Silence

Famille

Merde! Je suis en retard et en plus je suis poursuivi... Et j'ai faillit à ma mission. J'ai laissé la fille mourir sous mes yeux. En même temps le meurtrier était apparut d'un coup, et je ne l'ai pas senti. Sur le moment, je n'ai pas fait attention mais en y repensant bien, c'était bizarre. Dès que je m'approche d'une personne, je devine l'exacte date de sa mort. Je peux donc sentir si quelqu'un vient vers moi par le vide qu'il dégage, plus ou moins fort en fonction de ce jour. Mais cette fois-ci, il n'y avait rien eut. Ni ce silence pesant qui m'oppresse lorsque je me balade dans la rue ou autre. Ni cette étrange sensation glaciale se dégageant des âmes des morts. Rien. Juste un coup de feu qui était parti comme un diablotin sort de sa boîte. J'ai passé des heures à chercher la provenance de la balle et de son mystérieux envoyeur. Mais ce fut un échec.

Et depuis que je suis sorti de chez moi, je sens quelqu'un qui me suit. J'ai prit tous les détours possibles mais il ne me lâche pas. On dirait qu'il essaie de dissimuler son aura. Je me retourne donc souvent pour vérifier mais jamais je ne vois la même tête. Mystique?? Existes-tu vraiment? Si oui je veux trop un autographe! (Et oui. Mon plus grand rêve est de faire parti des X-men. Parce que j'ai mes chances : pouvoirs de mutant, enfance malheureuse, ado paumé...) Hmmm... Trêves de plaisanteries. Je tourne brusquement dans une ruelle à ma droite et monte sur une échelle. Je me cache sur un balcon et voit une ombre s'approcher. Je prend mon élan. À la une, à la deux, à la trois... Banzaï!!!! J'atterris sur...

Le sol. Ma tête cogne lourdement par terre. Je reste allongé contre les pavés.

Soudain, je ressent un grand froid s'infiltrer dans chaque parcelle de mon corps. Je devient tout mou, ma vue se trouble et petit à petit je plonge dans un monde obscure et inconnu. Puis je me retrouve dans la maison de mon enfance. Je suis assis sur mon lit, en face de la fenêtre. Je peux apercevoir le chêne-liège centenaire au fond du jardin. Des oiseaux gambadent sur l'herbe et les rayons du soleil transpercent le verre de la fenêtre.
Mais cette atmosphère en apparence paisible me paraît bizarre. Le soleil m'aveugle et les oiseaux sont silencieux. Le vieil arbre est noir de suie et des têtes de rongeurs morts sont plantées au bout des branches. La vitre se brise, peut être à cause de ce monde perverti par une force malveillante.
Je ne pense plus à rien et une grande peur s'empare de moi. La porte s'ouvre et deux silhouettes imposantes s'approchent de moi. Mes parents. Ils ont la peau transparente, et leurs vêtements en lambeau permettent de découvrir leurs corps blessé et leurs membres arrachés. Tout d'un coup, les deux fantômes (car c'est ce qu'ils sont) se mettent à crier, mais aucun son ne sort de leur bouche grande ouverte. Le bruit de leurs cordes vocales est remplacé par un torrent de souffrances et de rancune, de haine et de colère. Un cri silencieux, un cri qui fait mal. Sans savoir pourquoi, je me met à pleurer de façon incontrôlable. Les larmes coulent sans s'arrêter, et je les sens se réchauffer. Je baisse les yeux et voit mes mains couvertes de sang. De mon sang. Ma nuque me fait mal, comme si on me découpait au couteau. Cette douleur, plus vive que celle de mes veines se vidant, me réveille, et doucement, je me souviens. Je m'appelle Gabriel. J'ai 17ans. Je vais au lycée. J'ai un chat roux qui s'appelle Kyo. Je suis un Silencieux. Je me trouve dans la maison où je vivais quand j'étais enfant. Avec mes parents. Qui sont devant moi. Et qui sont morts quand j'avais 7ans. Qui sont morts. Qui sont morts. QUI SONT MORTS!

J'ouvre brutalement les yeux. Je suis allongé en sueur dans une ruelle pavée. J'ai des courbatures partout, et la marque de ma nuque me brûle. J'émerge lentement de la vision. J'ai été victime d'une attaque psychique de la part de mes parents, des fantômes qui n'ont aucun autre but que la vengeance. Ils veulent me faire payer parce que je leur ai annoncé leur mort. C'est la 5ème depuis le début de l'année. Mais celle-ci a bien faillit me tuer. Et une fois de plus, ma croix m'a sauvé. Plus l'année avance, plus je la sent se creuser dans la peaux tendre de ma nuque. Cela marque l'arrivée de mes pleins pouvoirs, celle de l'examen final qui fera de moi un silencieux à part entière. Et l'arrivée de mon anniversaire.
Dans 8mois exactement je serai majeur. Est-ce que cela signifiera que je serai plus libre...? Liberté : État de l'homme qui se gouverne selon sa raison, en l'absence de tout déterminisme (rapports de cause à effet) (Merci le petit Larousse! ^^) Selon ma raison... Mes parents ont tout de même réussi à me l'enlever, ma liberté... Ils m'ont puni par la culpabilité de leur mort, qui repose sur moi tel un fardeau trop lourd à porter. Un jour, Angélia m'avait dit, après m'avoir retrouvé couvert de traces de sang et de griffures : " Je te promet qu'un jour tu trouveras quelqu'un qui te libérera de cette souffrance, et je te garantis que tu sera vraiment libre alors." Petit, je pensais qu'elle était cette personne, mais je me rend compte maintenant que non. Elle m'a abandonné aux mains des originels, me laissant esclave de la boucle dans laquelle elle m'a entrainé.
Rien qu'en pensant à elle, je me sens triste. Car je ne l'entend plus. Soit elle est trop éloignée, soit elle est tombée. Et penser à mes 18ans me rassure car enfin je pourrais l'entendre : mes pouvoirs me permettront de mettre un nom sur chaque  aura qui m'entoure. Mais en même je suis rongé par l'angoisse du verdict (sera-t-elle présente?).

Je repart en courant et me promet qu'un jour, une heure voire même une seconde, je me sentirai libre et heureux, vraiment heureux