À Portée De Cœurs

Chapitre 1

La lumière tamisée du matin traversait les fenêtres du salon, jetant une lueur douce sur la pièce. Harry était assis sur le canapé, les jambes repliées sous lui, un sourire fugace jouant sur ses lèvres. Louis était juste à côté, un bras étendu derrière lui, son regard perdu dans un vieux film à l'écran. Le silence entre eux n'était pas gênant, au contraire, il était familier, réconfortant.

Harry jeta un coup d'œil furtif à Louis, qui ne semblait pas s'en apercevoir. Il avait toujours aimé ces moments-là : une simple complicité, sans besoin de mots. Pourtant, au fond de lui, quelque chose bouillonnait. Il se sentait un peu plus que de l'amitié pour Louis, mais il l'ignorait. Enfin, il s'efforçait de l'ignorer. Louis, lui, semblait n'avoir jamais rien vu. Jamais rien senti de plus. Harry en était convaincu.

Ils s'étaient rencontrés si jeunes, lors de leur première journée à la maternelle. Harry se souvenait encore de ce jour avec une clarté étrange, comme si c'était hier. C'était un matin de septembre, et le monde semblait si vaste pour un petit garçon de cinq ans. Il s'était retrouvé dans une grande salle, remplie de visages inconnus. Tout le monde semblait si occupé à se faire des amis, sauf Louis. Louis était seul, assis près de la fenêtre, les yeux fixés sur un livre qu'il avait apporté avec lui.

Harry, un peu timide, mais toujours curieux, s'était approché. Il n'avait pas parlé tout de suite, juste observé le garçon aux cheveux éparse et au regard perdu. Et puis, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde, il avait posé une question.

"Tu veux jouer avec moi ?"

Louis avait levé les yeux, surpris, puis avait souri. C'était un sourire doux, innocent, mais quelque chose dans ses yeux avait touché Harry d'une manière qu'il n'avait pas comprise sur le moment.

Depuis ce jour-là, ils étaient devenus inséparables. Ensemble, à travers les jeux, les études, les rires et les disputes, ils avaient tissé un lien unique. Un lien qui, au fil des années, était devenu une évidence. Mais aujourd'hui, en repensant à ce jour-là, Harry ressentait quelque chose de plus, quelque chose qu'il ne savait pas comment nommer.

Louis se tourna vers lui, un sourire en coin. "Alors, tu viens ou tu restes là à me fixer encore ?"

Harry sursauta, comme pris en flagrant délit. "Je... je ne te fixais pas."

Louis haussait un sourcil. "Pas vrai ? T'as l'air un peu pensif."

"Je pensais juste à la maternelle, ça fait bizarre, tu vois ?"

Louis éclata de rire. "Ouais, ça me revient aussi. T'étais tellement timide. Et puis tu t'es faufilé dans ma bulle comme un chaton un peu effrayé."

Harry rougit un peu, mais ce n'était pas la première fois que Louis plaisantait à ce sujet. Ils s'étaient toujours taquinés ainsi, avec cette familiarité presque évidente. Mais aujourd'hui, l'insouciance n'était plus la même. Harry sentait son cœur battre un peu plus fort chaque fois qu'ils se rapprochaient. Et il savait que c'était plus que de l'amitié. Mais Louis n'en avait aucune idée, et Harry n'osait pas le lui dire.

Louis, à son tour, se détourna un instant. Il se leva, étirant ses bras au-dessus de sa tête. Puis, d'un ton léger, il lança : "Tu sais, tu me manquerais si on arrêtait de traîner ensemble."

Le regard que Louis posa sur lui, presque sans y penser, fit bouillonner une vague d'émotions dans la poitrine de Harry. Il se sentit pris au piège de son propre silence. "Moi aussi... t'es un de mes meilleurs amis", répondit-il avec un sourire un peu trop assuré, comme pour détourner l'attention.

Louis ne sembla pas remarquer l'hésitation dans sa voix. Il retourna à son endroit sur le canapé, s'affalant avec une facilité qui faisait encore fondre Harry. Et Harry se rendit compte qu'il aurait donné n'importe quoi pour que ce moment dure encore un peu plus longtemps, pour pouvoir lui dire ce qu'il avait sur le cœur. Mais il se tut.

Parce qu'il savait. Louis n'éprouverait jamais la même chose. C'était une certitude.