Les pirogues en flammes (3)

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L'arrivée des Ioulleminden renversa encore une fois la situation. Ils étaient les meilleurs guerriers qu'on eut jamais vu sur les rives de Djoliba et leurs forces étaient intactes car ils ne s'étaient pas battus depuis longtemps. Comme un troupeau de buffles en furie, ils se précipitèrent sur l'armée de Moktar. Bientôt, les guerriers de Timbouktou durent battre en retraite, abandonnant tout le terrain gagné depuis la veille. Tous croyaient que les Ioulleminden étaient conduits par le redoutable Ag'Illies en personne, car sous le taguelmoust nul ne pouvait reconnaître Ag'Trokel dont le courage et l'ardeur au combat égalaient ceux de son chef. Oubliant sa promesse, Ag'Trokel se lança à la poursuite de ses ennemis en déroute.

Abandonnés des dieux, Moktar et son armée se trouvèrent dos aux lourdes portes de bois cloutées de bronze, luttant pour empêcher leurs ennemis d'entrer dans leur ville. Le vieux Maïga, du haut de ses murs, voyait son fils aux abois. Moktar, le brave, marcha vers la haute silhouette au taguelmoust noir et au bouclier blanc maculé de sang. Croyant affronter Ag'Illies, il pensait que tuer leur chef était la seule façon d'arrêter les Ioulleminden. Le choc fut bref et d'une violence inouïe. Ag'Trokel, trahi à son tour par les dieux, tomba criblé de lances et l'épée de Moktar lui porta le coup fatal. Il se pencha sur l'agonisant.

Avait-il vaincu l'invincible Ag'Illies ? En dénouant le taguelmoust, il reconnut Ag'Trokel.

– Hélas, Moktar, ma mort sera aussi la tienne, car Ag'Illies me vengera.

Iliade africaine   (version originale en français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant