CHAPITRE 6 | ALESSANDRO

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ALESSANDRO
Mallorca, Espagne

Dieu, que cette femme est belle.

Chaque fibre de mon être lutte contre l'envie de la toucher. Sa peau, douce comme une promesse inachevée, me hante encore. Je n'ai qu'un vague souvenir de la chaleur de ses joues sous mes doigts et l'odeur fruitée de son parfum qui me tourmente, me brouille l'esprit. Je suis comme un aimant, inexorablement attiré par elle, incapable de m'empêcher de la frôler quand elle est près de moi. Il y a quelque chose chez Amaya d'indéfinissable, d'écrasant.

Trois grains de beauté parsèment son visage, comme des constellations que je pourrais observer pendant des heures. Un autre orne son cou, à l'endroit exact où son pouls bat, visible sous sa peau fine. Et ses yeux... Ses pupilles marron tachetées d'or attrapent la lumière d'une façon presque surnaturelle. Ils brillent, hypnotiques, changeants, comme elle. Imprévisible et fascinant. Ses longs cils épaississent ce regard, et ses sourires, même furtifs, dessinent de petites rides de joie aux coins de ses lèvres. Ses pommettes, toujours rosées, qu'il fasse froid ou chaud, ajoutent à son charme une douceur juvénile.

Et moi... je suis foutu. Totalement foutu.

C'est pas bon. Pas bon du tout.

J'ai failli lui causer une commotion cérébrale. La vision de son corps, recroquevillé de douleur, prêt à s'effondrer sous le coup, m'a terrifié comme jamais. À l'instant même où son regard avait croisé le mien, j'ai su que j'étais cuit. Je m'en voulais tellement que j'aurais pu tout faire pour effacer la bosse horrible qui avait pris place sur sa tempe.

Et puis, cette tristesse dans ses yeux...

Elle était là dès notre première rencontre, mais pas aussi vive. Pas aussi... réelle. Amaya prétendait que tout allait bien, même quand elle ne tenait plus debout. Elle semblait presque honteuse qu'on veuille l'aider, comme si se montrer vulnérable la gênait. Mais elle aurait pu me repousser pendant des heures, je ne l'aurais pas lâchée. J'ai ce besoin de la protéger depuis que son corps a été si fragile entre mes mains.

Maintenant, une table nous sépare et seuls de légers échanges de regard permettent de maintenir ce fil étrange qui nous relie. J'ignore si c'est le contexte de l'été et de l'envie de tout lâcher qui me donne envie d'apprendre à la connaître, mais je suis foutrement intrigué par elle, putain. Après que les filles aient terminé de faire leurs ongles et que Travis soit arrivé, nous nous sommes installés sur la terrasse. Une légère musique résonne de l'enceinte de Jay tandis que les verres et les discussions s'enchaînent. L'énergie estivale se fait aisément ressentir par la brise légère qui nous caresse le visage et l'odeur salée de la mer, s'agitant pas très loin, nous titille les narines. Nous sommes illuminés par les fausses bougies allumées sur la table et les couleurs vives des coussins étalés sur les chaises en bois où nous sommes assis ajoutent une touche de gaieté à cette soirée. Quand mon ami m'a proposé de venir ici ce soir, un long moment d'hésitation m'avait contraint à refuser au départ. J'avais l'impression de m'incruster dans un groupe d'amis déjà formé depuis des années, je les connaissais à peine et l'idée de revoir Amaya m'angoissait pour une raison que je n'arrive pas à cerner. Une angoisse, oui, mais une angoisse agréable, ne promettant rien de bon pour mon cœur déjà cabossé. Puis finalement, Jay ne m'avait pas laissé le choix et armé de ses arguments me vendant une soirée sans prise de tête, remplie de souvenirs, de rires et de folie, il m'a convaincu. Las de ma solitude et de mes problèmes qui gravitent autour de ma tête, prêts à s'abattre sur moi à tout moment, j'ai cédé.

Clic.

Le son du déclencheur de l'appareil photo me sort de mes pensées et je lève la tête. Pour ne pas changer, Amaya tient entre ses mains son Olympus, mais contrairement à la dernière fois, ce n'est pas moi qu'elle immortalise. Elle photographie Lana et Jay, qui sont en plein toast, leurs visages illuminés par la joie. Jay taquine Lana sur sa nouvelle couleur de cheveux et le rire cristallin de la photographe résonne dans l'air. Il me frappe de plein fouet. Il est pur, sans filtre. Il me désarme, et malgré moi, je souris.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 18 ⏰

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