The Wolf On The Loose || TERMINÉE ||

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La salle était pleine à craquer mais je me sentais étrangement seule au milieu de tout ce monde. La musique, les rires, les conversations... Tout me paraissait lointain. Comme si le son était étouffé par une sorte de voile invisible. Autour de moi se tenaient des visages que je reconnaissais à peine. Je les voyais me fixer. Les regards curieux ou admiratifs, et des sourires calculés. J'étais la « survivante ». Celle qui avait réussi à surmonter les violences de Feliciano, une fausse couche et un crash d'avion. Ça en faisait des choses.
J'étais celle qui s'était perdue pour mieux revenir. Cependant, ce soir, ce n'était pas pour moi que les regards se tournaient.

Amélia, vêtue d'une robe ivoire qui accentuait la douceur de ses traits, était tout simplement rayonnante. Elle souriait timidement aux côtés de Lorenzo, ses joues rosies par l'émotion et aussi sa timidité d'être le centre de l'attention. Elle tenait Lorenzo par son bras, un geste simple mais qui révélait bien plus que des mots. Un engagement. Une promesse.

En les regardant, mon cœur se serrait. Ce mariage avait beau être arrangé, je voyais la tendresse dans les yeux d'Amélia ainsi que l'espoir qu'elle plaçait en Lorenzo. Alors qu'au début elle apparaissait incertaine, ce n'était plus du tout le cas aujourd'hui.
Elle semblait si sereine, si sûre de son choix, même si ce choix n'était pas vraiment le sien. Elle avait accepté ce destin par loyauté, par devoir envers sa famille et je respectais cette décision. Je prenais beaucoup sur moi.

Toutefois, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine amertume, un écho douloureux de mes propres fiançailles avec Lino. À l'époque, je n'avais pas eu ce choix, moi non plus. J'avais été jetée dans une union avec l'homme que je croyais être mon ennemi, un mariage qui m'avait brisée avant de me reconstruire.

Perdue dans mes pensées, je n'avais pas remarqué que Lino s'était rapproché de moi.

-Ça va ?

Je tournai la tête et plongeai dans son regard. Ces yeux qui avaient le don de me désarmer, même après tout ce que nous avions traversé.
J'hochai légèrement la tête, sans grande conviction et tentai de sourire. Mais Lino me connaissait bien. Trop bien. Il connaissait mes sourires et savait lire au-delà de mes masques. Ses yeux restaient fixés sur moi, perçants et inquisiteurs mais il respectait mon silence.

Je détournai le regard pour observer à nouveau Amélia et Lorenzo. Un rire s'échappait des lèvres d'Amélia, sincère et lumineux et je sentais une pointe de jalousie.
Pas envers elle, non. Évidemment.
Je lui souhaitais tout le bonheur du monde. Si quelqu'un le méritait autant, c'était bien elle.
Mais cette innocence, cette possibilité de croire en une histoire simple, en une vie sans trahisons ni mensonges... C'était quelque chose que je ne pouvais plus espérer.

Alors que je tentais de chasser ces pensées, un tintement de verre attirait l'attention de tous. Léo s'avançait, un sourire fier aux lèvres. Il levait sa coupe pour porter un toast aux fiancés. Sa voix résonnait dans la salle, forte et assurée, proclamant son bonheur de voir sa fille s'unir à Lorenzo.
J'observai les réactions autour de moi : des sourires polis, des applaudissements sincères, mais aussi quelques regards réprobateurs. La famille Cherto avait toujours des ennemis, et ces fiançailles n'allaient pas dissiper les rancœurs. Mais, c'était déjà un bon début.

Ces fiançailles étaient la promesse d'un avenir meilleur. Que les choses allaient changer pour le mieux et qu'on pourrait enfin oublier ce passé catastrophique commun.

-Je suis fier de vous accueillir ce soir pour fêter les fiançailles de ma fille, résonnait la voix de Léo. Je suis fier de toi, Amélia. Je ne pensais pouvoir être autant fier un jour dans cette vie.