Chapitre 1 - L'hôtel

4 2 2
                                    

The girl


Mon imper bleu-lilas.

Mes escarpins vernis.

Et la pluie de Seattle qui roule sur mes bas nylons.

5h 45.

Je passe la majestueuse porte tambour du Baccarat.

Vitres étincelantes, dorures datant d'une époque où je n'étais pas encore née. J'aime la quiétude et le silence de l'hôtel de luxe dans lequel je pénètre. C'est mon moment préféré, le bruit de mes talons aiguilles sur le sol en marbre. Ma silhouette s'y reflète, me saluant de mille éclats. Je défais la ceinture de mon imperméable en rythme avec mes foulées saccadées, comme si j'étais un Top Model à la Fashion Week. À mi-chemin du comptoir d'accueil, je tourne sur moi-même, lève les mains dramatiquement à hauteur de mon visage et finis avec des petits pas de danse sur le côté. À cette heure de la journée, le hall est à moi, je suis l'unique VIP.

- Je constate qu'il n'y a pas que ma queue qui soit matinale, résonne une voix masculine dans mon dos.

Exton...

Le chef de la sécurité du Baccarat m'accueille à sa façon. Suis-je choquée ? Non. Je crois que le petit jeu qu'il a lancé voilà quelques mois me plaît. Il instaure toujours entre nous une distance physique qui se veut respectable, mais de ses lèvres s'écoulent péchés et luxure.

- Monsieur Miller, je le salue avec un léger sourire.

- Mademoiselle Ortiz.

Le Baccarat Resort de Seattle ne réglemente pas les relations entre ses salariés. Et Exton sait régulièrement me le rappeler.

- Je pourrais te poursuivre en justice pour m'avoir appelé Mademoiselle et avoir insinué que je suis célibataire et donc disponible.

Sa voix rauque qui s'exclame derrière moi envoie des vibrations dans l'air.

- Vas-y... j'ai très envie d'expliquer au juge comment mon membre danse au même rythme que ton petit corps chaque matin.

Je me retourne rapidement, mes boucles dorées fouettant sûrement le visage angélique du sulfureux Exton.

Le mec est classe dans son costume bleu nuit. Comme toujours. Exton a tout du mec idéal. Canon, bonne situation. Il possède charisme et autorité sur les six gars qu'il encadre. Proche et amical avec tous les employés. Dévoué et disponible à toute heure du jour ou de la nuit pour le directeur de l'hôtel. Ouais, il est parfait. Mais ses lèvres pleines, qu'il humecte de sa langue me montrent où se planque son véritable talent. À savoir, dans son pantalon.

Ses fossettes se plissent de chaque côté de sa bouche alors qu'il me dévore du regard, me rappelant Brad Pitt dans ce vieux film que j'ai regardé hier soir sur mon canapé-lit. Thelma et Louise, je crois qu'il s'intitulait... Thelma savait que la dorure du mec était en toc, mais la recherche de l'ivresse était bien trop tentante.

Je marche à reculons, effectuant des petits pas pour que ma jupe crayon ne me fasse pas trébucher.

- Tu penses vraiment pouvoir charmer tout le monde ? Même les hommes de loi ? je lui demande, le regard rivé aux yeux bleu lagon d'Exton.

Ses pupilles étincellent.

- Je pourrais arriver à te convaincre que tu es la seule...

- Et je ne te croirais pas, je le coupe en riant.

Il s'esclaffe à son tour et m'offre un rictus irrésistible, comme un aveu de sa faiblesse pour le sexe féminin.

Arrivée à proximité du comptoir d'accueil, j'en fais le tour, laissant glisser mes doigts sur le bois verni.

BaccaratOù les histoires vivent. Découvrez maintenant