PROLOGUE

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Kaliah

Je regarde ma nourrice qui a le dos tourné. C'est parti... c'est le moment ! Je descends de ma chaise et fais attention à ne faire aucun bruit. Je marche tout doucement en priant que le parquet ne grince pas au contact de mes pieds. Je jette des coups d'œil rapides en direction de Derya, elle ne sait pas se retourner, dieu merci.

Je monte à l'étage en faisant attention. J'arrive devant le long couloir sombre, j'avale ma salive. D'accord Kaliah, respire, tu as attendu ça toute ta vie. Je pénètre dans l'allée sombre, j'arrive devant la porte où toute ma famille se trouve pour leur 500ème réunion de la journée. Je pense que je peux y aller, hein ?

Je colle mon oreille sur la porte, j'entends mon père parler d'échange. Je ne prête pas attention, je toque et rentre. Ma famille me regarde.

- Kaliah ? s'étonne mon père. Tout va bien avec Derya en bas ?

- Oui, oui, c'est juste que j'avais une demande à vous faire...

Mon père me sourit, je baisse la tête et me mords la joue inférieure. Si une tomate avait été présente à mes côtés, nous n'aurions pas vu la différence.

- Ne sois pas gênée, sevgi (ma chérie).

- Désolée, en fait papa, j'ai beaucoup réfléchi. Je suis toujours enfermée ici, je n'ai jamais vu le monde extérieur, je ne sais même pas ce que c'est d'avoir des amis.

- Désolée, en fait papa, j'ai beaucoup réfléchi. Je suis toujours enfermée ici, je n'ai jamais vu le monde extérieur, je ne sais même pas ce que c'est d'avoir des amis, papa... Je veux juste connaître ça, lütfen (s'il te plaît).

Il regarde ma mère, elle hoche la tête, puis se retourne vers moi. J'ai envie de voir s'il est déçu de moi, mais je ne vois rien, je souffle.

- Mais sevgi, le monde est trop dangereux...

- Si le monde est aussi dangereux, pourquoi tu m'as mise au monde avec maman ?

Un léger sourire surgit sur ses lèvres.

- C'est vrai que d'un point de vue, tu as raison. Qu'est-ce que tu veux faire dehors exactement ?

- Faire mes études. Je ne dis pas que les cours de Derya sont mauvais, j'ai de très belles notes avec elle, mais voir la même personne depuis maintenant 16 ans, c'est lassant.

- Bon, tu veux faire tes études où ?

- En France, et ce n'est pas comme s'il n'y avait personne là-bas que tu ne connais pas. Il y a ma tante Hajer là-bas, donc en vrai, tu ne m'envoies pas dans un pays dont tu ne connais pas.

- Toi, tu ne le connais pas.

- Je vais le connaître.

- Ozan, la voix douce de ma mère résonne dans la pièce, laisse-la y aller, elle fera sa propre vision du monde. Ça fait 16 ans qu'on l'empêche de faire ce qu'elle souhaite par peur, mais ce n'est plus une enfant. Et si elle voit que ce n'est pas fait pour elle, elle reviendra ici. Et puis, les téléphones portables existent, sevgi.

- Tu as raison.

˗ˏˋ ꒰ ♡ ꒱ ˎˊ˗

Désolée si ce prologue est assez court.

Angel eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant