𝓑𝓪𝓼𝓲𝓵𝓮.
Je ne peux détourner mon attention de son visage livide. Une mèche de ses cheveux chocolat retombe sur sa joue et chatouille ses lèvres frémissantes, tandis qu'elle me conte une partie de son histoire. Sa voix est faible, brisée par l'émotion, teintée d'une souffrance que je ne souhaite à personne. Son discours n'est pas toujours très cohérent, mais je prends soin de ne jamais l'interrompre. J'accueille chaque mot, chaque soupir, chaque hésitation, comme une marque de la confiance qu'elle m'accorde en me livrant ses secrets. Ses jambes tremblent par intermittence, preuve que les blessures sont encore béantes. C'est déroutant de la voir ainsi. Elle paraît si loin, perdue dans l'abîme de ses souvenirs meurtris.
Pourtant, depuis le début de son récit, sa main s'est solidement crochetée à la mienne, sans doute dans le seul but de rester ancrée à la réalité qui lui échappe. À de nombreuses reprises, j'accentue la pression de mes doigts puis caresse légèrement sa peau, entre son pouce et son index. Voilà tout ce que j'ose entreprendre pour lui témoigner mon soutien, sans me laisser gagner par ce plaisir – bien que coupable – de pouvoir la toucher.
Elle ajoute, après un long moment de silence, la mort dans l'âme :
— Le voir comme ça, c'était si... horrible.
Une larme qu'elle n'a pas su retenir roule sur sa joue. Dans ma poitrine, un truc se passe, me prive une seconde ou deux de ma respiration. Un coup de hache invisible mais pas indolore vient de me transpercer avec force. J'ai de plus en plus de mal à rester stoïque. J'aimerais en faire davantage pour la soulager de tous ces maux qu'elle cultive en elle.
De ma main libre, j'attrape son menton et la fais pivoter face à moi. Surprise, elle fronce légèrement les sourcils mais se laisse faire. J'écrase la perle salée de mon pouce avant que cette dernière n'atteigne sa bouche humide. Je réalise à quel point je déteste la voir pleurer et j'ai bien du mal à étouffer ce sentiment.
— Je suis désolé pour ce qui t'es arrivé, lui adressé-je, sincère. Et ça vaut ce que ça vaut, mais je crois que ton père ne t'a pas menti.
— Il m'a promis que tout irait bien... mais il est mort.
Elle va pour baisser les yeux, mais j'attrape son visage en coupe et l'oblige à me regarder.
— Ton père te connaissait. Peut-être mieux que tu ne te connais toi-même. Il te savait courageuse et déterminée. Tu as le droit d'être triste, de le pleurer, comme n'importe qui dans cette situation. Mais tu dois trouver la force pour surmonter cette épreuve. Elle est là, il la voyait et je la vois moi aussi. Bordel... soupiré-je en souriant, si seulement tu avais conscience de toute la lumière que tu portes en toi.
Je plonge plus intensément dans ses iris café, qui laissent entrevoir des reflets dorés au travers des larmes qui les inondent. Je voudrais lui dire que sa beauté est sans pareille, son sourire un cadeau du ciel. Qu'elle réveille en moi un tas d'émotions oubliées, de sensations nouvelles, et qu'elle est l'unique responsable du champ de bataille qui fait rage dans ma tête et mon bide.
Je me retiens.
Ce serait bien trop égoïste de lui partager ce que je ressens alors qu'elle est si vulnérable.
Et je suis gay, bordel. J'ai payé bien trop cher cette revendication !
— Viens par là...
Je l'attire à moi, sa tête contre mon torse et mes mains dans ses cheveux. Pour une fois, je n'ai pas réfléchi avant d'agir. Je crains de m'être montré trop entreprenant et qu'elle me repousse. Mais ses bras frêles s'enroulent maladroitement autour de mon cou tandis que ses sanglots redoublent d'intensité. Je ne sais plus vraiment ce que je suis censé ressentir. Bien que l'écho de sa peine me déchire, une partie de moi se délecte de l'avoir si proche, de respirer son shampoing aux notes de fruits, d'entendre la cacophonie dans ma poitrine résonner jusqu'à mes tympans ; nul doute qu'elle doit l'entendre aussi, malgré l'ambiance et la musique.
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𝐒𝐔𝐌𝐌𝐄𝐑 𝐑𝐀𝐈𝐍 - 𝐂𝐚𝐧𝐝𝐲 𝐀𝐝𝐥𝐞𝐲
Любовные романы𝐈𝐥 𝐧'𝐢𝐦𝐚𝐠𝐢𝐧𝐚𝐢𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐨𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐨𝐪𝐮𝐞𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐬𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐦𝐢𝐧𝐠 𝐨𝐮𝐭. 𝐄𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐪𝐮'𝐮𝐧𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞 𝐫𝐞𝐦𝐞𝐭𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧. La malchance chronique de Léah n'a jama...