𝑳𝒆𝒔 𝑶𝒎𝒃𝒓𝒆𝒔 𝑫𝒖 𝑫𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏 (SOUS CONTRAT)

Renaître dans l'ombre

KENNA

Je me réveillai dans un lit doux, une chaleur réconfortante m’entourant. Mes paupières étaient lourdes, et un voile de brume s’étendait autour de moi. Je me sentais ailleurs. Ce n’était pas la chambre que je connaissais. Non, cette pièce respirait une étrangeté accueillante, et je peinais à en saisir les contours. Les murs étaient ornés de riches tapisseries aux couleurs chaleureuses, et une lumière douce filtrait à travers les rideaux. Le parfum d’herbes médicinales flottait dans l’air, et tout autour de moi, un silence pesant régnait.

Je tentai de me redresser, mais une douleur sourde me serra la poitrine. Je posai une main sur mon cœur, mais avant même que je ne puisse comprendre ce qui se passait, une voix familière m’arrêta dans mon élan.

— Kenna, calme-toi. Tu es en sécurité.

Je tournai la tête et aperçus Célya. Elle était là, à mes côtés, ses traits lumineux dans la lumière tamisée. Ses yeux brillaient d’une inquiétude que je n’avais jamais vue chez elle. J'avais envie de lui parler, mais ma gorge était sèche, ma langue collée à mon palais. Mon esprit était embrouillé, comme un brouillard dense, et la douleur dans mon torse ne faisait qu’ajouter à la confusion.

— Célya, que… que s’est-il passé ? Où suis-je ?

Elle s’assit au bord de mon lit, une main posée sur la couverture, ses doigts frôlant le tissu avec une légère nervosité.

— Tu es chez moi, Kenna. Nous avons dû te ramener ici.

Elle prit une profonde inspiration avant de poursuivre, son regard fixé sur le sol comme si les mots qu’elle s’apprêtait à dire étaient lourds de sens.

— Evan et moi n’avons pas obéi aux ordres d’Ailee. Nous n’avons pas voulu vous laisser partir sans savoir où vous alliez. Nous avons suivi vos traces, en silence, à une distance respectable, mais… quand nous arrivâmes…

Elle s’interrompit, la voix tremblante, et je sentis la profondeur de sa peine.

— Quand nous arrivâmes, tu étais allongée, immobile, les yeux clos. Et Ailee… Elle était là, à côté de toi, mais elle ne bougeait plus. J’ai cru que tu étais morte, Kenna. Que vous étiez toutes les deux… parties.

Elle ferma les yeux un instant, comme pour chasser le souvenir qui la hantait, puis elle continua, plus doucement cette fois.

— Nous avons paniqué. Evan m’a dit qu’il fallait vous emmener ici, loin des regards, loin de tout. Il savait que tu avais besoin de soins. Nous t’avons portée, toi et Ailee, jusqu’à la maison de mes parents. Là, j’ai fait quérir une guérisseuse. Elle arriva à temps, et elle réussit à te sauver. Mais… Ailee… Elle a… elle a fait quelque chose de terrible.

Je froncai les sourcils, mon cœur se serrant à l’idée de ce qu’elle pouvait vouloir dire.

— Qu’a-t-elle fait, Célya ? Où est-elle maintenant ?

Célya se mordilla la lèvre inférieure, et je vis une lueur de tristesse profonde dans ses yeux. Elle détourna le regard avant de me répondre d’une voix presque brisée.

— Ailee… elle n’a pas supporté de te voir dans cet état. Elle crut que tu… que tu ne reviendrais pas. Elle ne pouvait pas vivre sans toi, Kenna. Elle s’est ouverte les veines. Dans l’espoir de te rejoindre.

Mon cœur fit un bond douloureux dans ma poitrine. Les mots résonnèrent dans ma tête, et j’eus l’impression que l’air autour de moi devenait plus lourd, plus difficile à respirer.

— Non… non, Ailee… Elle ne l’a pas fait…

Ma voix se brisa alors que je tentai de me lever, mes jambes tremblant sous moi. Célya se précipita pour me retenir.