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Dans le service des soins palliatifs, une pièce est à disposition des malades et des familles. Un maladroit mélange entre salle à manger, salon et pièce de convivialité.

Aujourd'hui, après l'acrobatique transfert de mon lit vers la chaise roulante, nous nous sommes dirigés vers la salle en question. Nous avons été surpris par la foule présente. Une grosse vingtaine de visiteurs sur leur trente et un. Ils se sont tous écartés pour laisser passer une personne portant une écharpe mayorale. En m'apercevant, certains m'ont fait des sourires et ont même proposé de me laisser de la place.

Je commence à me sentir chez moi dans ce service. Allez savoir pourquoi mais cette intrusion d'étrangers me semblait une agression envers mon petit univers. J'ai demandé à mon épouse de faire demi-tour et de revenir dans la chambre.

Mon fils, toujours curieux et j'en suis fier, est parti mener son enquête. Mais ce n'est que lors du passage de l'infirmière que nous avons eu toutes les informations.

C'était le mariage de D..., le patient de la chambre voisine à la mienne. De l'autre côté, c'est R..., une dame atteinte d'un cancer des poumons que je vois régulièrement passer devant ma chambre quand elle va fumer une cigarette à l'entrée de l'hôpital.

Quand à D..., je n'ai fait que l'entrapercevoir. Un grand et jeune gaillard au crâne luisant, à la peau blafarde tirant sur les os comme une toile trop tendue. Nous n'avons jamais engagé de conversation. Aujourd'hui, D..., patient des soins palliatifs, s'est marié. Cela me semble aberrant, absurde. Ma compréhension est mise à dure épreuve, je vais y réfléchir.

À demain...

Le blog d'un condamnéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant