Chapitre 5 : La proposition russe

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Les rues de Québec étaient étrangement calmes ce matin-là, comme si la ville tout entière retenait son souffle en attendant l’issue des négociations et des tensions qui déchiraient la province. Catherine, après son retour de Washington, se sentait épuisée par la succession d’événements qui avaient bouleversé sa routine tranquille de bibliothécaire. À peine rentrée, elle avait espéré retrouver un peu de répit, mais le destin semblait lui en avoir réservé autrement.

Elle se trouvait dans son appartement, face à une fenêtre donnant sur le Vieux-Québec, lorsqu’un appel inattendu arriva. Le nom sur l’écran de son téléphone fit monter en elle une vague de malaise : Ambassade de Russie, Ottawa. Depuis que le Québec avait déclaré son indépendance, la Russie n’avait fait que de vagues déclarations publiques, mais tout le monde savait que Moscou observait attentivement la situation.

Catherine décrocha, le cœur battant.

— Madame Lemieux ? dit une voix à l'accent prononcé. Je suis Igor Mikhailov, attaché politique de l'ambassade de Russie. Nous souhaiterions vous inviter à un entretien privé à notre ambassade, si vous acceptez. Le gouvernement russe a un intérêt particulier à discuter de la situation au Québec et de... certaines options de soutien.

Catherine serra un peu plus son téléphone. L’idée d’une rencontre avec les Russes lui semblait dangereuse, non seulement politiquement, mais aussi moralement. Mais elle savait que refuser l’invitation pourrait être perçu comme une insulte ou une erreur stratégique.

— Très bien, je... j'accepte, dit-elle enfin, la voix hésitante. Quand cela devrait-il se passer ?

— Aujourd'hui, si cela vous convient. Nous pouvons envoyer une voiture.

Le ton de Mikhailov ne laissait pas place à la négociation. Catherine accepta, se promettant de rester sur ses gardes.

Arrivée à l'ambassade russe

La voiture noire, conduite par un chauffeur silencieux, la déposa devant l'ambassade de Russie à Ottawa. Le bâtiment imposant et sévère, entouré de grilles et gardé par des hommes en uniforme, renforçait l’impression d’être entrée dans un territoire étranger. Catherine ressentit un profond malaise en franchissant les portes, comme si chaque pas la rapprochait d’un piège invisible.

Elle fut accueillie par Igor Mikhailov, un homme à la carrure imposante et au regard perçant. Il l’invita à le suivre à travers les couloirs richement décorés, où les portraits de dirigeants russes et des symboles soviétiques semblaient la surveiller.

— Bienvenue, Madame Lemieux. Le gouvernement russe voit le Québec comme une opportunité... intéressante, dit-il en la menant dans une salle de réunion discrète.

Catherine prit place à une table en bois verni, où se trouvait déjà un dossier épais. Mikhailov s’assit en face d’elle et commença sans détour.

— Je vais être direct. Le Québec est dans une situation délicate. Ottawa prépare des actions militaires et économiques pour écraser votre mouvement indépendantiste. Nous savons que les États-Unis ne vous soutiendront pas. En revanche, la Russie pourrait le faire.

Catherine fronça les sourcils, mal à l’aise avec la direction que prenait la conversation.

— Et que voudrait la Russie en retour ? demanda-t-elle, essayant de garder un ton neutre.

Mikhailov sourit.

— La Russie n’est pas intéressée par des territoires ou des ressources, du moins pas directement. Mais notre intérêt est de contester l’influence occidentale en Amérique du Nord. Si nous pouvons créer un contrepoids à l'influence américaine et canadienne dans cette région, cela jouerait en notre faveur. En échange, nous pourrions vous offrir un soutien militaire discret. Des "conseillers", des équipements. Rien de visible, rien de traçable.

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