Dilemme

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OLLY.
Olly ouvrit la porte en retenant ses sanglots. Face à elle, assis parterre et l'air à bout de forces, se tenaient Hazel et Percy. À côté d'eux, Jason ne bougeait toujours pas, assommé par sa chute. Percy avait un bandage à l'épaule et au ventre, et Hazel n'avait rien. Olly voulut leur porter secours, mais lorsqu'elle tenta d'avancer, une force invisible l'en empêcha. Ils avaient l'air si faibles et mal en point...
-Olly..., souffla Percy.
Elle voulut lui répondre, mais une voix résonna dans la pièce sombre.
-Bravo ma fille, tu as trouvé l'utilité de cette clé. Je ne regrette pas de te l'avoir offerte.
Olly regarda sa hache.
-Trésor... Alors c'était toi?
-Oui, elle t'attendait à la colonie depuis des siècles, et tu l'as enfin trouvée.
-Comment ça depuis des siècles? Comment savais-tu que je la trouverais?
Gaïa ricana.
-Eh bien, ma chère, je te l'ai déjà dit. Tu as dormi. Longtemps.
Olly fut soudainement prise de panique, de peur de comprendre.
-Co,comment ça dormi?
-Lorsque tu es née, j'ai vu ton destin. Et il ne devait pas s'accomplir avant de longues années, Olly. Alors je t'ai emmenée sous terre et t'ai plongée dans un sommeil profond, pour que tu ne vieillisses point. Tu as dormi plus de mille ans.
La hache de Olly lui échappa de la main et tomba bruyamment sur le sol.
-Mille ans...non. C'est un cauchemar. Dis-moi que c'est faux.
-Mais non, petite, c'est la simple vérité.
-Pourquoi? Et mon père? Qui est-ce?
-Je ne sais pas, je ne me souviens pas de lui. Mais lorsque j'ai sû que tu me serais utile un jour, je t'ai prise avec moi dans les entrailles du monde.
-Tu veux dire que.. Tu ne te souviens pas de lui!?, s'énerva Olly. De mon père!? Et tu m'as enlevée sans sa permission...
Elle était complètement pommée, et elle tremblait de tout son corps maintenant. Son père était mort depuis mille ans, sans savoir où étaient passées sa fille et sa femme. Et Gaïa n'avait même pas prit la peine de se souvenir de lui. Ça la répugnait. Mais une autre question lui brûlait le bout de la langue.
-Tu dis avoir vu mon destin. De quoi parles-tu?
-Eh bien.. Vois-tu, tes "amis" présents, sont enfants des Trois Grands, se sont donc les plus puissants demi-dieux. Si tu récupérais leur puissance, tu pourrais me ramener à la vie, et nous pourrions régner ensemble sur ce monde!
-Comment ça, récupérer leur puissance?
-Il te suffit de les tuer. Tous les trois.
Olly resta paralysée, incapable de dire le moindre mot. C'était horrible, le plus horrible des dilemmes qu'elle n'aie jamais connu. Vous devez vous dire; elle tuerait ses amis pour régner sur le monde? C'est horrible!. Mais non. Elle s'en fichait bien, de régner. Mais le problème était Gaïa, sa mère. Elle était la seule famille qui lui restait, Olly n'avait personne d'autre. De l'autre côté, elle savait bien qu'elle ne pourrait pas tuer ses amis, et que si elle refusait, sa mère l'abandonnerait, ou la tuerait même peut-être.
Elle restait plantée là plusieurs minutes, à fixer le vide.
-Alors, ma petite?
À ce moment-là, Hazel leva les yeux.
-Olly.. Non..
La fille de Gaïa eut envie de craquer, de s'asseoir et de pleurer toutes les larmes de son corps. Mais elle se reprit, elle savait qu'elle devait rester courageuse. Elle pensa alors à la colonie, à ses amis, à Katie. Elle repensa à Piper, à sa dernière discussion avec elle. Et elle sut ce qu'elle devait faire.
-Non, dit-elle. Je ne le ferai pas.
-Comment ça?, gronda Gaïa.
-Tu m'as bien comprise. Jamais je me lèverai la main sur mes amis, tu entends!? Ils m'ont accueillie alors que je n'avais nul part où aller, ils m'ont aidée alors que j'étais perdue, ils m'ont donné tout ce dont j'avais besoin. Toi, la seule chose que tu as réussi à faire, c'est m'endormir pendant des siècles, m'arracher à l'amour d'un père, en sachant que ce jour arriverait. La seule utilité que j'ai pour toi, c'est de te faire régner sur le monde. Je ne suis qu'un outil à tes yeux, rien de plus. Et vu le monde que tu veux créer, je préfère te perdre plutôt que vivre ça. J'ai déjà trouvé une nouvelle famille, et tu n'en fais pas partie.
Il y eut un moment de silence, puis le ricanement de Gaïa résonna dans toute la pièce. Les murs se mirent à trembler.
-Très bien joué, Olly Drew. Mais sache qu'en prononçant ses mots, tu as scellé ton sort. Tu as peut-être retardé la mort de tes amis, mais pas la tienne. Ton destin est écrit.
La voix s'éteignit, et le champ de force maintenant Olly s'estompa. Elle courut vers ses amis en sortant sa gourde de nectar, et elle en versa entre les lèvres de Jason, qui semblait reprendre conscience. Alors qu'elle se tourna vers Percy, celui-ci tenta de parler.
-Olly, je, suis désolé. J'ai réagi comme un abruti alors que je n'aurai jamais du douter de toi. Ce que tu as fait...
-On n'a pas le temps d'en parler maintenant. Faut qu'on sorte d'ici.
Comme pour confirmer ses paroles, un bloc de terre se décrocha du plafond et s'écrasa à côté d'eux. Percy hocha la tête et aida Jason à se relever, tandis que Olly aidait Hazel. Elle ramassa sa hache, et une fois tous debout, elle les entraîna dans les longs couloirs du bunker. Tout tremblait et des briques tombaient près d'eux. Un bout de terre solide tomba vers Olly qui l'esquiva de justesse, mais il lui entailla tout de même gravement le bras. Et tout en courant, des larmes coulaient le long de ses joues. Elle ne savait pas pourquoi. De colère, de peur, de tristesse? Des trois? De peur pour ses amis, qui avaient frôlé la mort, de tristesse pour son choix, qui lui avait enlevé sa mère, et de colère contre les Parques et contre ce monde, de lui donner un destin si cruel.
Elle était tellement perdue dans ses pensées qu'elle ne remarqua que tard la lumière en face d'eux. Ils étaient bientôt au bout. Elle accéléra et sentit les autres en faire autant. Cinq mètres.
-Aller!!!, hurla-t-elle.
Mais lorsqu'ils arrivèrent à deux mètres de la liberté, Olly vit le plafond se fissurer. Et elle poussa Percy, Jason et Hazel à l'extérieur, alors qu'une avalanche de pierre l'engloutissait.

La Fille du MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant