Chapitre 13 : Le palais de Dieu

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« Alors ? Que penses tu de ma nouvelle création ? Je te présente mon abeille.» Un certain docteur.

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Aux confins d'une terre céleste suspendue entre ciel et abîme, s'étendait une vaste citadelle morte, presque spectrale. Ses contours flottaient dans une irréalité trouble, comme rongés par le passage du temps et les morsures des flammes. La terre, à moitié ravagée, n'était plus qu'un désert de cendres et de rocailles, éparpillé de débris épars — vestiges mutilés d'une grandeur révolue. Des tours jadis orgueilleuses gisaient brisées, leurs sommets fracassés pointant vers un ciel d'acier, tandis que les remparts invincibles n'étaient plus que des ossements de pierre jonchant le sol.

L'air lui-même était dense, presque tangible, alourdi par une odeur métallique de rouille et de cendres froides. Chaque souffle semblait chargé de murmures étouffés, comme si les murs déchus de la cité pleuraient encore les âmes qui l'avaient quittée.

Une brume bleutée, épaisse et hypnotique, serpentait à travers les ruines comme une entité vivante. Elle dansait sur le sol calciné, s'infiltrant dans les fissures béantes et enveloppant les structures effondrées, gardienne silencieuse de ce sanctuaire oublié. Elle semblait immobile et éternelle, comme si elle portait en elle les mémoires enfouies de ce lieu.

Il n'y avait pas la moindre once de vie, mais un étrange paradoxe habitait ces lieux : une sérénité perverse, presque trompeuse. Ce havre de paix empoisonné par l'éther du temps se tenait là, figé dans une douleur muette. Chaque pierre, chaque cicatrice semblait murmurer une histoire d'effondrement, de guerres atroces et de la vanité de l'histoire, perdue dans les vestiges d'un passé qui ne voulait pas mourir.

Cependant, derrière cette brume éparse, émergeait un somptueux palais, baigné d'une lumière froide et irréelle. Sa silhouette gigantesque dominait l'horizon brisé, défiant l'abandon et le silence des ruines qui l'entouraient. L'architecture du palais, d'une splendeur sublime, semblait presque divine, mais une étrangeté troublante se dégageait de ses contours : les tours effilées, telles des lames spectrales, semblaient vouloir transpercer les cieux, tandis que des arcs délicatement sculptés formaient des motifs changeants, comme s'ils pulsaient d'une vie propre sous la lumière spectrale qui les caressait.

Les murs, animés d'un étrange éclat, vibraient comme s'ils portaient les mémoires du monde. Chaque relief semblait conter une histoire oubliée, mais c'était le plus grand d'entre eux qui captivait irrémédiablement l'attention : une fresque monumentale représentant Arkois, figure titanesque et souveraine, assis sur un trône céleste. Entre ses mains gigantesques, il tenait la Terre, minuscule et fragile, comme un joyau qu'il pouvait briser à tout instant. Ses traits, à la fois majestueux et terrifiants, dégageaient une aura écrasante, inspirant une crainte révérencieuse.

Arkois semblait omniscient, omnipotent, régisseur de tout ce qui existait sous ce ciel moribond. Ses yeux, taillés dans une matière obscure qui absorbait toute lumière, fixaient silencieusement les ruines, comme s'il contemplait l'étendue de son empire déchu ou attendait les prochains intrus pour les juger. Son aura toute-puissante, empreinte d'un hubris absolu, n'était pas seulement celle d'un dieu : elle évoquait la domination sans partage, le triomphe de la vanité sur la création.

Le palais lui-même semblait vibrer au rythme de cette présence divine et écrasante, mêlant une beauté indicible à une menace latente. La brume, enroulée autour des bases colossales de l'édifice, semblait se plier devant la volonté d'Arkois, s'écartant comme un voile révérencieux pour dévoiler l'étendue de sa gloire immortelle.

Fantastic-Time 0 : AnathèmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant