Dans l'ombre de Mars - Under the Moon Spin off

Chapitre 2 Besoin d'air

Assise dans cette salle d'attente qui sent le désinfectant, je commence à en avoir marre de parcourir les réseaux sociaux en attendant d'être appelée. Jambes croisées, je commence à taper frénétiquement du pied. Je n'ai qu'une envie, me lever et quitter ce cabinet. Pile au moment où je me décide enfin à le faire, la porte située à ma gauche s'ouvre d'un coup.

— Ashley, c'est à vous, me dit la femme en se décalant légèrement pour me laisser entrer.

Tandis qu'elle referme la porte derrière moi, je vais prendre place sur le canapé moelleux. Seule chose agréable dans ce bureau. J'entends le bruit de ses talons approcher avant qu'elle ne s'installe à son tour sur le fauteuil en face de moi. Tout en contemplant la pièce que je commence à bien connaître, je fais mine d'étudier de nouveaux détails que j'aurais possiblement manqué les fois précédentes, mon sac, dont je serre machinalement les lanières, reposant sur mes genoux. Comme d'habitude, tout est en ordre, chaque objet à sa place.

Son petit carnet et son stylo en main, mon adversaire pour l'heure qui va suivre me fixe, l'air d'attendre que je dise quelque chose qu'elle pourra décortiquer et analyser à sa manière de professionnelle. C'est déjà la cinquième fois que je me retrouve en face de cette femme, et je continue de me demander pourquoi je suis ici. 

Je prends des rendez-vous chez le psy depuis environ trois mois, enfin "on me prend" des rendez-vous. Pensant que ça pourrait être utile, j'ai accepté. Néanmoins, je ne crois pas que ces séances me soit réellement d'une quelconque aide. Je trouve que madame Wayne, ma psy, est un peu trop intrusive alors que son travail consiste simplement à m'aider à gérer mon stress.

— Écoutez madame, vous savez ce que je pense ?, dis-je enfin après plusieurs minutes de silence.

— Dites-moi, répond-elle en réajustant ses lunettes tombantes.

— Honnêtement je pense que je n'ai rien à faire ici. Je vais très bien. Je veux dire, regardez-moi, est-ce que j'ai l'air mal au point d'avoir besoin de consulter ?

— Ce n'est pas parce que vous vous efforcez d'aller bien que c'est réellement le cas, mademoiselle Dean.

— Vous savez très bien que je ne suis pas ici de ma propre volonté.

— En effet oui, votre mère a insisté. Mais je pense que c'est pour une bonne raison.

À court d'arguments, je me contente de soupirer lourdement.

— D'ailleurs, je crois que vous avez déjà eu l'occasion d'avoir quelques rendez-vous quand vous étiez plus jeune. N'est-ce pas ?

— C'est vrai que j'ai tendance à être un peu anxieuse de temps en temps, mais je sais très bien gérer mes états.

— Intéressant, et par quels moyens ?, m'interroge-t-elle en prenant des notes.

À quel moment la conversation a tourné en interrogatoire ?

— Eh bien, le shopping est une très bonne forme de thérapie vous savez ?

Dieu merci, je n'ai pas eu droit au décryptage des taches d'encre comme dans les films.

En vérité le shopping n'est pas ce que je préfère pour me vider la tête, surtout quand je n'ai plus un sous en poche. Ce qui me détend réellement, ce sont les longues balades en pleine nature. Durant ces moments, j'en profite pour me vider l'esprit et immortaliser la beauté de ce qui m'entoure en esquissant quelques dessins des arbres environnants. 

Je pourrais également lui parler des journaux que j'ai toujours tenu depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Mais à quoi bon ? Je ne suis pas ici pour parler de ma vie. Ça arrive à tout le monde d'être un peu anxieux de temps en temps, ce n'est pas pour autant qu'ils s'empressent d'aller consulter.