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À la maison 11h22

Le bruit des casseroles qui s'entrechoquent dans la cuisine, les rires de mon petit frère, Ali, et les conversations feutrées de ma mère, Cheimaa, avec mes tantes au téléphone... Tout ça semble si normal, si ancré dans ma routine.

C'est le genre de soirée que j'ai toujours connu. La soirée typique chez les Bouzid. Pas de surprises, pas de mystères. Juste la chaleur de la maison, l'odeur du couscous préparé par ma mère, et les voix qui se mélangent dans la pièce, créant un cocon réconfortant.

Ali est toujours aussi bruyant, sa voix résonne dans toute la maison alors qu'il est affalé dans le canapé, jouant à un jeu vidéo sur son téléphone. Je le fixe un instant, le regard distrait.

À 16 ans, il a ce côté un peu insouciant que j'envie parfois, cette capacité à se laisser emporter par des choses simples sans se poser de questions sur le reste. Lui, il ne connaît pas ce genre de perturbation, ce genre de vide qui se crée dans ta tête sans que tu saches comment l'arrêter.

Ali: Même pas cap' de finir ce niveau avant moi !

il me lance d'un air provocateur, un sourire moqueur aux lèvres.Je rigole doucement, essayant de me sortir de mes pensées.

Moi: Tu crois vraiment que je vais perdre contre un gamin de 16 ans ?

Je le taquine, mais à l'intérieur, je n'arrive pas à ignorer cette étrange sensation qui m'envahit depuis quelques jours. C'est comme si quelque chose se passait sans que je puisse y mettre un terme. Un enchevêtrement de signes, d'impressions, de pensées qui surgissent sans prévenir.

Ma mère entre dans le salon, un plateau de couscous fumant entre les mains. Elle dépose l'assiette sur la table avec un sourire.

Ma mère : Vous allez encore rester là à jouer à des jeux toute la soirée ou vous venez manger ?

Sa voix est douce, mais ferme, comme toujours. Elle est voilée, comme d'habitude. Chaque mouvement qu'elle fait semble ancré dans une routine bien huilée, comme si elle avait toujours eu ce rôle de mère, ce rôle de matriarche qui guide tout, qui veille sur nous tous.

Ali se lève immédiatement, attiré par l'odeur du repas, mais je n'arrive pas à me détacher de mes pensées. Je m'assois à la table, observant ma mère qui commence à nous servir.

Elle me sourit en coin, son regard perçant comme toujours, comme si elle pouvait lire en moi sans que j'aie besoin de parler. C'est fou à quel point elle est intuitive, parfois même un peu trop. Elle sait quand quelque chose me tracasse, même si je n'en parle pas.

Ma mère : Tu es sûre que tout va bien, Tamara ? Tu sembles ailleurs.

Elle pose doucement la main sur la mienne, me fixant avec cette attention que j'ai toujours trouvée rassurante, mais aujourd'hui, un peu trop insistante.
Je m'empêche de rougir, mais je sais que je ne peux rien cacher à ma mère.

Moi: C'est juste le travail, maman, rien de plus.

Je m'efforce de sourire, mais je suis certaine qu'elle voit à travers moi. Elle sait que je n'ai pas été totalement présente ces derniers jours. Mais je ne peux pas lui parler de... lui. De cet Amine. Comment lui expliquer que cet homme, presque un inconnu, m'envahit l'esprit de manière incontrôlable ?Elle hoche la tête, mais son regard reste sur moi, scrutateur.

Ma mère : Si tu veux en parler, tu sais que je suis là. C'est important de ne pas garder tout pour soi.

Sa voix est douce, mais je sens dans ses mots un avertissement. Elle a cette façon de dire les choses, comme si elle savait exactement ce qui me traversait sans même que je le lui dise.Je la regarde, cherchant ses yeux, ces yeux marron foncés qui m'ont vue grandir.

L'amour au fil des jours Où les histoires vivent. Découvrez maintenant