Chapitre 3

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Louis fronça les sourcils en entendant une nouvelle fois le répondeur de Harry. Cela faisait deux jours qu'il n'avait pas eu de nouvelles. Deux jours, et c'était bien trop long pour lui. Ils avaient l'habitude de se parler quotidiennement, même pour ne rien dire, et ce silence inhabituel commençait à l'inquiéter.

Après un énième message laissé sans réponse, il attrapa ses clés et quitta son appartement, direction la maison de Harry. Peut-être qu'il avait simplement besoin de solitude, mais Louis connaissait assez son meilleur ami pour savoir que cela ne lui ressemblait pas.

En arrivant devant la porte, il frappa plusieurs fois, attendant une réponse. Rien. Un soupir d'agacement échappa à Louis alors qu'il sortit son double des clés – une précaution que Harry lui avait donnée un jour en plaisantant, mais qui s'avérait utile aujourd'hui.

En entrant, une odeur légèrement aigre flottait dans l'air, comme celle d'un bol de soupe oublié. La lumière du salon était tamisée, et tout semblait étrangement immobile.

"Harry ?" appela Louis, un nœud se formant dans son estomac.

Un faible gémissement lui répondit, venant de la chambre. Louis posa rapidement ses affaires et se précipita.

Harry était allongé sur son lit, emmitouflé dans une couverture, le visage rougi par la fièvre. Ses boucles humides collaient à son front, et son souffle était laborieux. Il ouvrit à peine les yeux en sentant la présence de Louis, murmurant quelque chose d'inintelligible.

"Haz, mon dieu, t'es dans un état..." murmura Louis, l'inquiétude teintant sa voix.

Il s'agenouilla près du lit, posant une main fraîche sur le front brûlant d'Harry. "Tu crames complètement... Pourquoi tu ne m'as pas appelé ?"

Harry grogna faiblement, essayant de se redresser, mais Louis le repoussa doucement contre les oreillers. "Arrête de bouger. Reste là, je vais m'occuper de toi."

Il se leva rapidement, cherchant dans la cuisine de quoi préparer un verre d'eau et quelques compresses froides. Il mit la bouilloire en marche, fouillant dans les placards pour trouver du thé ou quoi que ce soit qui pourrait apaiser son ami. Tout en s'affairant, il ne cessait de jeter des regards vers la chambre, ses pensées en désordre.

Quand il revint avec une bassine d'eau froide et une serviette, Harry avait les yeux mi-clos, marmonnant des mots incohérents. Louis s'assit à côté de lui, pressant doucement une compresse humide contre son front.

"Lou..." murmura Harry d'une voix rauque.

"Je suis là, Haz," répondit-il doucement.

"Tu sens bon."

Louis haussa un sourcil, un sourire amusé venant malgré lui adoucir son expression. "Merci, je suppose ? Tu dois vraiment être mal pour dire un truc pareil."

Harry ouvrit légèrement les yeux, l'expression vague mais sincère. "Non... je le pense. J'ai toujours aimé... ton odeur. Ça me calme."

Ces mots, dits d'une voix lente et alourdie par la fièvre, firent battre le cœur de Louis un peu plus fort. Il chassa rapidement cette sensation, se disant qu'Harry n'était pas dans son état normal.

"T'as besoin de repos, c'est tout," dit-il, essayant de garder sa voix stable.

Mais Harry secoua faiblement la tête, ses yeux se posant sur Louis avec une intensité troublante. "T'es toujours là pour moi. J'sais pas... j'sais pas ce que je ferais sans toi, Lou."

Louis resta figé un instant, le souffle court. Ce n'était pas rare qu'Harry exprime sa gratitude ou son affection, mais il y avait quelque chose de différent cette fois-ci. Une fragilité, peut-être, ou un sous-entendu qu'il n'osait pas analyser.

"Eh, je vais pas te laisser tomber, Hazza. Jamais," répondit-il finalement, sa voix un peu plus douce.

Harry ferma les yeux, un sourire faible étirant ses lèvres. "T'es... spécial, tu sais ? Je crois pas que tu comprennes combien..."

Sa voix s'éteignit, emportée par un souffle rauque. Louis déglutit, son estomac noué par ces mots qui flottaient dans l'air comme une énigme. Était-ce simplement la fièvre qui faisait parler Harry ? Ou bien y avait-il quelque chose de vrai derrière ces paroles ?

Il resta là, à le veiller en silence, changeant les compresses et ajustant les couvertures. À un moment, Harry bougea légèrement, cherchant inconsciemment la chaleur, et sa main se referma sur le poignet de Louis.

Louis hésita, mais ne se dégagea pas. Au contraire, il s'assit plus près, laissant Harry garder ce contact. Il ne savait pas ce que ces mots signifiaient réellement, ni ce qu'ils pourraient changer, mais pour l'instant, tout ce qui comptait, c'était qu'Harry se sente mieux.

Et malgré l'inquiétude qui persistait, Louis sentit un doux frisson parcourir sa colonne vertébrale. Ces moments de tendresse, aussi banals qu'ils pouvaient paraître, avaient une manière de s'ancrer profondément en lui.

"Repose-toi, Haz," murmura-t-il en caressant doucement les cheveux humides de son ami. "Je suis là."

Harry ne répondit pas, mais son souffle s'apaisa légèrement, comme si la simple présence de Louis suffisait à le réconforter.

À Portée De CœursWhere stories live. Discover now