NOUVELLE ÉCOLE

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À la rentrée, Matt fit sa rentrée dans une nouvelle école, un endroit encore inconnu, un peu effrayant, mais aussi plein de nouvelles promesses. 

Son regard se posa sur son maître, un homme grand et maigre, à la silhouette qui semblait s'être esquissée dans le temps. Il avait un regard sévère, presque impitoyable, et son visage marqué par les épreuves de la vie semblait raconter une histoire silencieuse, un peu comme un livre dont les pages étaient usées par les années. Il ne souriait pas souvent, et sa voix, grave et autoritaire, portait l'écho de l'ancienne école, celle où l'on respectait les règles avec rigueur, parfois avec une dureté qui faisait frémir les plus jeunes.

Ce maître-là n'était pas du genre à céder facilement, et s'il jugeait que la correction était nécessaire, il n'hésitait pas.

C'était un homme d'une époque révolue, et Matt, bien qu'il soit un peu intimidé au début, comprit assez rapidement que cet homme n'était ni bon ni mauvais, juste... exigeant. Une exigence qu'il finirait par apprendre à respecter.

Malgré les premiers jours difficiles d'adaptation, Matt parvint à se faire des amis, un nouvel ami surtout, Gilles. Ce dernier était un garçon simple, un peu réservé, mais toujours prêt à discuter et à partager.

Il y avait quelque chose de rassurant chez Gilles, un calme qui apaisait Matt et lui donnait l'impression de retrouver un peu de ce lien qu'il avait perdu avec ses anciens amis.

Ensemble, ils passaient leurs récrées à discuter, à jouer, ou simplement à être là, côte à côte, comme une petite île dans un océan d'incertitude.

La vie avec Céline et Victor, malgré tout, avait aussi trouvé une forme de stabilité. La maisonnette où ils vivaient ensemble, une petite chaumière en colombage, était sobrement équipée, mais elle offrait à Matt un sentiment de sécurité qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps. 

C'était une maison simple, mais chaleureuse, où chaque coin semblait respirer une douceur qu'il n'avait jamais connue. Le toit de chaume et les murs épais semblaient le protéger du monde extérieur, et à l'intérieur, une cheminée crépitait souvent, réchauffant l'atmosphère. Là, il avait trouvé un certain confort, un cocon qu'il appréciait, surtout les matins, quand la lumière filtrait à travers les rideaux et baignait doucement la pièce d'une lumière dorée.

Victor, quant à lui, restait toujours aussi attentif à eux. Il ne laissait jamais passer une occasion d'écouter, de rassurer, de répondre aux questions que Matt ou Fabien pouvaient poser. Il avait ce don de rendre les choses simples, de les expliquer avec calme, comme s'il voulait offrir à Matt et à son frère la certitude qu'ils n'étaient jamais seuls. 

Le matin, c'était lui qui préparait le petit déjeuner, et chaque matin, Matt pouvait compter sur ce qu'il appelait l'amandine, une sorte de bouillie à la poudre d'amandes qui le remplissait de douceur et d'énergie pour la journée.

C'était un petit rituel que Matt adorait, un peu comme un signe que, malgré les changements et la souffrance, il existait encore des choses simples et réconfortantes dans sa vie.

Matt, en y pensant, se rendait compte que, pour la première fois depuis longtemps, il se sentait bien, même si la douleur de la séparation persistait en arrière-plan, comme une ombre silencieuse. Mais il se laissait porter par cette stabilité nouvelle. Il avait appris à apprécier ces petits moments de calme et de sécurité, des instants qui, à force, finiraient par prendre plus de place dans son cœur que la tristesse et les incertitudes du passé.

Souvent, dans les moments de calme qui suivaient une longue journée, Matt se surprenait à penser que Victor était vraiment différent de son père, presque son exact opposé. Là où Dan semblait imposer sa présence par la force, avec des mots durs et des gestes parfois violents, 

Victor, lui, agissait d'une manière bien plus douce, mais non moins ferme. Bien sûr, il n'hésitait pas à remettre les enfants à leur place lorsque cela s'avérait nécessaire : un tirage d'oreille un peu plus ferme, une main qui pinçait une joue, ou bien un long sermon, interminable, où il leur expliquait l'importance de la discipline et du respect. Mais jamais, au grand jamais, il n'avait recours à la brutalité qui avait un jour marqué la maison de Dan.

Avec Victor, tout semblait plus mesuré, plus réfléchi, plus... humain.

C'était un homme qui savait faire la différence entre la correction et l'humiliation, qui savait que la patience et la pédagogie avaient plus de valeur que la colère.

Matt se sentait bien avec lui. Plus respectueux que son père, plus juste, et d'une tendresse qu'il n'avait jamais eue avec Dan. Quand il était avec Victor, il ne ressentait pas cette peur sourde qui l'accompagnait à chaque confrontation avec son père. Il savait qu'il pouvait compter sur lui, qu'il n'avait pas à redouter le moindre geste brusque, la moindre montée d'adrénaline.

Il y avait un calme presque apaisant dans la maison de Céline, un équilibre que Matt n'avait pas connu dans l'autre.

Bien sûr, rien n'était parfait, et même avec Victor, il arrivait parfois de faire des bêtises, de se chamailler avec Fabien, de faire du bruit. Mais tout était différent ici. La façon dont Victor gérait les choses, le regard rassurant de Céline, la chaleur de leur petite chaumière, tout cela apportait à Matt une sensation de sérénité qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps.

Et pourtant, malgré cette douceur, sa vie restait divisée en deux. Entre la maison de Céline, où il se sentait aimé et protégé, et celle de son père, où le vent du passé soufflait parfois encore, Matt apprenait à jongler, à se réadapter. 

Il savait que cette dualité serait toujours là, comme une ombre portée, mais il avait trouvé une forme d'équilibre. Un équilibre fragile, certes, mais un équilibre tout de même.

Chaque week-end, il partait de l'un pour retrouver l'autre, et bien que chaque transition soit toujours un peu douloureuse, il s'était résigné à cette vie partagée. Il n'était pas complètement heureux, mais il n'était pas non plus complètement malheureux. Il vivait, au jour le jour, entre deux mondes, cherchant à trouver sa place, à construire son identité malgré les fissures du passé.

La Vie d'un Garçon NormalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant