CHAPITRE QUATRIEME - Apocalypse

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 Il fallut deux semaines à Camille pour réellement ressentir de la faim à nouveau. Elle mangeait un morceau de viande crue par jour pour essayer de tenir le plus longtemps possible, souvent le soir lorsqu'elle s'asseyait devant la télévision avec Eliza.

Cette dernière avait officiellement emménagé chez son amie. Elle passait de toutes façons déjà tout son temps chez Camille et garder son appartement était une perte d'argent considérable.

Maintenant que la faim ne terrassait plus la jeune vampire, elle supportait plus facilement la lumière du soleil. Elle faisait de son mieux pour ne pas y rester exposée trop longtemps, sous peine de coups de soleil en plein mois de novembre, mais cette liberté lui permettait de sortir faire quelques courses en journée, allégeant la quantité de travail d'Eliza.

Ce répit pris fin au bout de deux semaines. La faim frappa Camille de plein fouet durant la nuit. Assise à côté de son amie endormie, penchée sur une commande, elle sentit son estomac gargouiller. Ce n'était plus arrivé depuis son escapade dans la forêt.

La migraine fit son retour le lendemain. Camille avait gardé les volets strictement fermés et était restée enroulée dans sa couverture toute la matinée. Eliza ne lui avait pas envoyé de messages de la journée. La sensation qui avait saisi la vampire des semaines auparavant refit surface. L'impression de devoir protéger son amie à tout prix, qu'elle lui appartenait.

Une douche brûlante lui fit reprendre ses esprits.

Cependant, elle avait toujours faim. Elle se servit un verre de sang dans le bidon qu'elles avaient rempli. Puis un deuxième. Un troisième. Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle ait entièrement vidé le récipient. Le sang avait pris un goût presque amer, après tout ce temps passé au repos. Une partie avait séché sur les bords de plastique.

Une fois le bidon entièrement vide, elle se rendit compte que sa migraine n'avait pas disparue. Une envie de vomir la prit aux tripes. Elle avait vidé entièrement leur collecte de sang, pour que ça ne fonctionne même pas. Les doigts tremblants, elle sortit son téléphone de sa poche de jean. « Je crois que j'ai fait une connerie. », envoya-t-elle à Eliza. Elle laissa des traces rouges sur l'écran.

Dans l'attente de sa réponse, elle resta prostrée au sol, le cadavre du bidon échoué à côté d'elle. Il ne fallut que quelques minutes pour qu'Eliza ne l'appelle. Camille ne put s'empêcher de ressentir une pointe de satisfaction en pensant au fait que son amie s'inquiétait pour elle, qu'elle voulait savoir ce qu'il s'était passé. Elle décrocha, un sourire aux lèvres.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– J'ai faim, articula Camille du bout des lèvres.

– Cam, qu'est-ce que tu as fait ?

– J'ai tout bu, Liz. Il ne reste plus rien. Ça m'a pas suffi.

Elle entendit Eliza soupirer, la vit presque pincer l'arête de son nez entre son pouce et son index. Un instant, elle eut peur qu'elle ne se mette en colère.

– Je rentre.

Puis elle raccrocha. Il n'était encore que dix-sept heures. Eliza ne finissait normalement pas le travail avant dix-neuf heures. Elle n'avait qu'une petite dizaine de minutes de trajet pour rentrer. Camille était impatiente de la revoir.

Cette dernière se lava les mains, puis les dents et le visage. Elle nettoya le bidon, le sol là où des gouttes s'étaient écrasées. Il faisait froid, alors elle alluma le chauffage. Elle voulait être sûre qu'Eliza se sente à l'aise en rentrant. Elle hésita même à lui préparer à manger, mais il était encore trop tôt pour ça.

Opération CarminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant