13. Le dîner, le before

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Cette première journée était plutôt sympa. Bosser comme assistante d'un gars cool dans une boutique de fringues, en fait c'est un bon plan pour démarrer ma nouvelle vie. Je suis restée après la fermeture avec Matéo pour ranger son bureau et me faire de la place. J'ai fait traîner au max pour ne pas rentrer trop tôt.

Tellement hâte de retrouver Grincheux !

Je mets mes clés dans la serrure de la porte pour entrer chez moi, chez David. Ma clé ne s'enfonce pas jusqu'au bout et je comprends immédiatement qu'il a laissé les siennes derrière.

Quel boulet !

Deux options ! Soit, il a fait exprès pour ne pas que je rentre. Soit, il a oublié mon existence.
Je sonne et frappe à la porte jusqu'à ce que j’entende des pas qui arrivent derrière celle-ci.

— On a rien commandé et on n'est pas intéressé ! râle une petite voix féminine.

— J’habite ici et j'aimerais bien entrer. Et t'es qui toi d'abord ? m’étonné-je.

— Impossible ! La seule fille ici c'est moi, déclare la voix.
— À qui tu parles ?

Je reconnais au loin la voix de David sur cette dernière phrase.

— C'est Iris ! Ouvre la porte ! crié-je impatiente.

Il s'exécute. Je pousse la porte à peine déverrouillée, en pétard et file dans ma chambre sans adresser ne serait-ce qu'un mot ou un regard à qui que ce soit.

Moi qui avais stoppé l’Atarax… Je regrette.

Je laisse mes talons au seuil de la chambre, trop saoulée pour les retirer à la porte d'entrée. Comme à mon habitude, mon soutif est vite détaché et jeté quelque part. Je me lance sur le lit dans un plongeon telle La Petite Sirène et savoure ce moment de calme.
Calme qui ne dure pas plus de quinze secondes. La porte s'ouvre alors que je reste la tête enfoncée dans les coussins.

— Fallait me dire que c'était toi Iris, me sermonne cette petite voix. Comment je devine que t'es pas une folledingue ?

Je me tourne et me redresse pour voir qui me parle ainsi. Je reste étonnée de voir une petite fille, avec des couettes brunes, le teint hâlé et les yeux tirés.

— Tu sais moi je m’appelle Élya, annonce-t-elle fièrement. J'ai 6 ans, je suis au CP. J'adore trop les spaghettis et les boulettes mais j'aime trooop les petits mignons lapins aussi, fait-elle en gesticulant dans tous les sens.

C’en suis un monologue interminable que je n'écoute qu'à moitié, toujours allongée sur mon lit.

— … mais franchement je préfère mille fois plus Mulan ! Ah non ! Alerte rouge ! J'adore les pandas roux ! Tu peux dire à David qui m'en achète un ? Imotep il veut jamais me faire des câlins à moi. Et j'aime pas trop les poissons rouges. Je peux pas faire de câlins non plus, fait-elle en louchant sur mon bocal.

— Chris Evans, le poisson rouge, dis-je.

— C'est bizarre un peu comme nom, me snobe-t-elle.

— Captain America tu connais ? demandé-je en me levant.

— David veut pas que je regarde. C'est pas de mon âge.

Déjà si jeune il la prive de ça ! Quel rabat-joie !

— Je vais lui en tirer deux mots…

— Mouais… j’ai faim ! Tu vas faire quoi à manger ? demande-t-elle les points sur les hanches.

— T'as qu'à demander à David ce QU'IL compte TE faire à manger, lancé-je en quittant ma chambre.

Je me dirige vers le salon et trouve David au téléphone.

— … 19h15. OK… Merci, bonne soirée.

Il raccroche et me regarde l'air “je ne sais pas trop ce que j’ai fait de mal”.

— Tu comptais me dire quand qu’on avait une invitée ? demandé-je. Et c'est qui cette gamine qui veut savoir ce que JE vais lui faire pour dîner ? dis-je en croisant les bras.

— Élya. C'est Élya. Et t'en fais pas pour le dîner, j'ai commandé des pizzas. Elle ne reste que cette nuit. Elle vient dormir là de temps en temps, annonce David en se rendant à la cuisine. T'as pas vu qu'il y avait une chambre de petite fille ? fait-il stupéfait en ouvrant le frigo.

Je me fige. C'est vrai que je n'ai même pas vu toutes les pièces de cet appartement. Salon/cuisine, ma chambre, la salle de bain. C'est tout ce qui m'importait. Qu'elle conne !

Même pas curieuse la meuf !

Des pas qui courent arrivent à toute vitesse vers nous. C'est là que je vois la gamine à couettes agiter une de mes boules à neige. Celle où est inscrit “Phuket” à l'intérieur.

— Hé regarde Phuket ! David ! Y’a écrit Phuket ! s'exclame-t-elle.

— Donne-moi ça microbe ! C'est à moi ! crié-je en lui attrapant au vol.

— Ça va pas de lui crier comme ça ! rage Grincheux. C'est une enfant Iris ! dit-il en la prenant dans ses bras. T'as qu'à ranger ton bordel ! T'en a mis partout de tes merdes en neige !

— Ma chambre, est, comme son nom l'indique MA CHAMBRE ! Ni toi, ni elle n'avez à y entrer ! C'est compris ?! hurlé-je. Vous me faites tous chier à la fin ! laché-je en m’enfonçant dans le couloir pour retourner dans ma chambre.

Je commence à voir rouge. La journée c'était bien passée jusqu'à ce que je tente de mettre ma clé dans la porte. Depuis, tout va de travers ! Comment la journée a pu devenir si dégueulasse en 15 minutes ?
J'avoue, je me suis emportée. David a raison. Je n'aurai pas dû lui parler comme ça. C'est une gamine. Mais quand je l'ai vu secouer cette boule à neige de Thaïlande, j'ai eu peur qu'elle la fasse tomber, quelle se casse. Comme une conne, j'ai eu l'impression que les souvenirs de ce séjour partiraient avec les débris de l'objet.

Secrètement, j'aimerais revivre chacun des bons moments de ces derniers mois avec Stan. Il m'a vraiment offert mon rêve, mais en a aussi détruit quelques-uns au passage. L'espoir d'une vie normale à ses côtés. L'envie de faire comme tout le monde, quitte à me faire chier quelques fois, bloquée dans une routine infernale. J'ai trop été instable, à ne pas me soucier du lendemain quand je bossais pour Sélène. Mais tout me ramène à cette ancienne Iris dont je ne voulais plus. Les souvenirs de Stan, et Sélène. Déjà que je promène avec des dizaines de boules à neige, un poisson rouge chiant à mourir, maintenant il y a le frérot du “tempsdunsoir”. Je dirais même que c'est pire qu'avant.

J'espère que ce chapitre ,qui ne date pas d'il y a 6 ans 🤫, vous aura plus

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J'espère que ce chapitre ,qui ne date pas d'il y a 6 ans 🤫, vous aura plus. J'ai eu tellement de mal à reprendre où je m'étais arrêtée. Mes idées étaient toujours là, des nouvelles aussi, mais "le truc" que j'avais à l'époque semblait tellement loin.
De mon côté j'ai presque fini l'écriture de L'imposture 4, je me tiendrais à un chapitre par jour comme depuis le début.
On y croit 🤞
Bisous bisous 😙

L'imposture 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant