La première chose que voulaient faire mes parents était de partir porter plainte à la gendarmerie. Heureusement, il était déjà trop tard pour ça, et ils se contentèrent finalement, plutôt que d'y aller aux premières heures le lendemain matin, de signaler l'événement par un simple mail.
— Pourquoi est-ce que tu ne veux pas faire les choses correctement ? me reprocha ma mère face aux arguments bancaux que j'avançais depuis plus d'une demie-heure.
Je n'avais aucune envie de raconter encore ce qu'il était arrivé à des personnes que je ne connaissais pas. Je suppose que ça me gênais, mais je n'aurais jamais avoué avoir seulement peur d'expliquer ce qui m'étais arrivé. Un peu comme si j'avais peur qu'on me prenne pour une menteuse, une enfant ou une incapable... J'avais aussi un peu honte de la manière dont s'étaient passés les évènements, finalement. Mais ce n'est définitivement pas une chose que je pourrai expliquer à mes parents.
— Tu devrais aller la laisser se coucher, intervint mon père. Tu as cours à quelle heure demain ?
— À la même heure que d'habitude, à huit heures et des poussières, répondai-je, consciente que c'était une occasion en or qu'il me laissait pour m'échapper.
Le soupir bruyant laissé échappé par ma mère m'indiqua, qu'au moins la discussion était close pour ce soir. Avant qu'elle ne change d'avis, je lâchais un bonne nuit bref et me téléportais presque dans ma chambre. Maxime passa la tête hors de sa chambre.
— Il s'est passé quoi, en fait ? demanda-t-il, curieux.
— C'est pas les oignons d'un gnome qui devrait déjà dormir, lui rétorquai-je faignant d'être joyeuse.
— T'es pas drôle, fit-il en se faufilant dans ma chambre avant que je n'aie réussi à fermer la porte.
Choses faites, il se jeta sur mon lit et me fixa du regard, déterminé à obtenir des réponses.
— Raconte-moi ! insista-t-il.
Quelle plaie, les petits frères. Difficiles à ignorer, mais ce n'était pas pour ça que j'allais lui répondre.
— Sors de là ou je m'en occuperais personnellement, le menaçais-je.
— Bah bien sûr, se moqua-t-il, conscient qu'en terme de force brute, je n'allais clairement pas réussir à le contraindre à sortir d'ici.
— Maxime ! Retourne te coucher immédiatement, rugit notre père depuis l'étage d'en-dessous, visiblement irrité par le bruit qu'il causait.
— Oups, blanchit l'intéressé, avant de courir dans sa chambre.
La même scène avait lieu régulièrement, et mon petit frère savait bien qu'il n'a pas intérêt à le forcer à monter à moins de se souhaiter du malheur. Ce qui ne l'empêchait toujours pas, régulièrement, de s'introduire dans ma chambre comme il venait de le faire.
Il était déjà tard et je n'osais pas faire autre chose qu'aller me coucher. Une fois dans mon lit, je me repassais l'agression en boucle dans ma tête en me maudissant d'avoir raté une dizaine de bonnes occasions de m'échapper avant que le drone ne passe par là. Le concernant, j'en concluais que, soit par manque de batterie, il retournait automatiquement en basse altitude à son point de départ, ce qui pourrait expliquer l'extinction de tous ses voyants, soit que son pilote savait exactement ce qu'il faisait et ce qu'il se produisait à ce moment là, en sachant que je n'avais alerté personne.
Une possibilité semblait bien plus probable et raisonnable que l'autre. Probablement que quelqu'un avait voulu photographier le coucher de soleil depuis de l'altitude, et qu'avec le fort vent qu'il y avait là-haut, le drone s'était déchargé rapidement et avait perdu le signal.
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La dernière gardienne
Science FictionQu'est-ce qui pourrait mal tourner entre une lycéenne amoureuse et un jeune homme aussi génial qu'inconscient ? Absolument tout ce qu'il est possible d'imaginer. Mais ajoutons en plus que ce récit se passe dans le monde des années 2040, et que les...