𝓛é𝓪𝓱
Face à la porte de l'appartement d'Oriane, j'inspire un grand coup avant de me convaincre qu'il est temps de prendre mon courage à deux mains et de sonner. À en croire l'heure sur mon téléphone – que je sors de ma poche pour une énième vérification, afin d'être certaine que la soirée n'a pas été annulée – cela fait pas moins de six minutes que, figée dans ce couloir désert, j'espère un changement de programme. J'ai prié pour que le karma me permette de me soustraire à cette soirée, mais pour la première fois de ma vie, il se pourrait bien qu'il m'ait oubliée. La vraie question est : jusqu'à quand ?
De l'autre côté, j'entends des bruits étranges sur fond de musique festive. Quelques éclats de rire, aussi. J'ai le ventre noué à l'idée de revoir Basile. Faire semblant n'est déjà pas évident, alors devoir me composer un personnage tout en devant supporter sa présence me paraît impossible. Je doute pouvoir le regarder dans les yeux alors que je lui cache la vérité sur l'une des épreuves les plus pénibles de sa vie. Je devrais peut-être rentrer chez moi, appeler Oriane et lui dire que je ne me sens pas bien. Ce qui, d'ailleurs, ne serait pas tout à fait un mensonge puisque je ne suis clairement dans mon assiette.
— Si tu hésites à entrer à cause de moi, je peux faire demi-tour et te laisser profiter de cette soirée, m'interpelle une voix masculine, à quelques mètres derrière moi.
Le timbre rauque de sa voix fait réagir ma peau, qui se couvre d'une nuée de frissons ardents. C'est incontrôlable et embarrassant, parce que je refuse de ressentir ça. Je m'en veux et réalise que ce n'est pas uniquement sa présence qui me contrarie, mais l'ambivalence perpétuelle qu'il fait naître en moi.
Je me retourne et l'examine sans piper mot. Il est négligemment appuyé dans le chambranle de sa porte et joue avec les quelques bracelets en cuir qui ornent son poignet. C'est fou ce qu'il peut être beau alors qu'il ne fait rien pour attirer l'attention sur lui. Une paire de Stan Smith, un jean brut, un polo blanc et ses cheveux en désordre suffisent à le rendre hypnotisant. Et ça m'écœure de constater que, malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à ignorer les battements frénétiques de mon cœur chaque fois qu'il pose ses yeux azur sur moi.
— Le monde ne tourne pas autour de toi, réponds-je avec audace, essayant tant bien que mal de masquer la sécheresse soudaine de ma gorge.
Qui est-ce que j'essaie de convaincre, là ? Lui ou moi ?
— Donc... ma présence ne te pose aucun problème ?
Il fait quelques pas dans ma direction. Je me retourne face à la porte, fuyant son contact.
— Ce n'est pas non plus ce que j'ai dit.
— Léah... soupire-t-il, trop proche de moi.
Tu n'es qu'une pauvre fille perdue qui avait besoin que quelqu'un la remarque, me rappelé-je alors de ses mots ravageurs, que je chasse en secouant la tête.
— Nous sommes des adultes, n'est-ce pas ? lancé-je sans réellement attendre de réponse. J'apprécie énormément ta sœur et je ne veux pas lui faire de peine, alors je vais me contenter de tolérer ta présence et de faire bonne figure. Mais ne me parle pas. Ne m'approche pas. Ne me regarde même pas.
— S'il te plaît, laisse-m...
J'appuie enfin sur cette foutue sonnette, pressée de voir quelqu'un m'ouvrir et me sortir de cet enfer. Être si près de lui, respirer son parfum entêtant aux délicieuses notes d'agrumes, sentir son souffle tiède sur ma peau, tout ça me rend nerveuse. Mes résistances vacillent à une allure folle ; je dois me protéger.
Je le déteste, je le déteste, je le déteste !
Il grogne en fourrageant ses cheveux. Je me rappelle leur douceur et me surprends à voir s'imposer des souvenirs de notre nuit : sa barbe faire délicieusement rougir ma peau, ses dents malmener la pointe de mes seins – que je sens durcir de désir dans mon soutien-gorge –, tandis que ses mains inquisitrices découvraient mon corps. Ces sensations brûlantes consument mon être chaque fois de la même façon. Et chaque fois, elles sont très rapidement brouillées par le drame qui a suivi. Je ne peux plus penser à lui sans être assailli par la culpabilité, sans que cette dernière prenne le visage ensanglanté d'Andrea. Étrangement, découvrir sa véritable nature n'a pas apaisé mes tourments. Je ne sais plus quoi faire pour voir disparaître cette douleur.
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𝐒𝐔𝐌𝐌𝐄𝐑 𝐑𝐀𝐈𝐍 - 𝐂𝐚𝐧𝐝𝐲 𝐀𝐝𝐥𝐞𝐲
Romance𝐈𝐥 𝐧'𝐢𝐦𝐚𝐠𝐢𝐧𝐚𝐢𝐭 𝐩𝐚𝐬 𝐥𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐨𝐬 𝐪𝐮𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐨𝐪𝐮𝐞𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐬𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐦𝐢𝐧𝐠 𝐨𝐮𝐭. 𝐄𝐧𝐜𝐨𝐫𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐪𝐮'𝐮𝐧𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞 𝐫𝐞𝐦𝐞𝐭𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐞𝐧 𝐪𝐮𝐞𝐬𝐭𝐢𝐨𝐧. La malchance chronique de Léah n'a jama...