Chapitre 58 : Héritage

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Calliope

La bouche pâteuse et les membres engourdis, j'émerge tout doucement de ma longue léthargie.

Mes oreilles bourdonnent, ma tête est lourde. Mon corps entier est ankylosé, comme écrasé par une montagne. Le simple fait d'ouvrir les yeux me paraît insurmontable.

Mon cerveau reprend son travail. Il calcule, réfléchit, surchauffe. Des bribes de souvenirs me reviennent, mais tout me semble flou.

De mes mains, je tâtonne à la recherche d'un indice pouvant m'indiquer où je suis. Je ne sens rien d'autre qu'un sol froid et granuleux.

Peu à peu, mes sens s'éveillent un à un.

Je capte un sifflement, comme le bruit d'une ventilation légère. Mes narines frétillent et se retroussent face à une odeur désagréable de moisissure et cette humidité ambiante. Un goût ferreux trône dans ma salive à chaque fois que je tente de déglutir.

J'ouvre la bouche et laisse échapper une profonde expiration.

Suis-je morte ?

De toute la force dont je dispose malgré mon corps qui ne souhaite que se rendormir, je tente à nouveau d'ouvrir les yeux. Mes paupières papillonnent péniblement, comme scellées par une nuit de sommeil profond. Et lorsque je parviens finalement à voir, c'est comme si mes efforts étaient vains.

Mon cœur s'emballe, la peur détonne dans mon estomac et se propage dans tous mes muscles. Je ne vois rien d'autre que l'obscurité. Rien.

La respiration haletante, je me redresse, mon corps en éveil grâce à une puissante dose d'adrénaline. Ma tête tourne, le sol menace de m'engloutir de nouveau. Je remonte mes genoux et pose mon front dessus pour tenter de calmer la crise d'angoisse qui me tenaille.

Mais dans ce lieu inconnu, il m'est impossible d'apaiser ma peur irrationnelle.

Des plaintes douloureuses m'échappent, je suffoque, comme si l'oxygène ne me parvenait plus en quantité suffisante. Désormais, le silence est comblé par mes mouvements nerveux et ce cliquetis métallique qui résonne autour de moi.

En voulant porter ma main à mon cœur pour essayer d'en calmer les palpitations, je remarque que quelque chose entrave mon geste. Une pression sur mon poignet accentue mon anxiété. Lorsque je tâte de ma deuxième main, je comprends qu'une chaîne a été nouée autour de mon poignet.

De mes doigts tremblants, je remonte nerveusement la longueur de la chaîne jusqu'à tomber sur un anneau vraisemblablement fixé dans un mur en pierre.

Des larmes roulent sur mes joues, s'écoulent le long de mon cou et terminent leur course dans la noirceur qui m'enveloppe. Mon cœur est comme pris en étau, chaque seconde un peu plus comprimé par des griffes effilées.

Je suis morte. Et je me trouve à présent en enfer.

Face à cette réalité, je me recroqueville de nouveau sur moi-même et pleure à chaudes larmes. Ma main libre de toute entrave trouve son chemin jusqu'à mon bas-ventre parcouru de spasmes douloureux. Même dans l'au-delà, ma première pensée va à ce petit être qui n'aura pas eu l'occasion de voir un jour la beauté du soleil ni même de ressentir sa toute première bouffée d'oxygène.

Je pleure bruyamment la vie que j'aurais pu avoir, celle que j'aurais eue si je n'avais pas désobéi.

Mes pensées sont assaillies par un torrent d'émotions, si bien que je m'y perds. Je me noie dans la douleur, m'enfonce dans les abysses. Personne ne me sauvera désormais, je suis vouée à une éternité de souffrances. Et je l'aurai mérité.

Face à face - Tome 1 & 2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant