Des petits mots maladroits

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Comme je l'avais pensé, le trajet s'était passé à merveille avec l'homme mystérieux. J'avais décidé de l'appeler ainsi. Je trouvais que ce petit surnom collait bien au personnage qui n'avait cité à aucun moment son passé ni même son nom à mon plus grand désespoir. J'avais peut-être attisé sa curiosité, et lui, la mienne, mais à aucun moment il ne crut bon de me laisser l'interroger sur sa personne. À chaque fois que j'ouvrai la bouche avec en tête une question toute prête, il me coupait avec une phrase toute bête et aussitôt je me lançais dans une longue tirade, ravie de répondre, que l'on me porte de l'attention. Si bien qu'à présent, cet inconnu savait presque tout de moi et moi, que savais-je de lui ? Rien du tout. Il avait dû drôlement se divertir avec moi autant que compagne de voyage.

Mon sac derrière moi et mon portable à la main, je finissais par composer le numéro de mon père. Après l'atterrisage, l'homme mystérieux s'était assuré que je récupèrai ma valise sans encombre pour subitement dispaître sans me saluer. C'est alors, morosse que j'attendis que l'on décroche. Une sonnerie, deux sonneries...

- Euh... Alice ? J'arrive... Je-excuse-moi du retard...

- C'est le moins que l'on puisse dire, ça fait vingt minutes et 55 secondes que j'attends, sans compter les cinq minutes pour descendre de l'avion !

Dis-je en regardant ma montre. Je ne mentais pas et bien que je disais cela pour rire, mon père se mit à bafouiller des excuses encore et encore jusqu'à ce que je finisse par raccrocher. J'admets que mon ton pouvait porté à confusion, bon d'accord cela n'y était pas du tout mais j'étais si déçue que ma curiosité ne soit pas assouvie ! Il fallait me comprendre !

Du bout des doigts, je tapottais la coque de mon téléphone. Un signe de mon impatiente, je ne serais dire ce qu'il me prenait aujourd'hui, mais je n'étais pas capable de me contenter de sagement attendre. Peut-être que l'excitation de nouveaux horrizons y était pour beaucoup, tout comme les autres petits désagréments... Les yeux dans le vide, je me décidai à porter plus d'attention à ce qui m'entourait pour en oublier mon attente. Jusqu'alors, je ne m'étais intérressée qu'à l'homme mystérieux. Après sa fuite, si je puis me permettre d'appeler ainsi son départ, je l'avais recherché puis ma recherche c'était alors porté sur mon père, qui encore, la veille m'avait promis d'être là à l'heure. À cette pensée, je souris doucement si il n'avait pas tenu cette promesse, il avait tenu toutes les autres. C'était un homme d'honneur.

Tout autour de moi, divers individus passaient. Certains daignaient me porter un bref coup d'oeil mais la plupart de ces gens ne faisaient que porter de l'intérêt à leur petit monde. En somme, rien de bien différent de l'endroit d'où je vennais. Les choses pourraient être comme en France, dans ce cas. Seulement ici, tous les habitants de ce petit pays semblaient si identiques. Serait-je mal vu si je me permettais de dire qu'ils se ressemblait presque tous ? Je savais bien qu'il s'agissait que d'un stéréotype, seulement au premier coup d'oeil, ils semblaient si semblable... Mais ce n'était qu'en partie réelle, en faite, alors que je plissais les yeux pour porter plus d'attention à quelques individus présents, je me rendis compte que leur différence ne se faisait pas par leurs cheveux ou encore par leurs vêtements comme jusqu'alors je me l'étais imaginée, je sais c'était très cliché. Mais ils étaient tous belle et bien différents ! Leurs traits devaient être aussi unique que leurs traits de caractères, leur personnalité. Chacun présentait des particularités qui leurs étaient propres. Je trouvais ça si passionnant ! Néanmoins, malgré cette découverte passionnante pour moi, je devais me rendre à l'évidence. Là, ici dans cet aéroport, nombreux étaient les occidentaux, enfin il n'était pas plus présent que les asiatiques, cependant je ne faisais alors pas particulièrement tâche dans le décor. Mais j'en étais sûre, une fois que je m'avancerai dans les rues bondées de Séoul ou bien tout simplement dans celles de mon quartier où je résiderai à présent, l'attention se poserait sur moi. Mes cheveux blonds où quelques mèches châtains se trouvaient ne passeraient pas inaperçus. Tout comme l'incroyable pâleur de ma peau, qui avait fait jassé même en France. Il faut avouer qu'avec une mère bronzée, un beau-père d'origine Africaine et deux petits métisses aux yeux couleurs azurs qui me servaient de frères, j'avais vite fais de passer pour l'intrue de la famille. Cette différence m'avait souvent amusée, il m'étais arrivé de faire croire que j'étais une enfant adoptée et ainsi ma famille devenait de bons samaritains et non plus un sacré mélange exotique. Seulement, ici, cela ne me servirait en rien de sortir ce stupide mensonge.

L'impossible est toujours possibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant