Chapitre 2 : Les Premiers Pas vers l'Autre

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Les jours qui suivirent leur rencontre se déroulèrent dans une sorte de douceur imprévue. Cherif et Clara se croisèrent plusieurs fois, souvent par hasard, comme si le destin, invisible mais persistant, avait décidé de les lier. Au début, leurs échanges étaient timides, hésitants, comme si chacun des deux avait peur de déranger l'autre. Pourtant, quelque chose d'inexplicable les attirait l'un vers l'autre, une curiosité qui, à chaque rencontre, semblait se renforcer. 🌿

Au début, ce n'étaient que des paroles simples. Des échanges sur des banalités : la météo, les livres que Clara venait de terminer, les derniers films que Cherif avait vus. Mais derrière ces conversations légères, il y avait des non-dits, des silences pleins de sens, où chacun cherchait à comprendre l'autre sans oser s'avancer trop vite. Cherif était souvent réservé, préférant écouter plutôt que parler. Il avait appris à se protéger avec le temps, à ne pas trop dévoiler de ses émotions, de ses faiblesses. Mais Clara, avec sa nature ouverte et bienveillante, arrivait, malgré elle, à faire fondre cette carapace. Parfois, elle le surprenait à sourire sans raison, à se perdre dans ses pensées lorsqu'elle le regardait. 😌

Clara, de son côté, était tout aussi en quête de quelque chose. Elle n'avait jamais cru en l'amour au premier regard, mais il y avait quelque chose de particulier chez Cherif. Ses silences ne l'effrayaient pas. Elle les comprenait. Peut-être, au fond, l'attirait-il non seulement pour sa douceur, mais aussi pour ses blessures silencieuses qui, de manière étrange, résonnaient avec les siennes. Cependant, une peur l'habillait parfois, celle de s'attacher à quelqu'un qui pourrait, comme sa mère, disparaître un jour. Elle n'osait pas encore se confier complètement à Cherif, ni même lui révéler la profondeur de ses blessures. Après tout, comment parler de cette douleur qui semblait n'avoir ni début ni fin, sans effrayer celui qui semblait déjà si fragile dans sa propre souffrance ? 💔

Les premières fois où ils se retrouvèrent seuls, les conversations devenaient plus profondes, mais jamais totalement complètes. Clara parlait de sa mère avec une tendresse infinie, des souvenirs qu'elle chérissait et qui la faisaient sourire entre deux éclats de tristesse. Cherif, quant à lui, évoquait son père de manière évasive, plus pour apaiser ses propres tourments que pour partager réellement. Il n'était pas encore prêt à se dévoiler entièrement. Pourtant, chaque mot échangé les rapprochait lentement, de manière imperceptible. 🌙

"Tu sais, j'ai toujours cru que la vie, c'était un peu comme un livre," dit Clara un jour, tout en feuilletant un roman qu'elle venait d'acheter. "Il y a des chapitres qu'on ne peut pas sauter, même s'ils sont douloureux. Et puis il y a ceux qui arrivent sans qu'on les attendent. Ceux où tout semble prendre sens."

Cherif, assis à côté d'elle, regardait ses mains. Il n'osait pas lui répondre tout de suite. Il avait l'impression qu'elle parlait non seulement des livres, mais aussi de leurs vies, de ce vide qu'ils portaient en eux et qu'ils essayaient de remplir. "C'est vrai," murmura-t-il, "mais parfois, on n'a pas envie de lire les chapitres difficiles. On préfère les oublier."

Clara le regarda alors, un peu surprise, mais aussi émue. Ce n'était pas juste des mots. Il y avait quelque chose dans sa voix, dans son regard, qui en disait bien plus. "Tu n'as pas besoin de les oublier, Cherif," répondit-elle doucement. "Il suffit de les accepter, de les comprendre. C'est comme ça qu'on avance."

Les paroles de Clara résonnèrent dans l'esprit de Cherif, comme un écho qu'il n'arrivait pas à chasser. Et, sans vraiment s'en rendre compte, il commença à abaisser sa garde. Ces moments de vulnérabilité partagée lui donnaient un sentiment étrange, mais agréable, comme si, peut-être, il pouvait se permettre de croire à une forme de complicité, à une forme de lien véritable. Mais, en même temps, des doutes l'envahissaient. Comment pourrait-il vraiment se laisser aller à cette relation naissante, quand il savait que ses propres blessures étaient encore trop profondes pour être pleinement guéries ? 💭

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