Chapitre 1 : Alain

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Je me réveille en douceur par une bouche qui me bécotte.

- Allez debout ! Tu vas être en retard, me chuchote Florence.
- Quelle heure est-il ? Je rêvais et c'était bien, t'aurais pu attendre cinq minutes, je râle pour la forme.
- Lève toi ton café est coulé et je t'ai même fait du pain perdu.
- T'es matinale aujourd'hui ! Je me redresse sur mes coudes et observe mon épouse se diriger vers la penderie. Je la regarde s'habiller et contemple inlassablement chaque matins ce spectacle.
- Oui et toi tu as du retard sur ton chantier donc s'il te plaît ne traîne pas sinon le big boss va encore brailler dans les bureaux.
Florence et moi travaillons pour la même entreprise. Elle s'occupe de la comptabilité et de la gestion des clients tandis que je suis staffeur sur les chantiers. Nous nous sommes rencontrés après son embauche. Elle était belle, jeune et sortait tout juste de l'école. Je suis tombé sous le charme de ses grands yeux marrons au premier regard. Une semaine plus tard je l'invitais à dîner puis je l'emmenais au bal des pompiers. Dans la soirée je tombais amoureux d'elle et de son rire. Oui, je pense plus l'avoir conquit avec mon humour plutôt qu'avec ma belle gueule. Je me suis toujours trouvé banal tandis qu'elle a toujours admiré mon physique. Elle me fait tellement rire quand elle me dit que je suis comme le bon vin et qu'avec le temps je me bonifie.
- Allez Don Juan debout maintenant ou je te sors de là moi même.
- J'aime quand tu es autoritaire !
Je ris, me lève, enlace ma femme et lui embrasse le cou.
- Je suis sérieuse Alain, tu rentres tard en ce moment et j'aimerais vraiment que ce soir tu finisses de bonne heure. Maintenant qu'Adrien et Faustine sont en ménage, je m'ennuie vite, seule dans cette maison. Les enfants me manquent, mes deux bébés ont quittés le nid et moi je ne serre plus à grand chose, boude-t-elle.
- D'accord ! J'essaierais de ne pas accumuler de retard et arrête je suis comme ton grand bébé moi ! J'ai toujours besoin de toi et les enfants viennent souvent nous voir. Ils n'ont pas rompus les liens, ils ont juste pris leur envol.
Je la tourne vers moi et lui donne un baiser. Je la presse un peu plus contre moi et elle rit à gorge déployée.
- N'y compte même pas ! Dit-elle en me repoussant gentiment.
- Quoi ?! Tu devrais être contente de me faire encore cette effet après vingt ans de mariage !
Elle rit encore quand elle arrive dans la cuisine. Je ne suis vêtu que d'un simple boxer et je la suis pour prendre enfin mon petit déjeuner avant de prendre une douche rapide.
Nous nous quittons pour notre journée respective et je m'empresse d'arriver chez ce nouveau client pour lui "habiller son intérieur" avec des décorations faites de plâtre.

***

Comme convenu ce matin, je n'arrive pas trop tard. Il est déjà 19 heures quand je franchi la porte d'entrée. J'enlève mes grosses pompes de sécurité pour éviter de salir l'entrée et je me dirige vers la cuisine en suivant l'odeur d'un bon plat mijoter par Florence.
- Bonsoir mon amour, lui dis-je en plongeant la tête dans son cou et les mains sur ses hanches.
- Bonsoir, me répond-elle simplement sans se tourner.
Je respire de nouveau l'odeur de son cou. Cette odeur m'apaise le soir après de longues et dures journées de travail. Son parfum vanillé mélangé à son odeur corporelle est pour moi une fraguance déstressante, et j'aime y plonger le nez comme un drogué en manque de came.
- Ça va ? Je la questionne.
Elle se tourne enfin vers moi et je remarque qu'elle a pleuré.
- Que t'arrive t-il ? Je lui effleure les joues de mes mains rêches portant encore quelques traces de plâtre.
- Ce n'est sans doute rien, ne t'inquiète pas. File prendre une douche, nous en rediscuterons en mangeant.
- Si tu pleures, ce n'est pas rien. Tu ne pleures jamais sans raison. C'est l'un des enfants ? M'inquièté-je aussitôt pour l'un d'eux.
- Non ne t'en fais pas. Douche toi et on voit ça après.
Je vois sur son visage qu'elle essait d'être rassurante. Aussi, je m'active, monte à l'étage où se trouve notre chambre et notre salle de bain, fais couler l'eau et y entre sans attendre à peine déshabillé.
Je redescends après avoir enfilé un jean et un tee-shirt propre.
- Tiens ! Me dit-elle en me servant un whisky sec comme je l'aime.
- C'est sérieux pour que tu me donnes un verre en pleine semaine !
J'attrape mon verre d'un main et sens ma tension monter. Je l'observe sans rien dire tandis qu'elle se serre également un verre auquel elle ajoute un glaçon.
- Oui, enfin je ne veux pas t'affoler mais je tenais tout de même à t'en parler.
Elle est on ne peut plus sérieuse et je commence à angoisser.
- Vas-y je t'écoute Flo, lui dis-je. Je tire la chaise devant moi et décide de m'y assoir. Elle fait de même sur celle la plus proche et attrape ma main.
- C'est probablement rien de grave mais ça fait déjà plusieurs semaines que je sens une boule au sein gauche et avant de t'en parler je suis allée voir notre médecin en fin de journée. Après palpation, il a lui aussi senti cette grosseur et je dois faire plus d'examens. J'ai rendez-vous pour une mammographie et échographie la semaine prochaine. Je me sens blemir et je vide mon verre cul sec. La brûlure de l'alcool descend jusqu'à mon estomac pendant que j'assimile ce que vient de me dire Florence.
- Ne t'inquiète pas Alain je suis sûre que c'est bénin. J'ai pleuré parce que j'ai paniqué mais attendons les résultats avant d'en tirer des conclusions.
- T'as raison, attendons la semaine prochaine. Débrouille toi comme tu veux avec les clients mais tu me fais place net dans mon emploi du temps, je t'accompagne !
Elle acquiesce et je la prends dans mes bras. Je sais très bien que nous avons toutes les raisons de nous inquiéter, sa propre mère a eu un cancer du sein et n'y a pas survécue. Quand on sait que l'hérédité est prise en compte, il y a de quoi avoir peur.
- Je t'ai fait des lasagnes, je sais que tu en raffole !
- Tu me connais mieux que moi-même.
Elle s'apaise et moi aussi. Nous mangeons et silence et ce soir là, dans notre lit conjugal je fais l'amour à la femme de ma vie, la mère de mes enfants, celle qui partage ma vie depuis vingt cinq ans et sans qui je ne me vois pas vivre !

***

Cc les filles (et les gars s'il y en a..mais vous êtes discret ). Je suis ravie de vous retrouver. Ça fait plusieurs semaines que cette histoire me trote au point d'écourter mes nuits, je voulais attendre bien sagement mes vacances mais c'est plus fort que moi. J'attends avec impatience (comme d'hab) vos avis sur ce premier chapitre.
À bientôt ;-)
Lilie

Ne t'arrête pas de vivre *sous Contrat D'édition*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant