Mariage arrangé • woosan

1

Un mariage n'est pas une fin en soit. Un mariage peut être le début d'une histoire, un commencement de toute nouvelles choses. L'union de deux âmes, prêtes à s'aimer pour l'éternité. Du moins, c'est ce que j'aime à croire. J'ai souvent rêvé de mariage plus jeune, comme sûrement beaucoup d'autre enfants, je me demandais à quoi cette personne ressemblerait, quelle serait sa personnalité, mais surtout, la manière dont elle m'aimerait. Mais je n'avais certainement pas l'image que me renvoie mon « mari » actuellement. Ou plutôt, ce que je ne peux voir.

— Il est sorti tôt ce matin monsieur Jung.

Encore.

Un long soupir m'échappe lorsque je m'avachi contre la chaise de la salle à manger. La domestique me lance un sourire désolé avant de repartir pour la cuisine. Elle n'a pas à être désolée, ce serait plutôt à lui de l'être. Nous avions une semaine pour apprendre à nous connaître, commencer à prendre nos marques, mais voilà maintenant quatre jours que nous sommes mariés, et je peine à croiser la route de mon très cher mari. Il sort tôt le matin, rentre tard le soir, à faire on ne sait quoi avec on ne sait qui. J'ai bien compris que toute cette histoire de mariage n'avait aucune importance à ses yeux, mais ce n'est pas mon cas, et ce n'est pas le cas de ma famille. C'est sur moi que tout repose.

Mon téléphone vibre sur la table, je le prends et vois un message de Mingi apparaître sur mon écran. Je n'ai même pas le temps de finir de le lire que la sonnette résonne dans la grande maison vide. Je me lève machinalement et vais rapidement ouvrir la porte. Les cheveux blonds de Mingi entrent dans mon champ de vision, ainsi que son grand sourire.

— Bon week-end mon cher Woo.

Il lève son bras, un sac plastique entre les doigts, et vu le bruit qui s'échappe de celui-ci, je comprends très vite qu'il a apporté à boire. Mon sourire prend naturellement place sur mon visage, j'avoue que j'ai bien besoin de ça, je commençais à devenir fou. Cette maison est trop grande, trop vide, et bien trop solitaire.

— Comment tu savais que j'avais besoin de ça ? Rigolais-je en le laissant entrer.

— Parce que je te connais comme si je t'avais fait.

Ses paroles m'apaisent, non seulement parce qu'il a raison, j'ai vraiment besoin de ça, mais particulièrement parce que ça me fait plaisir de pouvoir parler avec quelqu'un dans ma langue maternelle. Mingi a déménagé de Corée aux États-Unis pour ses études il y a quatre ans de ça, c'est après trois ans qu'il a décidé de faire une reconversion dans la même branche que moi. On s'est très vite entendu étant très peu de personne à parler coréen, ça a tout de suite marché entre nous deux.

Une fois entré, je lui fais un rapide tour de la maison, puisqu'il ne l'a toujours pas vu. Il faudrait peut-être que j'invite ma famille pour leur montrer que je suis bien installé désormais. En même temps je n'avais que ça à faire donc c'était plutôt rapide.

— Alors, commence-t-il en s'asseyant sur le canapé, tu as pu faire la connaissance de ton cher et tendre mari ?

Il accentue ses propos d'un haussement de sourcils, et le terme employé me fait rire amèrement.

— Déjà tu peux être sûr que du peu que je connaisse de lui, il est loin d'être tendre.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

— Je veux dire que je l'ai plus vu au mariage que depuis qu'on vit ensemble, et la seule fois où il m'a adressé la parole c'était pour me faire comprendre qu'il n'allait pas faire d'effort dans notre mariage.

Mingi hausse un sourcil en nous servant deux verres.

— Et t'acceptes ça ?

— C'est pas vraiment comme si j'avais le choix.