince ne le faisait pas bouger d'un poil. Elle se tordait dans tous les sens essayant de se libérer en sentant la prise sur son cou se refermer puis soudain, il la retourna, lui tordant le bras et la poussant violemment contre la voiture. Le toit lui rentrait dans les côtes et son souffle fut coupé par la violence avec laquelle il l'avait plaquée. Son bras lui faisait horriblement mal et elle sentait l'autre main de son agresseur commencer à se balader sur son corps. Des larmes commencèrent à rouler le long de ses joues les souvenirs refluant dans son esprit. Il avait lâché son bras et ses deux mains malaxaient ses seins brutalement, la jambe droite entre celles d'Olivia, elle sentit son érection contre son dos et ce fut l'effet d'une claque. Elle ne pouvait pas rester là sans rien faire. Elle l'avait déjà fait trop de fois auparavant. S'efforçant de reprendre ses esprits malgré les mains baladeuses qui descendaient dangereusement vers son intimité, elle attendit qu'il approche sa tête dans sa nuque pour lui asséner un violent coup de tête. Une douleur fulgurante à l'arrière du crâne lui fit voir des étoiles mais le cri qui échappa de son assaillant la fit se retourner elle vit qu'elle avait atteint son but et que le visage de son ex était plein de sang. Ne réfléchissant plus elle lui balança un coup de pied dans les parties puis, alors qu'il était plié en deux de douleur, elle lui asséna un dernier coup au visage qui le fit tomber à la renverse. C'est alors qu'elle en profita pour entrer dans sa voiture et démarrer en trombe. Elle jeta un dernier regard dans le rétroviseur pour voir son ex qui essayait de courir derrière sa voiture, le visage ensanglanté, boitillant. Il hurla quelque-chose qu'elle ne pu entendre, déjà loin. Après avoir vérifié pour la quatrième fois que son appartement était bien fermé à double tour, Olivia décida de prendre une douche. Malgré l'eau brûlante qui coulait sur son corps nu, elle ne pu s'empêcher de frissonner, les yeux fermés, revivant les événements de la soirée. La sensation des mains de Jules parcourant son corps lui soulevèrent un haut-le-cœur. Comment l'avait-il retrouvée? Elle avait pourtant pris tout le soin nécessaire pour disparaître sans laisser de trace. Tout en laissant vagabonder ses pensées, d'autres souvenirs lui revinrent. Ses yeux bleus glacier assombrit par la colère la hantaient et elle se laissa glisser dans la douche. La tête dans les bras, elle se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir faire. Elle venait à peine de se faire à cette nouvelle vie mais n'avait aucune envie de la quitter une nouvelle fois. Son job lui plaisait, ses collègues étaient sympas et son patron se souciait vraiment de ses employés, ce qui de nos jours était assez rare. Elle avait de nouveaux amis, elle qui s'était retrouvée seule après la rupture n'était pas prête à abandonner son entourage. Quand elle pensa à Marine, elle ne pu s'empêcher de sourire. Elle avait de la chance de l'avoir comme amie. C'était la seule au courant de son passé et elle avait toujours été là pour elle depuis qu'elle lui avait raconté. La réalité revint à Olivia et ce fut comme une gifle. Il fallait qu'elle prévienne Marine. Elle était peut-être en danger. Si Jules l'avait retrouvée, il devait être au courant de bien plus que l'adresse où elle travaillait. Elle enfila un peignoir et se précipita sur son téléphone pour appeler Marine. Celle-ci répondit à la deuxième sonnerie et Olivia fut surprise. Elle n'avait pas réfléchi à ce qu'elle allait lui dire. Le silence inquiéta Marine qui la questionna rapidement.
-«  Liv? Tout va bien? »
Olivia était paralysée, les mots coincés dans sa gorge.
-«  J'arrive chez toi dans 10 minutes » dit Marine, la voix inquiète et elle raccrocha aussi vite.
Dix minutes plus tard, Marine sonnait chez Olivia. Elle était très inquiète. Olivia n'avait rien dit mais elle avait senti la peur à travers le téléphone et connaissant celle-ci, ça ne présageait rien de bon. Quand Olivia s'était confiée à elle sur son passé, Marine s'était sentie fière qu'elle se soit ouverte. Olivia n'était pas du genre à parler d'elle et la confiance qu'elle accorda à Marine ce jour-là marqua le début d'une amitié très forte. Mais après lui avoir tout déballé, Olivia s'était enfuie à nouveau sous sa carapace ne laissant plus jamais paraitre de peur. C'est pour cela qu'elle avait roulé plus vite qu'autorisé. Lorsqu'Olivia ouvrit la porte Marine l'observa et cru déceler de la tristesse dans son regard mais elle n'eut pas le temps de s'en assurer qu'Olivia la poussait à l'intérieur s'assurant que personne d'autre n'était dans le couloir puis refermant la porte à double tours. Olivia portait un col roulé et un jean alors que nous étions en plein mois de juillet. Il était tard mais la température dépassait encore les 20 degrés. Marine fronça les sourcils.
-«  Que fais-tu en pull par ce temps? Tu es malade? » Marine fit mine de s'approcher et Olivia recula vivement.
-«  Liv... » commença Marine puis baissant les yeux sur son poignet, elle l'attrapa. Olivia tressaillit et ne pu empêcher un petit cri de douleur. L'adrénaline étant tombée Olivia commençait à se rendre compte des dégâts faits par Jules sur son corps. Serrant son bras contre son torse, elle sentit le regard émeraude de Marine sur elle. Elle ne mesurait qu'1m60 mais en cet instant elle paraissait la surplomber. Ses cheveux brun bouclés attachés en une queue de cheval lâche lui donnait un air sévère mais ses yeux verts formaient un énorme point d'interrogation et l'inquiétude se lisait sur son joli visage. Olivia prit une inspiration et grimaça. Ses côtés étaient endolories. De peur que Marine s'inquiète elle n'avait pas trouvé mieux que d'enfiler un pull en laine à col roulé et, sous le regard inquisiteur de cette dernière et les températures douces de ce mois de juillet, Olivia commençait à étouffer.
-«  Enlève ce pull Olivia » lui ordonna soudain Marine. Elle fronçait les sourcils et la menaçait d'un doigt. Elle avait parlé comme une mère à son enfant et Olivia ne put s'empêcher de sourire.
-«  Oui maman » répondit-elle.
Mais quand Olivia enleva son pull tant bien que mal, le sourire de Marine disparut.
-«  Qu'est-ce qui s'est passé Liv? » la voix de Marine partit dans les aigus. Olivia croisa son reflet dans le miroir et sursauta. C'était moins pire que ce qu'elle avait imaginé en entendant le ton de Marine. Son cou arborait une trace violacée là où Jules l'avait étranglée, et son poignet portait le même bracelet bleuté. Ses côtes la gênaient un peu quand elle respirait mais rien de grave. Elle tourna la tête vers Marine et se rendit compte qu'elle ne lui avait toujours rien dit.

Cœur à vifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant