Les Ombres du Cirque Éternel

Chapitre 2 : La Rencontre avec l'Envoûtant Maître du Cirque

L'air du soir était encore chargé de l'étrange mélange d'encens et de cire fondue qui imprégnait le chapiteau. Alana se sentait transportée, comme si le monde extérieur s'était estompé, remplacé par cet univers où les règles de la réalité semblaient malléables, soumises à une magie aussi ancienne que la nuit elle-même. Tandis que les lumières tamisées du chapiteau se dissipaient, elle s'aperçut que ses pensées revenaient sans cesse vers Azriel, le maître du cirque. Ses gestes et son regard avaient une emprise envoûtante sur elle, et elle avait l'impression que chaque mouvement, chaque parole de cet homme, était destiné à percer les secrets les plus enfouis de son cœur.

Tandis que la foule se dispersait, Alana sentit un élan irrépressible la pousser à rester. Lisa l'observa, amusée mais un peu lasse, et décida de partir en lui lançant un dernier regard de reproche taquin. « Ne reste pas trop longtemps dans ce rêve, Alana, il pourrait finir par te happer pour de bon. »

Mais Alana n'entendit qu'à peine ses paroles. Son regard fixait un point invisible dans l'ombre, là où Azriel avait disparu quelques instants plus tôt. Les autres spectateurs étaient presque tous partis, mais une poignée de personnes, des curieux comme elle, se tenaient encore là, fascinés, comme si ce lieu exerçait sur eux une sorte de magnétisme silencieux.

Alana fit quelques pas, hésitant entre la prudence et l'irrésistible envie de s'approcher. À mesure qu'elle avançait, elle se retrouva devant une porte de velours noir, qui semblait être la frontière entre ce qu'elle connaissait du monde et un territoire inconnu, un domaine où les ombres étaient vivantes et la magie réelle. Elle tendit une main tremblante pour écarter le tissu, sentant son cœur battre la chamade dans sa poitrine.

La salle derrière le rideau était plongée dans une semi-obscurité, éclairée seulement par des chandelles qui projetaient une lueur douce et vacillante. Les artistes du cirque semblaient y déambuler, chacun dans son monde, s'affairant silencieusement ou chuchotant entre eux. C'étaient des silhouettes étranges, éthérées, aux costumes chatoyants et aux masques mystérieux, comme s'ils étaient des fantômes figés entre deux dimensions. Alana avait l'impression d'avoir pénétré dans une assemblée secrète, un lieu réservé à ceux qui savaient que la réalité n'était qu'un mince voile.

Son regard se posa alors sur une silhouette qui se tenait légèrement à l'écart, adossée contre une poutre de bois recouverte de riches broderies. C'était Azriel. Il paraissait perdu dans ses pensées, ses longs doigts effleurant machinalement une pierre sombre suspendue à son cou. Sa présence était à la fois fascinante et intimidante, comme un rappel de forces anciennes, invisibles, qui dépassaient l'entendement humain. Alana sentit sa gorge se serrer d'émotion et d'appréhension.

Tandis qu'elle s'efforçait de ne pas paraître intimidée, Azriel leva soudain les yeux dans sa direction. Il la fixait maintenant, son regard si intense qu'elle eut l'impression qu'il perçait jusqu'au fond de son âme. Ses yeux, d'un gris métallique, brillaient d'une lueur presque surnaturelle, un éclat qui semblait capable d'hypnotiser et d'effrayer à la fois. Alana sentit le temps ralentir, figé dans cet échange muet. Elle se rendit compte qu'elle s'était retenue de respirer, comme si elle craignait de rompre le sortilège que ce moment semblait sceller.

« Que fais-tu ici ? » demanda-t-il d'une voix basse et mélodieuse, qui semblait traverser l'air comme une mélodie ensorcelante.

Alana sentit ses joues s'enflammer. Elle ouvrit la bouche, cherchant ses mots, mais elle se rendit compte qu'elle n'avait pas de réponse raisonnable. Pourquoi s'était-elle avancée jusqu'ici, au risque de paraître intrusive ou même ridicule ? Pourtant, dans son cœur, elle savait que cet homme exerçait sur elle une attraction puissante, inexplicable.