L'Elite Brun - Y1 [ Ancienne Version ]

14 - Coup d'éclat

La salle est plongée dans un silence oppressant, ponctué uniquement par le bruissement des feuilles et le léger grincement des stylos sur le papier. L’examen est enfin arrivé, un moment attendu mais redouté par certains. Moi ? Je ne ressens ni pression ni anxiété. Depuis le début, tout est calculé.

Je m’installe à ma place, observant la disposition de la salle, les visages tendus des élèves. Chabashira-sensei nous lance un regard glacial, comme pour rappeler à tous l’enjeu. Je sens son regard s’attarder légèrement sur moi, une brève seconde, avant qu’elle ne retourne à son bureau. Elle me surveille, je le sais. Mais elle n’aura rien à exploiter.

Mon objectif est simple : 99/100 dans toutes les matières. Pourquoi pas 100 ? Parce que la perfection attire trop d’attention, et je n’ai aucun intérêt à être vu comme quelqu’un d’infaillible. Je veux qu’ils croient qu’il me manque quelque chose, qu’il reste une faiblesse dans mon jeu. Après tout, j’ai eu 98 lors de l’examen de routine en avril. Un bond à 100 serait suspect, et je déteste être une cible.

Je me concentre sur mon rythme. Sur certaines épreuves, je prends mon temps, laissant les minutes s’écouler lentement, simulant un effort apparent. Pour d’autres, je vais vite, comme si j’avais une compétence naturelle qui me permettait d’exceller dans certaines matières. Ce contraste est intentionnel, une distraction pour brouiller les analystes de la classe.

Pour mon groupe, Meifuka, les objectifs sont tout aussi précis. Je veux que chaque membre atteigne un minimum de 70 de moyenne. Cela garantit que personne n’est expulsé ou laissé pour compte, même si nous devons sacrifier un peu de performance individuelle pour cela.

Igor : Avec une moyenne de 89, il est solide. Pas de souci à se faire pour lui.

Yinghua : 85, rien à redire non plus.

Chiaki : 83, légèrement en retrait mais toujours dans la zone de confort.

La section Majority, composée des élèves silencieux qui nous ont rejoints, est également sécurisée. Mon objectif est clair : ils doivent tous passer cet examen sans encombre. En les sauvant, je renforce leur loyauté envers Meifuka et fragilise les autres groupes. Hirata, bien sûr, n’a besoin d’aucune assistance.

L’examen se déroule comme prévu, chaque question trouvant sa réponse sous ma plume. Mais mon attention vacille un instant lorsque je pense à un certain élève : Sudo.

Tout indiquait qu’il allait être expulsé. Ses notes étaient désastreuses, et sa réputation ne jouait pas en sa faveur. Pourtant, il a réussi à renverser la situation. Pas seul, évidemment. Il a reçu une aide inattendue, et je sais exactement de qui il s’agit : Shomegaku Okita.

Okita, toujours fidèle à son caractère, a pris sur elle d’aider Sudo. Grâce à ses révisions et son soutien, Sudo a atteint un niveau suffisant pour éviter l’expulsion. Une intervention noble, presque naïve, mais redoutablement efficace.

Pourtant, Okita ne cesse de m’intriguer, voire de m’inquiéter. Elle n’a jamais caché son envie d’aider les autres, mais je ressens quelque chose de différent dans son comportement envers moi. Un malaise diffus, comme si elle voyait clair dans mon jeu.

Lorsque nos regards se croisent dans le couloir après l’une des épreuves, je ressens une étrange dualité dans ses yeux.

"Je te sauverai."

"Je détruirai ta philosophie de survie."

Ces deux messages sont clairs, comme s’ils résonnaient dans ma tête. Et c’est là tout le problème. Okita n’est pas une ennemie dans le sens traditionnel. Elle ne cherche pas à m’éliminer ou à me discréditer. Non, elle vise quelque chose de bien plus dangereux : elle veut me changer.