Winter Girl -T1

Chapitre 2

« You got that long hair, slicked back, white t-shirt,
And I got that good girl faith and a tight little skirt,
And when we go crashing down, we come back every time »
Style — Taylor Swift

Andréa

— Suzanne ! Je vais tuer ton putain de chat !

Le chat s'en va en courant suite à ma chute catastrophique tout en entraînant un carton aussi grand que moi. Des dizaines de boules prévues pour la maison de Miss Thompson roulent sur le sol du studio, m'obligeant à passer un temps infini à tout ramasser.

— Laisse Belzebuth loin de tout ça ! réplique mon amie. Tu le stresses avec toute cette énergie... Le pauvre, on est qu'en novembre et tu le harcèles déjà de déco.

— Attends qu'il voie le costume que je lui ai acheté cette année, je marmonne sans que sa maîtresse ne puisse m'entendre.

En parlant du long, la rousse fait irruption dans la pièce principale, constatant les dégâts au sol.

— Rien de cassé, c'est déjà ça !

Elle me sourit, presque pour me narguer, puis nous ramassons en un rien de temps le contenu.

— C'est pour aujourd'hui, chez Miss Thompson ?

— Oui ! C'est la première maison à être décorée cette saison, j'ai hâte.

Suzanne hoche la tête, me tend la dernière boule que je range dans le carton débordant. En général, c'est elle qui organise nos plannings, me soutient aussi lors des gros évènements qui méritent son perfectionnisme et sa tendance à faire des listes. Pour les décorations de maisons, elle n'est pas souvent la principale concernée.

— Angèle t'accompagne ?

Je secoue la tête. Elle est au shop de tatouage toute la journée, et comme Aubrey doit accompagner son enfant chez le médecin — bonne chance au passage —, je ne peux compter sur aucune de mes acolytes.

— C'est Noam, je lui explique en posant un nouveau carton près de l'autre.

Elle ne peut pas s'empêcher de faire une grimace quand je prononce le nom de notre ami, puis elle me tourne le dos pour retourner à son ordinateur. Avec ses cheveux relevés en chignon haut et son blazer noir, elle a l'air d'une vraie secrétaire.

— Dis-moi qu'il ne doit pas venir maintenant, râle-t-elle, l'air accablé.

— Si.

Un gémissement plaintif lui échappe, elle se laisse tomber sur une chaise avant d'enfouir sa tête dans ses bras.

Noam Owens est un amour, bien que ce ne soit pas de l'avis de Suzanne. Loin du bad boy torturé, il est l'homme idéal comme dans les films de princesses. Malheureusement, il n'a d'yeux que pour Suzanne qui le trouve ennuyant à en crever.

— J'ai le temps de m'enfuir ? bougonne-t-elle.

Pour seule réponse, la sonnette résonne dans le studio, Suzanne pleure faussement. Amusée et heureuse de voir Noam, je vais lui ouvrir avec joie.

Nous l'avons rencontré un peu par hasard, par le biais d'Angèle. Pris comme apprenti dans son salon grâce à sa sympathie et ses talents de dessins, il a travaillé comme un dingue pour faire le métier qui lui plaisait. Seulement, lorsqu'il a dû tatouer une peau humaine pour la première fois, il a découvert une phobie : le sang. Comme il est tombé dans les pommes aussitôt, il n'a pas voulu réitérer l'expérience et a abandonné son projet. Depuis, du haut de ses 27 ans, il erre un peu, travaillant en boite de nuit, en temps que déménageur ou encore livreur. Il fait un tas de petits jobs mais ça semble lui convenir.