Prologue.

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Aleena

30 Août 2010, Gulf Islands, Canada.

— Aie ! Hurla Rory.

Il finit par rendre la pareille à notre ami. Arès tente de l'esquiver, mais l'oreiller qui vient de traverser la pièce à toute vitesse s'écrase sur son visage. Une trace rouge se forme sur sa joue. Je reste assise au bord du lit, Selena, Jude et moi contemplons cette scène hilarante.

— Tu te réveilleras plus tôt la prochaine fois. Se plaint Jude.

Le blond finit par plaquer sa main sur son visage en réalisant sa bêtise. Un silence glacial s'installa, personne n'osait parler de ce que nous nous apprêtions à vivre. Selena posa sa tête sur mon épaule, quant à Arès, il se contenta de la fusiller du regard.

Il peut être bête quand il s'y met.

— En effet, il n'y aura pas de prochaine fois. Balance Selena, les larmes aux yeux.

Rory se lève brusquement en réajustant son pantalon trop grand pour lui. Ses cheveux crépus sont bien coiffés. Pour une fois. On dirait presque qu'il est sérieux.. Même si celui-ci était plus préoccupé par les bétises que par ses notes.

Quatre semaines, si peu de temps et pourtant, nous nous connaissions comme les cinq doigts de la main.

Arès et sa bienveillance, ses cheveux bruns et beaucoup trop doux aussi. Rory et son humour. Pas toujours drôle. Selena, et sa gentillesse. Sa beauté aussi. Jude et son manque de tacte. Sans oublier sa passion pour les déguisements.

Et puis moi.

Je ne sais pas réellement comment on pourrait me définir...à vrai dire, c'est assez compliqué car je n'ai jamais été accepté à cause de ma différence physique assez flagrante. Sauf ici, avec eux.

— Bon, maintenant que tout le monde est prêt, on ferait mieux de sortir avant de se faire disputer. Annonça Jude.

— Laisse nous pleurer sur notre sort. Proteste Rory.

Selena et moi nous accordons un regard complice avant d'exploser de rire. Même dans un moment pareil, nous parvenons à rire. Tous ensemble.

— Au secours ! Je crois qu'il y a une araignée sur moi !

L'annonce de rory suivi de ses nombreuses tentatives pour faire fuir la bestiole font redoubler nos rires. Jude et Arès se plient en deux en se tenant le ventre.

Soudainement, l'agitation cesse à l'arrivée de notre animatrice.

— Prenez vos affaires, on rentre pour Seattle, l'avion est dans très peu de temps.

Toute la légèreté de nos rires dans la pièce retombe, laissant place à une angoisse pesante. Moi qui ne voulais pas assister à cette colonie de vacances, loin de mes repères. Je pensais subir les moqueries, mais finalement j'ai rencontré les meilleures personnes. Et surtout, je suis tombée amoureuse. Comme dans les livres que me raconte Selena. Les parents disent souvent que lorsqu'on est jeune on ne sait pas réellement ce que c'est. Mais je suis sûr de moi. Je l'aime tellement que j'ai l'impression que mon coeur va exploser a chaque fois qu'il a ce petit sourire. J'adore sa façon de me regarder en pensant que je ne le vois pas.

J'ai l'impression d'être jolie à ses côtés. Pas comme les autres garçons qui préfèrent les brunes. C'est vrai, moi aussi je trouve ça plus jolie.

Il a attrapé ma main pour me sortir de la pièce. Ce contact me fait toujours sourire.

Mon regard s'attarde sur notre chambre à présent vide, même si fille et garçon étaient séparés, on passait la majeure partie du temps ensemble, jusqu'à l'heure du coucher. On faisait rire les animateurs.

Nous jetons tous un dernier regard à la chambre aux tons froids depuis qu'il n'y a plus de signe de vie. Les draps sont propres et refaits, aucun vêtement ne traîne au sol. Pas de bonbons cachés sous l' oreiller, même s'ils finissaient par être confisqués.

— Ce n'est pas fini, on reste tous en contact. Me rassure Arès en frottant sa main dans mon dos.

— C'est clair ! Ajoute Selena en me prenant dans ses bras.

Un câlin de groupe se fait ressentir. Nous profitons de cette sensation temps qu'il en est encore temps.

A quatorze et quinze ans, on ne sait jamais de quoi la vie est faite.

***

Les adieux se sont éternisés avec Arès malgré que tous nos amis soient déjà partis, ou presque. Jude nous a quitté en nous disant " À un de ces jours les amoureux". Facile à dire quand les deux habitent dans la même ville. Ici même, à Seattle. Tandis que Rory et Selena habitaient à Surrey, puis moi à Vancouver. Mon esprit divague et quelque chose me turlupine. Je ne sais toujours pas comment me définir.

— Dis moi Arès, comment est-ce que tu me définis ?

— Pourquoi cette question ?

— Pourquoi est-ce que tu réponds par une autre question ? Je râle en levant les yeux au ciel.

Son sourire narquois me taquine et m'insupporte autant que son air d'ange.

— Tu viens toi-même de le faire.

Il dépose un baiser sur ma joue et se décide enfin à répondre.

— Je te définirais comme une fille avec beaucoup d'ambitions et qui va accomplir ses rêves parce qu'elle est talentueuse.

Sa référence à mon métier de rêve me fait fondre de l'intérieur. C'est le seul à qui je me suis confié sur mon rêve et qui m'a soutenu.

— Et physiquement ?

— Une jolie rousse avec des yeux à couper le souffle. Tu es vraiment belle.

Je fini par l'enlacer si fort qu'il peine à respirer. Il s'éloigne de moi pour planter son regard noisette dans le mien.

Il m'a embrassé lors d'une soirée ou nous jouons à action ou vérité, depuis il n'a plus recommencer. J'ai l'impression qu'il va déposer ses lèvres sur les miennes, pourtant quelqu'un nous interrompt. Il est tiré en arrière par ce qui me semble être ses parents. Ils se débat avant de négocier une minute supplémentaire puisqu'il revient vers moi.

— Je suis désolé, ils sont un peu chiants, je te souhaite un bon retour chez toi. Ah, et j'oubliais, fonce championne.

Il me sert une dernière fois dans ses bras, j'ai tout juste le temps de mémoriser son parfum une dernière fois avant qu'il s'éclipse. Au loin je l'entend me dire :

— On se reparle vite !

Je fais demi-tour, je ne veux pas le voir s'éloigner. C'est avec la boule au ventre et la gorge nouée que je rejoins mes parents. Je traîne des pieds pendant qu'ils me posent un tas de questions pour savoir si je n'ai pas eu d'ennui. La réalité en est bien différente, mais au moment où je ressens ce vide me submergé, je crois que j'aurais préféré les moqueries.

15 jours plus tard.

Il m'a menti.

Il m'a trahi.

Selena, Rory et moi sommes toujours en contact. Jude continuait les premier jours mais on dirait bien qu'il a choisi de suivre les pas d'Arès qui, lui, ne donne plus de signe de vie depuis le jour où nos chemins se sont séparés.

Ce que je craignais est arrivé et je me sens bête. Je le croyais réellement, et ça m'étonne de lui qu'il m'ait menti. Peut être que ce qu'il m'a montré de lui durant ces quatres semaines n'était qu'une façade. Peu importe, le résultat reste le même.

Selena, les histoires dans tes livres n'existent pas.

Les princes charmants n'existent pas.

Si je tombe Où les histoires vivent. Découvrez maintenant