Oh my drama

Fractures Invisibles

La dynamique au sein de l'équipe de SafeGuard avait changé. Joon-ho, autrefois accessible et engageant, était devenu distant. Chaque regard échangé semblait porter un poids immense, et je ne comprenais pas pourquoi il s'était refermé ainsi. Cette distance me blessait profondément.

Désireuse de prouver ma valeur, je m'étais concentrée sur l'amélioration de l'application. J'avais mis au point des modifications prometteuses, mais mon enthousiasme avait été brutalement interrompu. En plongeant dans le code, j'avais découvert une intrusion alarmante : un virus malveillant avait été installé dans le système. L'angoisse m'envahit. Comment cela avait-il pu se produire ? Était-ce de ma faute ?

Lors de la réunion de présentation, je me tenais devant l'équipe, mais mes mains tremblaient légèrement. Je commençai à expliquer les nouvelles fonctionnalités, mais ma voix trahissait mes doutes. Joon-ho se tenait à l'arrière, les bras croisés, son expression froide et impassible.

« Laila, » dit-il d'un ton tranchant, une fois que j'eus terminé mon exposé. « Nous avons des failles de sécurité. Ce virus... c'est inacceptable. »

Les mots résonnèrent en moi comme un coup de poignard. « Je... je vais trouver une solution, » balbutiai-je, la voix serrée.

« Ce n'est pas suffisant. Nous n'avons pas de temps à perdre, » rétorqua-t-il, son regard perçant et accusateur.

Je baissai les yeux, submergée par la honte. Tout mon travail, tous mes sacrifices semblaient réduits à néant. Je me sentais piégée, persuadée que Joon-ho ne me verrait jamais comme une collègue compétente.

Après la réunion, je m'éclipsai vers mon bureau, le cœur lourd. Seule avec mes pensées, je me sentis trahie par mon propre potentiel. Dans un coin de mon esprit, une voix s'élevait, me répétant que j'aurais dû être plus vigilante.

Alors que je sortais du bureau, je pris mon téléphone et appelai discrètement mon amie Christel : « Je vais craquer, réserve ce soir au Puma. »Je savais que Christel allait, en moins de deux, me remonter le moral.

À la fin de cette journée horrible, en marchant vers l'arrêt de bus, mes pensées tourbillonnaient. Avais-je vraiment fait une erreur catastrophique ? Les mots de Joon-ho résonnaient dans ma tête, me rendant encore plus anxieuse.

Soudain, une berline noire ralentit à ma hauteur. C'était Joon-ho. Il freina brusquement, faisant crisser les pneus sur le bitume.

« Laila ! » appela-t-il en sortant de la voiture, visiblement préoccupé.

Surprise, je me figeai. « Joon-ho, qu'est-ce que vous faites là ? »

Il semblait nerveux, les sourcils froncés. « Je voulais m'assurer que tu allais bien. Je suis désolé pour tout à l'heure. J'ai été trop dur. »

Une vague d'émotions me submergea. « Je... je me sens comme si j'avais tout gâché, » avouai-je, les larmes aux yeux.

« Ce n'est pas ta faute, » répondit-il, sa voix plus douce. « Le virus a été installé par quelqu'un d'autre. Nous devons travailler ensemble pour le résoudre. »

Je hochai la tête, mais la culpabilité persistait. « Mais si j'avais été plus vigilante... »

« Laila, il faut que tu te calmes. Nous allons régler ça ensemble. Mais pour l'instant, je peux te ramener. Tu as besoin de te changer les idées. »

Hésitante, je me sentais reconnaissante et vulnérable. « Je... je ne voudrais pas vous déranger. »

« Ce n'est pas un dérangement. Je pense que nous avons besoin de parler, » insista-t-il.

Nous nous dirigeâmes vers sa voiture, une tension palpable entre nous. Une fois à l'intérieur, je lui indiquai le bar tendance où Christel m'attendait. En route, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter de l'image que je renvoyais.

En arrivant au bar, je remarquai immédiatement l'atmosphère animée du lieu. La musique battait son plein, et les lumières scintillantes créaient une ambiance chaleureuse. Mais alors qu'ils entraient, je réalisai que tous les regards se tournaient vers Joon-ho. Des murmures couraient dans la salle, et je compris qu'il était un VIP ici.

La patronne du bar, une femme charismatique, vint saluer Joon-ho avec un large sourire. « Monsieur Joon-ho, quel plaisir de vous voir ! »

Je me sentis déstabilisée. Joon-ho, le PDG stoïque et distant, était soudainement entouré d'admiration. J'étais à la fois jalouse et étonnée de voir cet homme si charismatique, si apprécié, tandis que je me sentais invisible.

« Bonjour, » répondit Joon-ho avec un sourire poli, mais il ne semblait pas changer. Il restait égal à lui-même, ce qui rendait la situation encore plus bizarre.

Dès qu'ils passèrent la porte, Christel aperçut Laila et Joon-ho. Elle se leva, un sourire radieux illuminant son visage. « Laila ! » s'écria-t-elle en s'approchant. Puis, son regard se posa sur Joon-ho, et son sourire s'élargit. « Et vous devez être le fameux Joon-ho. »

« Enchanté, » répondit Joon-ho, son sourire poli mais mesuré. Je pouvais voir que Christel était impressionnée, son regard pétillant d'admiration.

« Laila m'a beaucoup parlé de vous, » continua Christel, un brin taquine. « Je suis ravie de vous rencontrer enfin. »

Je me sentis rougir, réalisant à quel point j'avais parlé de lui, et pas toujours de manière positive. Je me demandai ce que Christel pensait vraiment de notre dynamique.

« Merci, » dit Joon-ho, son regard se posant brièvement sur moi avant de se diriger vers Christel. « J'espère qu'elle a dit des choses positives. »

« Oh, je ne sais pas, » répondit Christel en riant légèrement. « Elle peut être un peu critique parfois. »

Mal à l'aise, je tentai de changer de sujet. « Christel, tu veux prendre un verre ? »

« Oui, bien sûr ! » répondit-elle, mais son attention restait sur Joon-ho. « Que voulez-vous boire ? »

Joon-ho commanda des boissons pour tous les trois, et alors qu'ils prenaient place à une table, je me sentis étrangement à l'écart, comme si je n'appartenais pas à ce monde. Joon-ho, d'un geste naturel, engagea la conversation avec Christel.

« Alors, comment ça se passe pour toi, Christel ? » demanda-t-il, affichant un intérêt sincère.

Je l'observai, perplexe. Joon-ho, le PDG stoïque et distant, semblait à l'aise, charmant même. Il était entouré d'admiration, tandis que je me sentais invisible.

Alors qu'ils discutaient, Joon-ho donna des conseils à Christel sur sa carrière, partageant son expérience avec une aisance qui me laissait à la fois jalouse et fascinée. Pourquoi ne pouvait-il pas me montrer cette même attention, cette même empathie ?

Finalement, Joon-ho se leva. « Je vais devoir y aller ! Restez ici, les filles, et finissez vos verres. »

Il quitta la table, laissant Christel et moi seules. Je me sentis déstabilisée, un mélange de jalousie et d'admiration me rongeant. Je me demandai ce que cela signifiait pour moi. Était-ce simplement une question d'emploi, ou y avait-il plus entre nous ?

« Il est vraiment impressionnant, n'est-ce pas ? » demanda Christel, brisant le silence.

« Oui, » répondis-je, mon cœur lourd. « Mais parfois, je me demande si je ne suis qu'une pièce dans son échiquier. »

« Ne sois pas si dure avec toi-même, » me conseilla Christel. « Tu as beaucoup à offrir. Et il le sait. »

Je hochai la tête, mais je me sentais toujours perdue, prise dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Alors que je contemplais la scène, je me demandais ce qui m'arrivait...