Le lendemain, après une nuit agitée et peu reposante, Matthew se réveilla avec une fatigue pesante. Ses pensées l'avaient tourmenté, naviguant entre appréhension et souvenirs amers, ce qui l'avait empêché de trouver un sommeil paisible. Il resta un moment assis sur son lit, fixant le plafond dans la pénombre de la chambre, tentant de rassembler le courage nécessaire pour affronter cette journée.
Après avoir rapidement pris une douche, il enfila une tenue confortable et descendit en silence, ses colocataires encore endormis. Son cœur battait plus vite que d'habitude alors qu'il sortait du dortoir, direction la gare. Le bus l'attendait, prêt à l'emmener vers Changwon, sa ville d'enfance. Il hésita un instant, se demandant s'il était vraiment prêt pour ce voyage émotionnel, mais il finit par monter, sachant qu'il ne pouvait plus reculer.
Assis près de la fenêtre, il regardait défiler le paysage. La route, bien que calme et entourée de collines verdoyantes, semblait lourde de souvenirs qui l'assaillaient peu à peu. Le paysage lui rappelait des trajets similaires, assis à côté de son père, des souvenirs qui, même effacés par le temps, laissaient toujours une marque douloureuse en lui.
Matthew sentit ses mains trembler légèrement, symptôme qui s'éveillait dès qu'il repensait à ces moments. Il se souvenait des mots tranchants, des réprimandes et des cris qui avaient ponctué son enfance. Son père n'était pas seulement autoritaire ; il était dur, rigide, parfois cruel. Chaque erreur, chaque imperfection était une raison de plus pour le rabaisser, pour lui rappeler qu'il n'était jamais à la hauteur des attentes. Au fil du temps, ces mots avaient fini par s'imprimer en lui, marquant sa confiance d'entailles invisibles mais bien réelles.
À quelques reprises, les disputes se transformaient en quelque chose de plus physique. La peur qu'il ressentait alors, il la revivait parfois dans ses cauchemars. Ces images, ces bruits résonnaient encore en lui, comme des échos lointains mais indélébiles. Il ferma les yeux, tentant de calmer le frisson qui le parcourait. Il savait que ce voyage l'exposerait de nouveau à cette part de lui-même, et il n'était pas certain de pouvoir gérer toute cette émotion d'un seul coup.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, les premiers immeubles de Changwon apparurent dans le champ de vision, déclenchant en lui un mélange d'appréhension et de nostalgie. En traversant les rues de sa ville natale, les souvenirs, à la fois doux et amers, revinrent en force. Il observa les devantures des magasins, les petites rues où il jouait enfant, et malgré lui, un sourire mélancolique étira ses lèvres. C'était étrange de se retrouver ici, après toutes ces années, avec ce poids au cœur mais aussi un sentiment de retour aux sources qu'il n'avait pas anticipé.
Le bus s'arrêta un peu plus loin, à quelques mètres de l'église où il se rendait souvent avec sa mère. Juste à côté, il y avait autrefois un carrousel, un lieu précieux qui lui avait servi de refuge pendant ses dimanches d'enfance. Il se souvenait des heures passées sur ce manège, de la douce sensation du vent qui jouait dans ses cheveux, des rires des enfants qui résonnaient autour de lui, et surtout du sourire bienveillant de Monsieur Gong, le propriétaire du carrousel. Cet homme avait toujours veillé sur lui avec une chaleur qui le réconfortait, lui offrant souvent un tour gratuit comme pour lui dire, sans mots, qu'il était le bienvenu ici.
Mais aujourd'hui, à la place du carrousel de son enfance, se dressait un manège mécanique plus moderne, destiné aux jeunes enfants. L'ancien carrousel, celui qui avait été une partie intégrante de ses souvenirs, avait disparu, remplacé par une structure bruyante. Matthew sentit une vague de tristesse l'envahir. Ce manège avait été un lieu de réconfort, un des rares où il se sentait libre, insouciant, loin des tensions de la maison.
Il se demanda ce qu'était devenu Monsieur Gong, cet homme qui avait toujours eu un sourire pour lui, comme s'il comprenait tout ce que l'enfant qu'il était à l'époque n'osait pas dire. Ce petit univers de musique et de lumière, il l'avait chéri. Voir cet espace vide de ce qui avait fait autrefois sa magie éveillait en lui une nostalgie poignante, une sorte de chagrin pour un passé qu'il ne pourrait jamais retrouver.
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The Merry-Go-Round
FanfictionIl y avait ce carrousel sur la place de l'église tous les dimanches, et Matthew aimait beaucoup les carrousels. Il aimait la douce sensation du léger vent qui s'entremêlait avec ses mèches à mesure que le manège tournait. Il aimait quand c'était dou...