POINT DE VUE DE SEAN
Dans la voiture, sous les néons roses du véhicule qui me semble être une limousine, la silhouette en face de moi se met à bouger lentement. L'homme me fixe de ses yeux perçants, un sourire en coin, tandis que je tente de calmer mes tremblements. Sa peau sombre capte la lumière des lampadaires qui défilent à l'extérieur, rendant ses tatouages phosphorescents presque hypnotiques, serpentant le long de ses bras comme des constellations vivantes. Il porte une bouteille de vin à ses lèvres, en prenant son temps.
Ses dreads bleues, parsemées de petits bijoux en métal, scintillent à chaque mouvement de tête, comme une cascade lumineuse. Sa tenue en cuir bleu marine crisse légèrement à chacun de ses gestes. Il porte des colliers en chaînes, et ses doigts sont chargés de bagues. De lourds écarteurs pendent à ses oreilles. Il repose la bouteille avec un rire étouffé, croisant ses bottes santiag avec désinvolture.
— Alors, Sean, commence-t-il, j'espère que tu te rends compte de la situation.
Il croise les bras et se penche légèrement vers moi. Ses yeux brillants d'une lueur azur m'hypnotisent. Perdu dans son regard, je bafouille :
— Où est-ce que vous m'emmenez ?
— C'est moi qui pose les questions, grogne-t-il.
Ses lèvres s'étirent en un large sourire, découvrant des dents blanches aux canines acérées. Il sort alors de sa veste une petite montre à gousset pour vérifier l'heure, avant de reposer son regard sur moi.
— On doit avoir une petite discussion toi et moi. Ton existence... disons qu'elle complique certaines choses. Mon patron en a assez de tes... tours de passe-passe. Tu joues avec des forces dangereuses, tu comprends ? Tu crois que tout ça n'est qu'un simple jeu ?
Je déglutis, incapable de répondre. Une pression grandit dans ma poitrine.
— On pourrait dire, murmure-t-il d'un ton conspirateur, que tout ce que tu fais ici-bas a des répercussions ailleurs. Notre image est impactée par tes petites "performances". Tu me suis ?
Je le fixe sans comprendre. Mais de quoi parle-t-il ? Il sourit de plus belle, ses doigts dessinant des formes dans l'air comme s'il peignait un tableau invisible. Je reste bouche bée, confus par tout ce dont je suis témoin.
— Tu sais exactement de quoi je parle, Sean. Tu peux continuer ton petit numéro ici, mais lorsque tu mettras un pied hors de cette voiture, tu ferais mieux d'y mettre un terme.
Mon souffle se coupe. Je ne sais pas de quel patron il parle, ni pourquoi il dit que mes actions ont des répercussions auprès de lui. Je lui réponds en le fixant droit dans les yeux :
— Je ne joue aucun numéro. Je ne sais pas de quoi vous parlez.
La terreur monte en moi, mais l'homme ignore ma réponse et reprend calmement :
— T'as une dette à régler, répond-il sèchement. Après ce que tu as fait, tu ne peux plus t'en tirer comme ça.
Un silence lourd s'installe. Il ricane doucement, un rire qui me glace le sang.
— Désormais, il va falloir revoir les règles. Et mon boss tenait à ce que je m'en charge, alors tu as plutôt intérêt à coopérer parce que crois-moi, il ne vaudrait mieux pas le contrarier.
Je serre les poings. J'aimerais fuir à toute vitesse, mais je suis pris au piège. Au moins 30 minutes s'écoulent dans un silence oppressant. Nous nous éloignons des rues de Paris, les immeubles défilant au loin sous la lumière blafarde des réverbères. L'agitation dans mon esprit ne fait que croître à chaque virage.
La voiture finit par ralentir devant un bâtiment délabré, presque abandonné. L'homme sort du véhicule et fait le tour pour ouvrir ma portière. Avant que je ne puisse réagir, il pointe un revolver sur moi, son sourire ayant disparu, remplacé par une expression froide et déterminée.
— Sors, crache-t-il. Le temps presse.
Mon cœur s'emballe alors que je mets un pied dehors. La peur me ronge. L'air est humide, l'odeur de pluie et de béton mouillé envahit mes narines. Je jette un coup d'œil rapide au bâtiment devant nous, un ancien entrepôt dont les fenêtres sont brisées et les murs tagués.
— Avance, ordonne-t-il en me poussant légèrement avec l'arme.
Je m'exécute, tremblant, et il me conduit vers une porte en métal rouillée. Nous entrons dans l'obscurité, laissant le taxi rose et les lumière de la ville derrière nous. À l'intérieur, deux autres hommes nous attendent. Ils sont vêtus de costumes sombres, leur visage à peine visible sous la faible lumière des lieux. L'un d'eux s'exclame :
— T'es en retard, Zed. Une fois de plus.
Le prénommé Zed qui m'a conduit ici se pince les lèvres et jette un rapide coup d'œil à sa montre. Il relève la tête, un regard de défi, avant de répondre sur un ton sarcastique :
— Hm... Effectivement. De 4 minutes. Oh... Personne n'est obligé de le savoir, n'est-ce pas ?
Les deux hommes échangent des regards lourds de sous-entendus, marmonnant entre eux. Ils m'escortent ensuite tous les trois vers une cage d'escalier, où nos pas résonnent de façon inquiétante. Je sens la pression de leur présence, chacun de leurs mouvements empreint d'une autorité glaciale.
Une fois arrivé à l'étage, je me retourne vers Zed qui affiche un sourire sinistre et menaçant. Nous pénétrons dans une dernière pièce, éclairée faiblement par une lampe suspendue au plafond. Mes pensées s'arrêtent brusquement alors que la porte se referme derrière nous avec un claquement sec.
L'endroit ressemble à un entrepôt jonché de détritus, des morceaux de bois et de métal traînant ça et là. Au centre, une chaise usée m'attend, solitaire au milieu du chaos. Un grand miroir au cadre de bois, immense et inquiétant, domine la pièce, reflétant l'ombre des silhouettes qui m'escortent.
— Assieds-toi, ordonne Zed d'une voix froide.
Je n'ose pas protester. Mes jambes vacillent légèrement sous la pression, mais je finis par m'installer sur la chaise. Le silence est lourd, oppressant. Zed et les deux autres hommes se placent autour de moi, leurs regards rivés sur ma personne. Une tension palpable s'installe, et je sens mon cœur battre à tout rompre.
Zed fixe ses yeux sur moi, et un sourire carnassier étire lentement ses lèvres.
— Maintenant qu'on est entre nous, tu peux lever ton sortilège et ta fausse apparence, murmure-t-il, sa voix glaciale perçant le silence. Montre-nous ton vrai visage. On a une longue discussion qui nous attend.
Je sens un frisson me parcourir, l'angoisse envahissant chaque parcelle de mon être. La situation est bien pire que ce que je craignais.

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Ghost Under Skin
Paranormal🔞 À la suite d'un accident qui lui a presque coûté la vie, un jeune tatoueur amnésique découvre qu'il est capable de communiquer avec les morts. Tandis qu'il retrouve peu à peu la mémoire, une menace plane sur Paris, et plus encore. Les meurtres et...