𝟏𝟒. 𝐋𝐄 𝐏𝐀𝐑𝐀𝐃𝐈𝐒 𝐄𝐍 𝐍𝐎𝐔𝐒

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— Le paradis ?

— Oui, le paradis ! tonna-t-elle.

— Mais alors, où étions-nous jusqu'à présent ? dit-elle, surprise.

Anaïs était grandement étonnée de ce que le valet venait de dire. Ne se trouvait-elle pas déjà dans l'antre même du domaine paradisiaque, avec ses plus merveilleux jardins qu'ils avaient parcourus en long et en large depuis maintenant plus d'une quarantaine de minutes ?

Comment se faisait-il alors que cette immense foule, composée de milliers de personnes – hommes, femmes et enfants confondus – qu'elle voyait passer à l'instant sous leurs yeux, et qui étaient vêtus de vêtements entièrement blancs, ayant à leurs poignets de fins anneaux de couleur, ne soit pas le paradis ? Pouvait-elle aussi, se rendre pour sa part vers le paradis ? Que devait-elle comprendre par cela ?

— Attendez un instant, s'il vous plaît, dit-elle en essayant de ralentir la cadence des choses. Cher monsieur... monsieur...?

— Hernrim... Monsieur Hernrim, le valet du prince MilHia Escarlata.

— Oh oui... Veuillez encore excuser mon ignorance quant à votre nom, mais j'aimerais comprendre comment se fait-il que tous ceux-ci ont pour destination un paradis autre que celui où nous sommes ? Je veux dire, n'y sommes-nous pas déjà, comme me l'a dit le ... le fameux ... comment s'appelle-t-il déjà ?

— Le prince MilHia, dit-il en l'aidant à s'asseoir sur l'un des bancs qui se trouvait là, au milieu du jardin.

— Ah si... le prince MilHia.

— Ne t'en fais pas, tu comprendras mieux. Il s'agit bel et bien du même paradis dont tu as entendu parler, celui tant recherché par les hommes.

— Mais alors, il en existe donc plusieurs ? Si là où nous sommes présentement c'est le paradis et que le lieu où se rendent ceux-ci c'est aussi le paradis, c'est qu'il en existe alors plusieurs, conclut-elle.

Le valet du prince se mit à fixer profondément la jeune fille qui se trouvait assise auprès de lui, lui jetant un large sourire empli de considération.

— À vous voir maintenant, je comprends mieux pourquoi le prince vous a choisie. C'est magnifique, l'âme que vous êtes... dit-il en lui souriant de plus belle.

— Vraiment ?!

— Il n'existe qu'un seul paradis, Anaïs, commença-t-il lentement. Cependant...

— Cependant ?!

— Te souviens-tu du lieu où tu te trouvais avant de venir ici, lorsque tu étais en face du prince ? questionna-t-il.

— Hum oui, je crois... C'était une sorte de tribunal tout blanc. J'ai même cru que c'était pour moi l'heure du jugement. Aaaaah aaaah, dit-elle en riant.

— Hum... et te souviens-tu du nom de ce lieu ?

— Non, non, pas vraiment... Je l'ai entendu le dire, mais brièvement... lorsque j'ouvrais à peine les yeux.

— Eh bien, sache que tu te trouvais dans le SHYON Koefar, le sein de la grande bibliothèque de Sion, dans le paradis.

— Quoi ?! Encore un paradis ? J'y étais donc déjà depuis mon arrivée ici ? Mais le prince m'a dit... Il m'a dit : « Je t'enverrai visiter le paradis... » Et c'est alors que je me suis retrouvée là avec vous...

Anaïs lança un regard rapide à la foule de personnes qui continuaient d'avancer pas à pas vers le fond du jardin où ils étaient, disparaissant dans l'invisible d'un mur épais de nuées qui avait été dressé à cet endroit. Ceux-ci allaient en chantant de nombreux cantiques qui lui paraissaient nouveaux à son ouïe, mais qui lui procuraient cependant une grande paix intérieure. Ils tenaient tous en main des branches de palmes dorées qu'ils agitaient çà et là dans l'air devant eux, ce qui lui fit automatiquement penser aux feuilles de palmes qu'utilisaient certains enfants sur les rives de la plage de Bassam, dans son pays d'Afrique, sur terre.

𝐋𝐄𝐒 𝐅𝐋𝐀𝐌𝐌𝐄𝐒 𝐃𝐄 𝐋'𝐀𝐌𝐎𝐔𝐑 : 𝐓𝐇𝐄 𝐒𝐓𝐎𝐑𝐘 𝐎𝐅 𝐌𝐈𝐋𝐇𝐈𝐀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant