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Automne - A l'ombre du marronnier

                                        I

Encore dans les vappes, Tony fut réveillé par le bruit des mouettes. Des mouettes?! Mais il n'y a pas de mouettes en plein centre de Londres! Interloqué, le jeune homme ouvrit les yeux et réalisa qu'il n'était plus dans son appartement. Il était assis dans une immense prairie, au pied du seul arbre à des kilomètres à la ronde. Le soleil se levait, encore timide. L'herbe verte était recouverte de centaines et de centaines de feuilles dorées, comme on aurait saupoudré un gâteau de sucre glace. Mis à part l'arbre immense au pied duquel il se trouvait, et les mouettes dans le ciel, Tony ne voyait rien d'autre que cette mer verte et or. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'est qu'il n'avait aucune idée de comment il était arrivé là...La dernière chose dont il se souvenait c'était de s'être endormi dans son lit.
Interloqué, il se leva et réalisa qu'il portait des vêtement qui ne lui appartenaient pas. En effet, il était vêtu d'une chemise rouge, d'un pantalon en lin noir et de bottes de cuir. Des vêtements qui semblaient provenir d'une autre époque et qui pourtant lui rappelaient quelque chose...En regardant le sol à ses pieds, il s'aperçut également qu'il avait ete allongé sur une grande cape bleue foncée, dont le fermoir doré représentait une feuille de marronnier. Le jeune homme pris la cape et la mis autours de son coup. L'air n'était pas particulièrement frais, mais son intuition lui disait que la cape pourrait s'avérer utile à un moment où à un autre. Ne serait ce que pour dormir la nuit prochaine, si jamais il n'arrivait pas à comprendre où il était et comment rentrer chez lui avant la fin du jour...et dire qu'il allait encore une fois se faire enguirlander par son patron!
Voulant partir de cet endroit au plus vite, Tony se mit donc en route et marcha en ligne droite, dans la direction opposée au soleil. Juste avant de partir, il jeta un dernier coup d'oeil à l'arbre - un vieux marronier dont l'ecorce avait disparue par endroits - et se dit en lui même qu'il finirait bien par tomber sur une route, une habitation ou peut-être quelqu'un qui pourrait lui indiquer où il est et comment retourner à Londres. Car de toute évidence, il se trouvait bien loin de la ville qu'il avait l'habitude de voir tous les jours.
Il marcha un long moment, une heure, peut être deux...il n'avait pas de montre sur lui, et la seule indication du temps qui passait était le soleil dans le ciel. Des mouettes continuaient à passer dans le ciel, ce qui voulait dire que la mer n'était pas loin. Régulièrement, il se retournait pour voir l'arbre s'éloigner et vérifier qu'il marchait toujours dans la même direction. A un moment, juste après s'être retourné, il regarda à nouveau devant lui et vit enfin le paysage changer. Au loin, il pouvait apercevoir un second arbre, ce qui voulait dire, non seulement qu'il allait pouvoir se reposer un peu à l'ombre, mais également qu'il trouverait là bas peut être des indications sur une direction à prendre. Accélérant le pas, il ne quittait pas l'arbre des yeux. Plus il se rapprochait, plus il pouvait en voir les détails. A première vue, il semblait de la même espèce que l'arbre sous lequel il s'était réveillé...ils se ressemblaient d'ailleurs beaucoup. En se retournant, Tony s'aperçut que le premier arbre était tellement loin désormais qu'il ne le voyait même plus. Fixant son regard sur le nouveau marronnier - oui, maintenant il en était sur, c'était bel et bien un marronnier - il continua d'avancer d'un pas décidé.
Mais lorsqu'il arriva au pied de l'arbre, Tony senti la panique l'envahir. C'était le même arbre. Exactement le même arbre. Pas un de la même espèce, ou qui ressemblait à l'autre. Non, il portait les mêmes trous dans l'écorce, la même branche penchée, la même forme. Le jeune homme ne comprenait pas comment cela était possible. Il avait marché continuellement en ligne droite, et pourtant il se retrouvait à son point de départ. Désespéré et paniqué, il donna un coup de botte dans le pied du marronnier.
- Aie!
Ce n'était pas lui qui avait parlé....