Les Secrets de l'Automne

Chapitre 2 : Les Échos du Passé

Après ma rencontre avec Julien, mon esprit était en ébullition. J'avais la sensation que ma vie à Bellevue, si tranquille et ordinaire, allait prendre un tournant inattendu. Les mots de Thomas résonnaient encore dans ma tête, et ma curiosité grandissait. Qui était vraiment cet artiste dont la vie avait pris une tournure si tragique ?

Les jours qui suivirent, je me retrouvai souvent au café du village, un lieu chaleureux où l'odeur du café frais se mêlait à celle des croissants. Je m'installai à une table près de la fenêtre, un coin idéal pour lire le carnet de Thomas. Chaque page me plongeait un peu plus dans son univers. Ses réflexions sur l'art, la solitude et l'amour m'envoûtaient, mais la mélancolie qui imprégnait ses mots me troublait. Que s'était-il passé pour qu'il se sente si perdu ?

Un après-midi, alors que je feuilletais les pages, je tombai sur un passage qui me fit frissonner :

"Il y a des jours où je sens que mon âme s'éteint. Mes toiles sont devenues mon seul refuge, mais même elles ne suffisent pas. J'ai cherché la beauté dans chaque détail de la vie, mais je me sens toujours incomplet. Je suis à la recherche de quelque chose, quelque part..."

À cet instant, je décidai que je devais en apprendre davantage. L'idée de découvrir le mystère de Thomas me captivait, et je savais que je ne pouvais pas le faire seule. Je voulais en parler à Julien.

Je lui envoyai un message pour lui proposer de se retrouver au café. Lorsque je le vis entrer, un sourire s'étira sur mon visage. Il semblait à la fois décontracté et sérieux, comme s'il portait un fardeau invisible.

"Salut, Léa ! Qu'as-tu trouvé de nouveau dans le carnet ?" demanda-t-il en prenant place en face de moi.

"J'ai lu des passages qui parlent de ses luttes. Je me demande ce qu'il cherchait vraiment. Je crois qu'il y a plus derrière son histoire." Je lui fis part de ma décision. "Je veux retrouver cet ancien atelier dont tu as parlé. Peut-être qu'il a laissé des indices là-bas."

Julien hocha la tête, son regard s'illuminant. "C'est une excellente idée ! Son atelier est à l'écart, mais c'est un endroit chargé d'histoires. Je peux t'y emmener demain, si tu veux."

L'enthousiasme me submergea. "Oui, allons-y !"

Le lendemain, nous nous retrouvâmes devant la vieille bâtisse où se trouvait l'atelier de Thomas. Le chemin sinueux menait à une maison aux murs de pierre couverts de lierre. En entrant, je ressentis une vague de nostalgie. L'endroit était comme figé dans le temps, rempli de souvenirs et de couleurs fanées.

Les murs étaient ornés de croquis et de peintures inachevées, témoignant de l'âme tourmentée de l'artiste. Au centre de la pièce, un chevalet se tenait, soutenant une toile recouverte d'un drap.

"Regarde", murmurai-je, désignant le chevalet. "Ça doit être sa dernière œuvre."

Julien s'approcha avec précaution, tirant lentement le drap. La toile révélait un tableau vibrant, plein de couleurs éclatantes, mais qui dégagait aussi une tristesse profonde. Au centre se dessinait une silhouette féminine, dont le visage semblait à la fois familier et étranger.

"Elle a l'air de ressentir tellement d'émotions", murmura Julien, captivé.

Je me penchai plus près. "Qui est-elle ? Pourquoi Thomas l'a-t-il peinte ?"

Julien secoua la tête, son expression pensive. "Je ne sais pas, mais je suis sûr que ça a de l'importance. Peut-être qu'elle est liée à sa disparition."

À ce moment-là, je réalisai que ma quête pour comprendre Thomas ne se limitait pas seulement à sa vie. Cela devenait aussi une exploration de mes propres émotions et de mes aspirations.

Soudain, une porte s'ouvrit brusquement dans le fond de l'atelier, interrompant nos réflexions. Une vieille femme, à l'air sage et mystérieux, apparut dans l'ombre. Ses yeux perçants scrutèrent la pièce avant de se poser sur nous.

"Vous cherchez Thomas, n'est-ce pas ?" demanda-t-elle d'une voix rauque mais apaisante.

Mon cœur s'accéléra. Que savait-elle de lui ? Pourquoi apparaissait-elle maintenant, alors que nous étions si proches de la vérité ?