CHAPITRE 1

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Chapitre 1 : Les deux rivaux.

La campagne autour de la ferme des Kateb s'éveillait sous le soleil matinal, tandis que Gustave, à peine dix-sept ans, entamait sa journée de travail. Cela faisait des années qu'il suivait le même rituel, s'efforçant de soulager ses parents en s'occupant des tâches quotidiennes, sans jamais se plaindre. Dans cette famille modeste, chaque main comptait, et même si Gustave n'avait pas eu la liberté de choisir une autre vie, il savait que sa place était ici, au milieu des champs, aux côtés de ceux qu'il aimait.

Gustave était en train de verser des grains dans l'enclos des cochons, observant distraitement les bêtes patauger dans la boue, lorsqu'un bruit de moteur déchira le calme. Il tourna la tête et aperçut, au loin, Olivier Flament sur son quad dernier cri, arrivant à toute allure. Le jeune fermier soupira d'exaspération. Il n'avait même pas besoin de voir de plus près pour deviner ce que cela signifiait. Ce genre de visite n'augurait jamais rien de bon.

Olivier et lui étaient des opposés complets. Là où Gustave devait travailler dur chaque jour pour aider ses parents à subvenir à leurs besoins, Olivier n'avait jamais connu de privation. Fils unique de l'un des hommes les plus riches de la région, il passait ses journées à chercher des moyens de tuer le temps, et la campagne n'était pour lui qu'un immense terrain de jeu.

Olivier fit crisser les pneus de son quad en arrivant tout près de l'enclos, éclaboussant volontairement la boue autour de lui. Gustave resta immobile, fixant son voisin avec des yeux durs, prêt à réagir au moindre mot désagréable.

« Salut, le fermier ! » lança Olivier en se penchant nonchalamment sur le guidon de son quad. Un sourire narquois étirait ses lèvres, et ses yeux pétillaient d'un éclat provocateur.

Gustave soupira et détourna le regard, retournant à son travail sans prendre la peine de répondre. Il savait pertinemment qu'Olivier cherchait juste à l'énerver, et il n'avait aucune envie de lui faire ce plaisir.

Mais Olivier n'était pas du genre à se décourager facilement.

« Eh, tu sais que les cochons, c'est pas censé sentir aussi mauvais ? C'est quand la dernière fois que t'as nettoyé cet endroit ? » lança-t-il d'un ton sarcastique, en se pinçant le nez pour en rajouter.

Gustave fronça les sourcils et lui jeta un regard glacé. « Qu'est-ce que t'en sais, toi, de comment on s'occupe des cochons ? Tu as jamais fait de vrai travail de ta vie. »

Olivier éclata de rire. « Un vrai travail ? Comme toi, qui passe ta journée à patauger dans la boue avec tes bestioles ? Merci, mais non merci. Moi, j'ai mieux à faire. »

Un éclat de colère traversa le regard de Gustave, mais il prit une profonde inspiration pour se calmer. Il n'avait pas envie de se disputer, même si chaque mot d'Olivier le piquait comme une épine.

Olivier observa le visage de Gustave, satisfait de voir que ses mots avaient eu l'effet attendu. « Et puis, sérieusement, tu trouves ça normal, toi, de bosser autant pour... quoi, au juste ? Payer tes impôts, pour vivre dans une baraque qui tombe en ruine ? Tu sais, tu pourrais faire autre chose. »

« J'ai pas envie de faire autre chose. C'est ma maison, ici, que ça te plaise ou non, » répliqua Gustave, essayant de garder son calme. « Peut-être que pour toi, c'est rien, mais moi, je suis fier de ce que j'ai. »

Olivier leva les yeux au ciel, exagérant son expression de dédain. « Fier ? De cette... ferme ? » Il jeta un coup d'œil autour de lui, avec une expression de dégoût. « C'est ça, tes rêves, Gustave ? Passer le reste de ta vie ici, à trimballer des seaux de bouffe pour des cochons ? »

Gustave le fixa intensément. « C'est facile de se moquer quand t'as jamais eu besoin de te salir les mains, Olivier. Au moins, moi, je fais quelque chose d'utile. Toi, tu passes ton temps à tourner en rond, à jouer au riche... mais qu'est-ce que t'apportes, au fond ? »

La vie à la campagne [Doc X Lion]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant