Hey, tu t'es déjà demandé une fois ce qui se passerait si du jour au lendemain, tu perdais un proche ?
Mais bien sûr, on l' a tous fait. On a tous déjà pensé à ce qui se passera si on perdait un être aimé. Certains ont dit qu'ils verseraient des larmes, d'autres qu'ils ne réagiront pas, d'autres encore qu'ils ne sauraient pas comment réagir.
Ouais, je crois que la bonne réponse, c'est la dernière. Je ne crois pas qu'il soit possible de savoir comment nous allons réagir tant que nous ne serons pas dans la situation. Et là, je crois que c'est en ce moment qu'on sait véritablement la réaction qu'on aurait eu.
La mort... C'est l'une des rares certitudes dans l'existence. On va tous mourir. Ça peut être aujourd'hui, demain, dans un mois, un an ou même dans quelques secondes. Personne ne sait exactement quand. Mais la faucheuse ne rate jamais cible. On ne peut éternellement lui échapper. Mais c'est la mort qui donne à la vie la valeur qu'elle a. Personne ne saurait l'importance de la vie, si on ne mourrait pas. Malheureusement, ce n'est toujours qu'au moment où on les perd qu'on se rend compte à quel point, ils étaient importants.
J'ai perdu beaucoup de gens importants. La vie me les a repris. Je l'ai ai toujours aimé même si je n'ai jamais su leur dire. Mais je crois qu'ils le savaient tous et que du haut des cieux, ils ne me pardonnent.
Je disais à mes potes que je n'allais pas réagir si je perdais quelqu'un. J'aurais mieux faire de me taire. Frère, j'ai pleuré comme je n'avais encore jamais pleuré. Même lorsque je forçais mes larmes à s'arrêter, elles s'écoulaient par les plaies de mon coeur et traversaient la fragile barrière de mes paupières. Frère, je pleure à l'instant où j'écris ces mots.
J'ai perdu ma grand-mère
C'est la deuxième fois de manière consciente que je croisais la mort. La première ne me concernait pas, je n'y ai pas prêté attention. Lorsque la maison du voisin est en feu, on paresse mais lorqu'on est concerné, on change tout de suite d'attitude, n'est ce pas ?
J'ai toujours su qu'elle était âgée mais je me disais au fond de moi, qu'elle avait encore de beaux jours devant elle. Chaque fois que nous passions nos vacances chez elle, nous étions traités comme des rois. Que dis-je ? Même les rois n'étaient pas aussi bien lotis que nous. Le jour où la nouvelle nous est parvenue, j'ai entendu pour la première fois ma mère pleurer. Je n'ai pas toujours été un garçon poli et sage, que ma mère et Dieu me pardonnent, mais ce jour là, j'ai eu peur. J'ai toujours vu en mes parents des forces de la nature que rien ne peut ébranler. Mais voir ma mère pleurer, je me suis senti vulnérable de la voir aussi vulnérable. J'ai eu peur. Je me suis demandé ce qui n'allait pas. Je l'ai su quelques minutes plus tard et j'ai pleuré. Je pensais avoir épuisé mes larmes quand devant son corps je n'ai pas flanché. Mais lorsque j'ai vu son cercueil descendre dans ce trou obsur qui dorénavant allait être sa demeure, j'ai fondu de nouveau en larmes. Je crois qu'au fond de moi, je me suis dit que c'était une blague, qu'au dernier moment, elle allait se réveiller et nous sourire avec gentillesse, l'air de dire : "Je vous ai bien eu, hein". Nous aurions tous pleuré de soulagement et elle se serait excusé de nous avoir fait paniqué pendant que nous lui aurions dit à quel point nous avions eu peur. Mais, lorsque ma main tremblante a versé la terre sur son cercueil, j'ai encore laissé des larmes couler. La maladie avait fait son oeuvre, la mort a récupéré son dû en laissant nos joues plus froides que l'eau laissée à l'air libre en plein harmattan.
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Quelques instants avant l'aube
Poetry"Quelques instants avant l'aube" est un recueil de pensées nocturnes, de confidences murmurées à la lueur des dernières étoiles. Entre rêves éveillés et réalités, ces fragments de vie explorent les émotions brutes, les souvenirs inachevés, et les am...