Quelques jours après ma sortie de l'hôpital, la maison semblait enveloppée d'une tension subtile, mais constante. Papa, quant à lui, semblait absorbé dans ses pensées. Il passait des heures enfermé dans son bureau ou au téléphone. À chaque fois que je le croisais, il m'adressait un sourire rapide, mais distrait, comme s'il portait un poids invisible sur ses épaules.
Je ne pouvais m'empêcher de relier leur comportement à tout ce que j'avais découvert ou soupçonné ces dernières semaines. Et si tout cela avait un lien avec moi ? Avec mon état ? La question me hantait, mais je n'avais aucune réponse. Seulement un sentiment croissant que quelque chose clochait profondément.
Je repassais dans ma tête les bribes de conversations entendues, les regards échangés, les silences évocateurs. Tout cela formait un puzzle incomplet, mais j'étais certaine d'une chose : il manquait des pièces, et elles étaient quelque part, juste hors de ma portée.
Depuis quelques jours, des souvenirs flous et fragmentés de mon enfance refaisaient surface, comme des éclats d'un miroir brisé. L'un d'eux revenait plus souvent que les autres, à la manière d'un rêve qui refuse de s'éclipser. J'étais petite, peut-être six ou sept ans. Je me souviens d'avoir erré dans le couloir, attirée par une voix étouffée venant d'une pièce sombre. La porte était entrouverte.
À l'intérieur, j'avais aperçu Kate, assise sur un canapé, le visage enfoui dans ses mains, ses épaules secouées par des sanglots silencieux. Maman se tenait à côté d'elle, son expression indéchiffrable, mais son ton autoritaire. Quelques mots me revenaient, comme des fragments d'une langue étrangère : "Tu dois oublier ».
À l'époque, je n'avais pas compris. Pour moi, Kate pleurait simplement parce qu'elle était triste, et Maman essayait de la consoler, comme n'importe quelle mère. Mais maintenant... ce souvenir semblait différent, chargé de sens cachés que je ne pouvais ignorer.
Ce souvenir me hantait. Plus j'y pensais, plus il semblait se mêler aux récentes découvertes et à cette froideur inexplicable entre Kate et moi. Pourquoi me tenait-elle à distance ? Pourquoi Maman semblait-elle toujours si tendue quand il s'agissait d'elle ? Je commençais à croire que leur relation complexe cachait quelque chose de bien plus profond.
Je commençais aussi à remarquer des choses dans la maison. Des silences qui s'installaient brusquement quand j'entrais dans une pièce, des regards échangés entre mes parents comme s'ils s'interrogeaient sur ce que je savais ou devinais. Leur discrétion s'était encore amplifiée, et je ne pouvais m'empêcher de penser qu'ils essayaient de me protéger. Mais de quoi ?
Tout cela formait un étrange mélange d'inquiétude, de frustration et de curiosité. Je savais que je devais aller plus loin, creuser davantage. Ces souvenirs, cette tension palpable, l'attitude de Kate... tout cela était lié. Je le sentais. Et je ne pouvais pas continuer à l'ignorer.
Après avoir longtemps hésité, j'ai pris mon téléphone et cherché le nom de Kate dans mes contacts. Mon doigt flottait au-dessus de l'écran. Une part de moi voulait renoncer, mais une autre, plus obstinée, savait que je devais le faire. Inspirant profondément, j'appuyai finalement sur « Appeler ».
Elle décrocha au bout de quelques sonneries. Sa voix était posée, presque distante.
- Amelia ? Qu'est-ce qu'il y'a ?
Moi : J'aimerais qu'on puisse se parler, vraiment. Je sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas, commençai-je, cherchant mes mots..
Un silence s'installa, pesant. Quand Kate répondit enfin, son ton était froid, presque mécanique.
- Tu réfléchis trop, Amelia. Tout va bien.
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Family Secrets
Mystery / ThrillerLes Harrington forment une famille où les apparences règnent en maîtres, mais derrière cette façade parfaite se cachent des secrets qui pourraient tout faire voler en éclats. Et certaines vérités, une fois révélés, peuvent briser même les liens les...