La Terre Promise

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Ca ne fait pas plus de 2 semaines que je suis ici je commence vraiment à devenir folle. Non pas parce que je suis dans un asile de fou mais parce que je suis entourée de fous.

Difficile à comprendre, pas vrai ?

Je m'appelle Bris et on vient d'écrire mon futur. On m'a obligé à prendre une direction que je ne voulais pas et ce, sans me demander mon avis. Tout ça parce que mon père avait caché Anonyme dans son congélateur.

« Anonyme », c'était le nom que je donnais aux filles que mon père ramenait l'après-midi, juste avant de prendre sa bière et de regarder son match de football.

Parfois, elles étaient blondes, parfois elles étaient brunes... J'imaginais qu'elles s'appelaient « Sophia » ou « Ophélia »...Mais c'était plus facile de les appeler « Anonyme ». Comme ça, je n'avais pas à m'en souvenir.

Il les faisait entrer par la porte du garage et s'amusait avec elles. Je les entendais rire...ou pleurer...Jusqu'aujourd'hui, je n'en ai toujours aucune idée.

Des fois, quand je marche le long des baies vitrées de l'hôpital Angus, il m'arrive de repenser à l'odeur de la javel. Cette odeur acide, concentré de substances chimiques amères et infecte qu'il utilisait pour laver le sang. J'y repense parce qu'elle m'obsède. Elle me nuit, elle m'achève. A cause d'elle et de mon père, la 19ème et le reste des années de ma vie m'ont été enlevées.

Le jour de mon 18ème anniversaire, ma mère m'a envoyé dans cette hôpital parce que j'avais des terreurs nocturnes. Et bien sûr, au lieu de s'informer, elle a préféré la facilité. Elle avait peur que je ressemble totalement à mon père. Elle ne voulait pas que moi aussi je ramène des victimes à la maison.

-Bris, écoute moi... Je sais que ca te fait mal mais... Je le fais pour toi, ma chérie. M'a-t-elle dit.

Je n'avais rien répondu à cela. J'avais juste laissé ces hommes m'emmener...

C'est comme ça que je me suis retrouvée ici. Je ne faisais rien de mal, j'avais juste des cauchemars...

Je n'ai pas de dédoublement de la personnalité comme père... Mais bon, qui va me croire ? Ici, nous sommes tous mis sur le même pied d'égalité. Sociopathes, psychopathes, névrosés, paranoïaques, skyzofrènes... Une vraie foire aux monstres.

Je m'en irai, je le jure. Je vais montrer que le nom « Harper » n'est pas que synonyme d'horreur...Je vais prouver que je ne suis pas comme mon père et que je ne serai jamais comme lui... Il le faut, c'est essentiel. Je ne sais pas quand cela sera, comment cela se passera mais je sais une chose : c'est que cela se fera.

Et ce, grâce à ma volonté et à Haydan, la seule bonne chose qu'il m'est arrivé ici. 22 ans de pure merveilles...Des yeux aussi bruns qu'une noisette et la peau aussi dorée que le blé. Lui non plus n'est pas fou. Lui aussi a été envoyé ici à tort. Et c'est avec lui que je fuirai.

Parfois, il nous arrive de nous asseoir sur les bancs du parc Mercy, afin de rêver à notre avenir ensemble. Tout n'est que sable blanc et eau turquoise dans nos têtes... Les fleurs sentent le parfum et les jardins n'ont pas de nains. Nos mains sont entremêlées et nos yeux se noient dans les regards que nous nous lançons. Nous n'avons pas de chaînes à nos pieds, pas de bracelets magnétiques. Il n'y a que nous.

Je t'emmènerai au bout du monde. Voir les montagnes dominer l'horizon...Dit-il, le sourire aux lèvres. Tu verras Dashi et Kara, mes sœurs du Sierra Leone et tu vivra avec moi, dans ma maison près du lac.

-Tu m'emmènera au bout du monde, voir les montagnes dominant l'horizon et tu me présentera à Dashi et Kara, tes sœurs du Sierra Leone. Et je vivrai avec toi, dans ta maison près du lac.

-Les montagnes sont hautes Bris...Elles représentent ce que nous serons : Supérieurs et dominants. Et nous regarderons l'horizon jusqu'à la fin de notre vie. Me lance-t-il.

-On y arrivera Haydan...Pourvu que nous soyons ensemble.

Il me prend la main...elle est chaude et agréable... Il me donne un bonbon, de couleur violette ayant un gout plutôt étrange mais agréable à la fois. Il symbolise la liberté, comme il dit. La promesse d'un monde meilleur...

Et en une traite, nous l'avalons. Nous sommes là, assis sur ce banc, regardant les feuilles tomber sur le sol. Le soleil brille, les feuilles sont oranges et nous tombons dans un sommeil profond, sans réveil qui nous mènera où nous devons être : au Paradis.

La Terre PromiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant