Si je tombe

Chapitre 1

Aleena

7 ans plus tard.

20 Septembre 2017.

Le pied dans l'étrier, je bascule sur le dos de mon cheval bai. Sa robe marron est encore brillante, mais son pelage d'hiver ne tardera pas encore longtemps avant de s'installer. J'ai pris soin de m'équiper de mon air bag. J'ai déjà fait de violente chute, même si lors de ma jeunesse j'étais insouciante, à vingt et un ans, la perspective des choses évoluent.

J'écoute attentivement les conseils de ma coach. Les compétitions arrivent à grands pas et nous devons absolument nous tenir prêts. Après une suite de qualification lors de la saison, avec un peu de chance je pourrais partir en championnat. Et pourquoi pas à l'étranger. Je ne cesse de repousser mes limites depuis quelque temps, mais j'ai une soudaine peur de rêver un peu trop. Trop grand, trop loin.

— Avec Boycie, tu as tendance a faire des georgettes, pense bien à compter tes foulée.

Elle a raison, en effet, je veux toujours passer l'obstacle avant mon cheval, je finis par retomber sur l'encolure, ce qui provoque notre déséquilibre. Je ne peux pas me permettre ce genre d'erreur lors d'un parcours à plus d'un mètre trente de hauteur.

Je ne quitte pas mon obstacle des yeux. En apnée totale, je parviens à sauter sans ce fichu défaut, ce qui me vaut les félicitations de ma coach. J'enchaine par la suite un doublée. Le problème de cette combinaison est qu'il y a des foulées bien précises. Il faut viser le centre de l'obstacle, si on entre mal dans le doublé, on peut être sûr de ressortir en faisant tomber une barre. Chaque barre tombée vaut 4 points de pénalité.

— Redresse-toi ! Hurle ma coach à l'autre bout de la carrière.

Je m'exécute sur le champ, alors que nous sortons indemne de ce parcours, je n'oublie par la caresse sur l'encolure de mon cheval.

— C'est très bien pour aujourd'hui, vous avez tout les deux besoin de repos.

J'acquiesce sans oublier de la remercier pour ses conseils si précieux. Moi-même étant coach pour certaines cavalières, il est important d'apporter un regard extérieur à notre monte.

Une fois seule, j'expire bruyamment, laissant échapper le stress accumulé. Je retire mes pieds des étriers puis descend délicatement. En tournant la tête vers l'estrade, je sursaute face à une présence que je n'avais pas remarquée.

— Selena ? T'es là depuis combien de temps ?

— Depuis le début, je t'ai pris en vidéo !

Oh...

Si seulement elle savait que je déteste me voir monté.

— Merci. Répliqué-je à la place.

Nous nous dirigeons vers l'écurie afin que je retire les équipements de mon cheval pour le remettre dans son champ avec le reste du troupeau.

— Tu es au courant ?

Je fronce les sourcils en attendant la suite. J'incline ma tête en espérant qu'elle arrête de tourner autour du pot.

— Rory à dix mille abonnées sur sa chaîne !

Je saute de joie, fière de lui. J'imagine déjà l'état dans lequel il doit être. Je continue de m'occuper de mon cheval, le sourire aux lèvres. Nous continuons de parler pendant plusieurs minutes avant de rentrer chez moi. Grâce à mes parents ainsi que du travail acharné, je possède ma propre écurie, chez moi. Fini, les aller retours, tout est à proximité.

— Laisse-moi deviner, il veut qu'on fête ça ? Je demande en avalant un gorgé de limonade alors que je suis accoudé sur le petit plan de travail. A défaut d'avoir tout misé sur l'écurie, je n'ai pas la plus belle maison. Peu importe car je suis plus souvent à l'extérieur. Je n'aime pas être enfermée, encore moins seule. La voix de Selena me fait revenir à la réalité.