𝐅𝐚𝐭𝐢𝐦𝐚: 𝐔𝐧 𝐚𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐞𝐧 𝐚𝐧𝐚𝐥𝐲𝐬𝐞

.1.

Le soleil se levait à peine lorsque Fatima se prépara pour sa première journée en tant que psychologue au Centre de Détention de Valombre. Son cœur battait à tout rompre. Après des années d'études, de nuits blanches et de stages exigeants, elle était enfin arrivée là où elle avait toujours voulu être : en première ligne pour aider ceux que la société avait souvent oubliés.

 Pourtant, une inquiétude sourde se mêlait à son excitation. Ce monde-là, celui des barreaux, des murs gris et des silences lourds, était nouveau pour elle.Elle ajusta son voile et s'observa un instant dans le miroir. Son regard, ferme mais teinté de douceur, lui renvoya une certaine confiance qu'elle ne pensait pas avoir. Elle inspira profondément et quitta son petit appartement. Chaque pas la rapprochait de l'inconnu, de cette mission qu'elle s'était fixée : offrir une oreille attentive, même dans ce lieu rempli d'âmes perdues et tourmentées. 

 Arrivée au Centre de Détention de Valombre, un gardien l'accueillit et lui expliqua brièvement les règles de sécurité. L'endroit était intimidant, les murs hauts et les portes métalliques renforçaient l'impression d'enfermement. Après quelques minutes, on la conduisit dans une petite pièce sobre et sans fenêtre, où elle aurait ses consultations. Les murs nus, le bureau simple, et deux chaises en face à face... rien de chaleureux. Mais c'était son espace, et elle comptait en faire un lieu de confiance pour ses patients.Sa première séance approchait, et on lui annonça le nom de son premier patient : Saoud Belkacem. Accusé de trafic de drogue, récidiviste, au passé difficile et au comportement imprévisible. Elle n'en savait pas plus, mais chaque détail qu'on lui donnait semblait assombrir un peu plus l'image de l'homme qu'elle allait rencontrer.

 La porte s'ouvrit, et Saoud entra, escorté par un garde. Grand, le regard intense, il dégageait une aura mystérieuse qui mettait Fatima sur ses gardes. Elle se redressa, essayant de maintenir son calme et sa posture professionnelle. Leur regard se croisa, et Fatima sentit un frisson la parcourir. Il s'assit face à elle, les poignets attachés.

 — Vous êtes ici pour quoi, exactement ? lança-t-il d'une voix grave et froide, sans attendre de formalités.Fatima prit une inspiration discrète, décidée à ne pas se laisser intimider. 

 — Je suis ici pour vous écouter, répondit-elle calmement. Mon rôle est de vous offrir un espace où vous pouvez parler librement, sans jugement.Il la fixa un instant, une lueur de défi dans les yeux, avant de détourner le regard. 

 — Vous croyez vraiment que parler, ça change quelque chose ?Fatima ressentit un mélange de compassion et de défi. Elle savait que son métier serait difficile, et cette rencontre confirmait ses attentes. Elle garda son calme, prête à lui montrer qu'elle ne reculerait pas. 

 — Parfois, oui. Parfois, cela aide à se comprendre, même si ça ne change pas tout.Le silence qui suivit fut lourd, mais elle le respecta. C'était à lui de décider s'il souhaitait entrer dans cet échange. Après quelques secondes, il murmura d'un ton bas :— Vous ne savez rien de moi. 

 — Justement, je suis ici pour apprendre, répondit-elle en esquissant un léger sourire. 

 Au fond d'elle, Fatima savait que cette première rencontre serait décisive. Derrière cette attitude fermée, elle devinait des douleurs profondes, des histoires qu'il cachait, peut-être même à lui-même. Mais ce qu'elle n'aurait jamais pu prévoir, c'était l'attirance subtile et troublante qui, dès ce premier regard, semblait les lier d'une manière qu'elle n'aurait jamais imaginée.Ce jour-là, une porte s'était ouverte, une porte vers l'âme d'un homme énigmatique et vers des sentiments qu'elle n'avait pas encore conscience de ressentir.