La Fille du Monde

Un nouvel arrivant

OLLY.
Ce matin-là, Olly retrouva Annabeth et les autres en haut de la colline, pour dire au revoir à Frank et Hazel. Les demi-dieux romains repartaient pour le Camp Jupiter, après leurs deux semaines de permission. Tout le monde leur souhaitait bon voyage et Hazel serra Olly dans ses bras, alors que Frank lui donnait une tape dans le dos, manquant de lui couper la respiration.
-Bon, ben à l'année prochaine, vous deux, soupira Piper.
Hazel sourit.
-Ouais, à l'été prochain.
-Et tentez de pas crever d'ici là, rajouta Frank.
Ils rirent tous, puis les romains enjambèrent leurs pégases.
-Faites attention aux griffons, hein, rappela ironiquement Percy.
-On va essayer. Tchao!
Les chevaux ailés décollèrent et les autres se retournèrent vers la colonie en soupirant, pour retourner à leurs activités. Olly partit en courant vers l'arène de tir à l'arc, suivie par Percy et Jason. Ça faisait une semaine qu'ils étaient rentrés, et Olly n'avaient toujours pas de bungalow. Du coup, elle s'entraînait tous les jours avec les enfants des Trois Grands, eux aussi seuls dans leur bungalow. En arrivant, ils trouvèrent Nico.
-Salut Nico!, s'exclama Olly. Ça va?
L'ombre d'un sourire passa sur le visage du fils d'Hadès, qui répondit;
-Ouais, ça va. Alors, on s'entraîne?
Bien sûr, Olly savait que lorsqu'il disait "on", il ne parlait pas de lui. Nico détestait le tir à l'arc, à l'opposé de la fille de Gaïa.
Elle se plaça face à une cible et transforma Trésor en arc. Et le banda et décocha, pour que la flèche aille se planter dans le milieu de la cible.
-Trop facile!
-Ouais, ouais. Place au maître!
Olly pouffa en laissant Percy passer. Lui, un maître? C'était le pire archer existant sur cette terre!
En effet, le fils du dieu de la mer prit trente secondes à bander son arc à peu près convenablement, et décocha une flèche qui alla se planter dans une botte de foin, à deux mètres de la cible. Olly éclata de rire, suivie de Jason. Percy les regardait, en faisant semblant d'être vexé.
-Ben quoi? Elle était en plein dans le mille!
Olly réussit à se reprendre et le regarda dans les yeux.
-Des fois je me demande vraiment comment tu as réussi à tuer Géryon à l'arc.
-Parce que j'ai trop de talent, MOI!
-Ah bon? T'en es aussi sûr que ça?
-Eh oui! Vas-y, tire encore une fois!
Olly lui fit un sourire en coin, puis banda son arc. Mais lorsqu'elle tira, Percy lui donna un coup de coude, faisant dévier sa flèche. Cette dernière se planta à dix centimètres de Jason, qui étouffa un cri.
Ils éclatèrent de rire, puis Percy rajouta.
-Tu vois, j'ai plus de talent que toi! Je l'ai mise plus proche de la cible, la mienne!
Olly lui rendit son coup de coude en riant.
-Tricheur, va!
Et ils continuèrent à s'entraîner pendant une heure.
Olly n'en pouvait plus, et les salua d'un geste avant de partir à la Grande Maison. Elle passa par le réfectoire pour prendre une pomme, et reprit son chemin. Mais lorsqu'elle croqua dans son fruit, un cri attira son attention. En haut de la colline des Sang-Mêlés, un satyre apparu. Son t-shirt avait l'air déchiré et il avait perdu ses chaussures, laissant apparaître des sabots. Un jeune homme arriva alors à ses côtés, l'air sonné et ébahi.
Le cœur de Olly fit un bond dans sa poitrine. C'était impossible!
Pourtant, même à cette distance, elle reconnut ces boucles blondes. Sa pomme lui échappa des mains et roula dans l'herbe.
Le jeune homme croisa son regard, et la fixa, complètement immobile. Puis, d'un même élan, ils s'élancèrent l'un vers l'autre.
10 mètres. 5 mètres. 1 mètre.
Il la serra dans ses bras, alors que Olly enfouissait la tête dans son cou en riant.
Elle ne pouvait pas y croire, c'était un rêve. Mais non. Le jeune homme s'écarta et la scruta de ses yeux couleur miel.
-J'y crois pas, dit-il en plissant les yeux. Olly...
Des larmes de joie troublait la vision de la jeune fille, elle ne les retenait pas.
-Désolée, Noah, je suis tellement désolée.
Il lui sourit, puis essuya les larmes de ses joues et s'écarta doucement. Il tourna lentement en observant le paysage, comme si il prenait enfin conscience de l'endroit où il était.
Le satyre qui l'accompagnait accouru aussitôt et sourit à Olly.
-Olly! Ça va bien? Ça fait longtemps!
-Ouais, salut Tim.
-Toujours indéterminée?
La boulette.
Olly le fusilla du regard et le satyre écarquilla les yeux sans comprendre.
-Ok, ok, te fâche pas. Bon, je te laisse avec Noah, t'as l'air de le connaître.
-Ouais, c'est ça. Tchao.
Le satyre partit en trottinant et Olly sourit à son ami.
-Alors, Tim t'a expliqué?
-Euh, j'ai pas tout compris en faite. Ça veut dire quoi, indéterminée?
-Et ben mon vieux, j'ai beaucoup de choses à t'apprendre.
Elle rit, puis passa son bras autour des épaules de son ami. Ils partirent s'installer au bord du lac pour discuter.
Ils passèrent toute l'après-midi là-bas, vu que Noah avait un peu de mal à intégrer tout ça.
-Alors, les dieux sont nos parents?
-Oui! Enfin, non, un seul.
-On a tous le même?
-Non! Par les dieux, Noah, t'es lent du cerveau où quoi?
Il fronça les sourcils.
-Je...
-Bon, écoute, c'est la dernière fois que je le répète. Tu n'es pas comme les autres adolescents de l'école, parce que ta mère a rencontré un dieu, et tu es le fruit de cette union. Ton père est un dieu grec, et tous les gens qui sont ici ont aussi un parent divin, père ou mère. Compris?
Il y eut un petit instant de silence, comme si Noah surchauffait du cerveau.
-Mais alors c'est qui mon père?
-Raaaaaaaaah! (Olly se prit la tête entre les mains, avant de se laisser tomber en arrière en écartant les bras.) J'abandonne.
Le jeune homme rit, puis se coucha à côté d'elle.
-Tu sais Olly, tout le monde te croit morte là-bas. Si tu voyais tes parents..
-Ce sont pas mes parents, Noah, pourquoi ils s'en feraient pour moi.
-Je sais pas... Attends, quoi? De quoi tu parles, ce sont tes parents!
Olly eut un petit rire amer.
-J'y crois pas. Après tout ce qui s'est passé, ils l'ont quand même gardé pour eux.
-De quoi?
-Je suis pas leur fille, ils m'ont adoptée. Ça te va? Alors, non, je vois pas comment ils pourraient s'inquiéter pour moi.
-C'est.. C'est pour ça que tu es partie?
-Bravo, Sherlock. Tu commences à comprendre.
-Olly, dit-il d'une voix brisée, ça fait trois mois. Trois mois que tu as disparu sans dire quoi que ce soit. Je me suis renfermé sur moi-même, je ne parlais plus à personne. Je ne suis pas retourné en cours pendant une semaine. J'étais malade de penser qu'il aie pu t'arriver quoi que ce soit. Puis Tim est arrivé à l'école. On a sympathisé, et ce matin, on s'est fait attaqué par des je-ne-sais-trop-quoi et il m'a amené ici. Je comprenais rien, j'étais pommé. Puis je t'ai vue, et tout s'est arrêté. Ces trois mois ont été les plus horribles de ma vie sans toi. Tu est partie sans rien dire, sans un mot! Olly, tes parents t'aiment, quoi que tu penses. Même si il t'ont caché la vérité pendant plusieurs années, ils tiennent à toi plus qu'à n'importe qui d'autre, et moi aussi. Essaie de comprendre leur choix, qu'aurais-tu fais à leur place?
Olly ne répondit pas. Elle ne savait pas quoi dire, Noah avait raison. Elle avait mal réagi, mais ses parents aussi. Elle le regarda en soupirant.
-Je sais pas, Noah, j'y réfléchirai. Mais pour l'instant, je dois te faire visiter cet endroit.

Elle lui montra la colonie entière, des écuries à pégases aux champs de fraises. Mais lorsqu'ils arrivèrent aux bungalows, quelqu'un interpella Olly.
-Olly! Attends-moi!
Math arriva en courant et la fille de Gaïa lui sourit.
-Math! Ça va?
Il la salua d'un geste.
-Ouais, bien sûr, et toi?
-Oui, oui. Tiens, je te présente Noah. Noah, Math, Math, Noah.
Les deux garçons se jaugèrent quelques secondes, puis le fils d'Hécate brisa le silence.
-T'es l'ami de son école?
-Ouais, c'est moi, répondit sèchement Noah. Et toi, t'es qui?
-Moi, je suis son meilleur ami.
Noah branla la tête.
-Désolé, mais la place est déjà prise.
Olly les regardait l'un après l'autre, comme si elle suivait un match de tennis.
-Les gars, calmez-vous, il n'y a pas besoin de...
-J'y vais, l'a interrompue Math. Salut Olly.
-Math...
Mais le jeune homme était déjà loin. Olly fixa Noah, les poings serrés.
-C'est bon, vous êtes fiers de vous?explosa-t-elle. Compte pas sur moi pour te faire visiter le reste de la colo.
Elle se retourna et partit en courant vers son endroit préféré, laissant Noah seul au milieu de la pelouse.
Elle s'assit au bord de l'eau en soupirant bruyamment, quand une petite vague s'écrasa sur elle, la trempant de la tête aux pieds.
Elle jura.
-Percy! J'ai pas envie de rire!
Le fils de Poséidon s'assit en riant.
-Ben justement, c'est pour ça que je fais ça.
Olly tourna la tête vers lui en le fusillant du regard, puis eut un sourire en coin. Elle tendit la main, et une vague de terre entraîna Percy dans le lac. Il ne réapparut pas, mais une autre vague entraîna Olly à son tour. Elle tomba dans l'eau en criant, puis sentit Percy l'attraper. Ils remontèrent à la surface et il lui sourit.
-Alors, Princesse de l'Agacement, qu'est-ce qui te chagrine?
Elle détourna les yeux.
-Rien, c'est pas important.
-En tout cas, ça l'est assez pour te rendre triste. Allez, dis-moi.
Olly prit une grande inspiration.
-Comment est-ce que tu réagirais si deux personnes dont tu es très proches se détesteraient mutuellement?
-Et c'est qui, c'est deux personnes?
-Mon meilleur ami qui vient d'arriver à la colonie, et Math.
Le fils du dieu de la mer fronça les sourcils, comme si il réfléchissait intensément, ce qui, entre parenthèse, devait être très rare chez lui. Finalement, il prononça son verdict.
-Si j'étais toi, je ne leur parlerai plus jusqu'à ce qu'ils viennent s'excuser eux-mêmes et qu'ils comprennent leur erreurs. Ne t'inquiètes pas, ça passera.
Il lui sourit, mais Olly n'en était pas sûre. Les éviter? Comment? Ils étaient tous à la colonie, ils se croiseraient forcément tous les jours!
-Merci..., répondit-elle. Bon, on sort?
Percy acquiesça et les éjecta sur la rive. Bien sûr, lui était sorti complètement sec du lac.
-Je vais me changer, annonça-t-elle en se levant. À ce soir.
-À ce soir!
Olly partit en courant vers la Grande Maison. Elle grimpa les escaliers quatre à quatre pour arriver à sa chambre. Elle se précipita dans la douche, puis en ressortit en attrapant des habits secs. Un t-shirt orange et un short en jeans. Elle s'habilla et tenta tant bien que mal de tresser ses cheveux. Peine perdue, ils étaient incoiffables, comme d'habitude. Elle abandonna cette idée et sortit en courant de la chambre. Elle se dirigea vers l'arène en mettant la main dans sa poche, pour attraper son fidèle porte-clés. Elle le changea en hache, mais elle pila net à l'entrée de l'arène. Math était là, en train de se battre contre un mannequin de paille.
Elle resta une seconde immobile, puis se retourna pour partir. Mais elle eut à peine levé le pied que Math l'appela.
-Olly?
Elle se tourna face à lui, sans le regarder dans les yeux.
-Quoi?, répondit-elle sèchement.
Math écarquilla les yeux, l'air surpris.
-Écoute, je suis désolé de ma réaction. Tu connais Noah depuis bien plus longtemps et vous êtes proches. Ne vous disputez pas à cause de moi, je me sentirai vraiment mal. Je vais aller lui parler.
Olly resta sans mot devant le fils d'Hécate. Percy n'avait pas prévu ce retournement de situation.
-Je, euh...
Il lui fit un petit sourire.
-Et je comprendrais si tu ne voulais plus me parler. Je vais voir Noah.
Il sortit en trombe de l'arène, laissant Olly fixer le vide. Elle se retourna doucement et le suivit, pour voir ce qui allait advenir.
Elle les retrouva près du réfectoire, en train de s'expliquer. Math gesticulait, tandis que Noah l'écoutait en fronçant les sourcils. Olly ne les entendait pas, mais après quelques minutes, ils se serrèrent la main, et elle supposa que c'était bon signe. Elle se dirigeait vers eux, quand la conque du souper sonna, et tous les pensionnaires se dirigèrent vers leurs conseillers de bungalows. Quant à Olly, elle alla directement s'asseoir à la table principale, où elle mangeait tout le temps. Elle dressa les sourcils en voyant Noah et Math s'asseoir l'un à côté de l'autre, mais avait tellement faim qu'elle l'oublia vite. Elle baissa les yeux vers son assiette, le ventre gargouillant.