🥊Bölüm 1

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Le soleil frappait fort sur les rues de Istanbul, mais Gülay ne ressentait que la lourdeur de sa situation. Ce matin-là, elle errait dans les ruelles, son regard fuyant, scrutant les étals du marché. Elle n'avait pas d'argent, rien à vendre qui vaille. Ses vieilles affaires ne suffiraient jamais. Les ruelles bourdonnaient d'activités, mais pour elle, c'était une lutte quotidienne pour survivre.

Ses pieds la guidaient machinalement jusqu'à un petit marché, là où des hommes vendaient des téléphones usagés. Elle avait vu le prix. 7 305,26 livres. Des centaines de fois, elle avait rêvé de ce téléphone. Un moyen de s'évader, d'apprendre, de se cultiver, ce qu'elle ne fait pas en tant normal en ayant était déscolarisé par son père. Mais comment faire quand on a rien ?

Elle s'approche de l'étal avec détermination. Un homme, grand, barbu, la regarde de haut en bas avec un air de mépris. Il ajuste son chapeau et se redresse.

L'homme- Bir şeyle ilgileniyor musun? dit-il d'une voix traînante, son accent rude flottant dans l'air.
(Quelque chose t'intéresse ?)

Gülay- Evet... Ben... Değiş tokuş edecek bazı şeylerim var. Belki kitaplar? dit-elle, en espérant qu'il comprenne, mais elle sait qu'elle n'a pas grand-chose à offrir.
(Oui... Je... J'ai quelques trucs à échanger. Peut-être des livres ?)

Il hausse les sourcils, moqueur. Il examine les vieilles choses qu'elle traîne avec elle : des livres abîmés, des fringues décolorées.

L'homme- Gerçekten başka bir şeyin var mı? Bu kitaplar mı? Ciddi misin? Il rit doucement, un sourire plein de dédain.
(T'as vraiment rien d'autre ? Ces livres ? T'es sérieuse ?)

Gülay se mord la lèvre. Elle est à bout. Elle regarde les téléphones, son cœur battant la chamade. Il la toise encore.

L'homme- Yedi bin üç yüz pound, ister misin? Fiyat bu. Ya ödersin ya da dışarı çıkarsın
(Sept mille trois cents livres, tu veux ? C'est le prix. Soit tu payes, soit tu dégages)

Elle sent la colère monter. Elle a beau avoir l'habitude des échecs, cette fois elle ne peut pas laisser passer ça. Ce téléphone pourrait être sa seule chance de s'en sortir, d'aller au-delà de cette vie. Elle s'approche plus près, comme pour l'observer, mais au fond elle sait ce qu'elle va faire.

Un éclair de colère traverse ses yeux. Sans prévenir, elle saisit l'un des téléphones et se précipite hors du marché.

L'homme- Hey ödeme yapmadın!! hurle l'homme en la voyant partir.
(Hé, t'as pas payer !)

Elle fait une pause, sentant la chaleur de la peur dans sa poitrine, puis s'élance à toute vitesse.

Les pas lourds de l'homme résonnent derrière elle.

L'homme- Hırsız!
(Voleuse !)

Elle sprinte à travers la rue. Son cœur bat à tout rompre, ses jambes brûlent, mais elle n'ose pas ralentir. Les bruits de pas derrière elle se multiplient, bientôt une dizaine d'hommes sont en train de la poursuivre. Elle n'a pas le temps de réfléchir, seulement de courir. Elle se faufile entre les voitures garées, évitant les piétons. Un coup d'œil derrière elle, ils sont déjà trop proches.

Elle tourne brusquement dans une ruelle, ses pieds glissant sur les pavés mouillés. Elle s'élance dans une rue plus étroite, mais les hommes la suivent toujours, se faufilant derrière elle comme des ombres menaçantes. Un des poursuivants, plus rapide que les autres, finit par la rattraper. Il tend la main et saisit son bras.

Homme 1- Bundan kurtulacağını düşünüyor musun?
(Tu crois pouvoir t'en sortir comme ça ?)

Elle se débat immédiatement, frappant de toutes ses forces. Sa main se saisit du fer d'un vieux poteau, elle pivote et frappe l'homme au visage avec violence. Il lâche un cri étouffé, recule sous l'impact. Mais il n'est pas seul. Un autre arrive, et un autre encore.

Gülay se sent piégée, mais elle n'a pas le choix. Elle frappe de nouveau, cette fois avec le téléphone dans sa main, frappant l'un des hommes sur le côté du visage. Le bruit sourd du coup résonne dans la ruelle. L'homme chancelle, la mâchoire cassée.

Elle voit un autre type s'approcher d'elle, un couteau à la main. La terreur monte en elle, mais la rage prend le dessus. Elle s'élance en avant, donnant un coup de pied dans le ventre du type avec le couteau. Il tombe en arrière, perdant l'équilibre. Mais cela ne suffit pas. Elle doit courir, encore.

Elle n'a même pas le temps de respirer avant que quelqu'un d'autre ne tente de la saisir par les cheveux. Elle se tourne en un éclair et, dans un réflexe désespéré, elle lui donne un coup de coude dans la gorge. Il s'effondre immédiatement, haletant, étouffé par la douleur.

Elle avance d'un pas rapide, sentant la fatigue peser sur ses épaules. La course-poursuite se poursuit dans la ruelle, mais elle est plus rapide maintenant, plus agile. Un dernier coup d'œil, un dernier sprint, et elle s'engouffre dans une ruelle encore plus sombre. Le bruit des hommes s'éloigne. Elle s'arrête enfin, haletante, ses mains tremblantes, mais elle garde le téléphone serré contre sa poitrine.

Elle se cache dans une alcôve, dans une petite ruelle déserte, respirant profondément. Tout est calme maintenant. Les hommes sont partis. Elle a réussi. Mais elle sait que ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne reviennent, avant que quelqu'un ne la trouve.

Pour l'instant, elle tient le téléphone. Et avec lui, peut-être une lueur d'espoir.

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Selam aleykoum.

Je m'appelle Gülay, ce qui signifie lune de rose.

Mes yeux, d'un brun presque noir, ne montrent jamais tout ce que je ressens. Ils cachent des années de souffrance. Ma peau est marquée par les coups, le soleil, et le temps passé à fuir. Je suis mince mais solide, forgée par les années passées à me battre pour survivre.
Je ne souris pas souvent. Quand je le fais, c'est rarement sincère.
Mes cheveux noirs, toujours en désordre, sont mon reflet : je n'ai ni le temps, ni l'envie de les coiffer.

J'ai appris à me débrouiller seule. Mon père m'a déscolarisée et ma mère m'a laissée me débrouiller. Je vis dans la rue, chez moi c'est l'enfer, j'apprends par moi-même, avec ce que je trouve.

Ma vie, c'est la boxe, les combats de rue, et les rares moments où je peux respirer loin de cette prison qu'est ma maison. J'ai un téléphone pour me cultiver, pour échapper un peu à ce monde. C'est tout ce que j'ai. Tout ce que je cherche, c'est la liberté. Même si je sais que ça semble impossible.

Les poings comme seule refugeWhere stories live. Discover now