Chapitre I

32 1 0
                                    

Maintenant que je vous ai relaté les seuls souvenirs me restant de mon enfance, je vais commencer à vous raconter ma vraie histoire, vous allez découvrir les recoins les plus sombres de ma personne.

Tout a réellement commencé lorsque j'ai eu seize ans.
J'ai fait ma rentrée dans le lycée le plus proche de mon village, il était à une vingtaine de minutes de chez moi en bus.
C'était la première fois que je sortais vraiment d'Alès pour aller dans une grande ville, j'avais passé toute mon enfance dans ce petit patelin, je n'avais donc jamais eu d'amis depuis l'incident du beagle, de l'école primaire jusqu'à la fin de mon collège, alors le fait d'aller au lycée m'a donné l'espoir que je pourrais trouver des amis, des personnes qui n'auraient jamais eu vent des ragots colportés sur ma personne.

Le jour de la rentrée je me préparais donc avec beaucoup de soin et d'entrain.
J'étais levé à cinq heures et demies, et dans le bus une heure plus tard.
J'ai trouvé le chemin un peu long; je n'avais jamais fait de trajet de plus de cinq minutes, mes parents ne m'avaient jamais laissé quitter le village, et le fait de me laisser aller au lycée dans une grande ville plutôt que de me faire suivre des cours par correspondance était déjà quelque chose d'exceptionnel.
Je regardais le paysage défiler de plus en plus vite à travers la vitre du car, il pleuvait, des gouttes glissaient le long de la fenêtre, et je me demandais sérieusement si j'allais me plaire dans cet endroit si différent de ce à quoi j'étais habitué.
Le bus s'arrêta, et tout le monde descendit. Le bâtiment se dressait face à moi, il était gris, tout comme les nuages assemblés au-dessus, les fenêtres étaient rares et barricadées par des barreaux, le tout avait un air de ressemblance avec une prison. Pourtant, cela ne me découragea pas, au contraire, malgré son aspect très peu accueillant, ce lycée était comme un nouveau départ pour moi, il représentait l'espoir d'enfin m'intégrer. Je ne voulais rien de plus qu'être une personne normale.

Tous les étudiants se rassemblèrent dans la cour pour que la répartition par classes puisse être effectuée.
Il y avait là peut-être deux mille cinq cent élèves, qui avaient entre quinze et dix-huit ans. J'étais un peu en retrait, mais remarquais rapidement que je n'étais visiblement pas le seul à ne connaître personne, un garçon d'à peu près mon âge se tenait debout, seul, à côté d'un arbre, je croisais son regard et m'apprêtais à aller lui parler, mais mon nom retentit soudain dans la cour :

- Savage Shane !

Je m'avançais vers le proviseur, un petit homme à lunettes en costard cravate, à moitié chauve, mais peu creusé par les rides pour son âge qui devait être avancé.

- Dans le rang à droite, tu feras partie de la seconde six. Sirion Antoine ! Seconde six aussi.

Le garçon portant le nom d'Antoine n'était autre que celui que j'avais aperçu près de l'arbre quelques minutes auparavant. Physiquement, il me ressemblait beaucoup : il était plutôt grand pour seize ans, très fin, on aurait pu le casser en deux avec une pichenette, et surtout, il était très pâle, encore plus que moi. Nous avions les mêmes cheveux noir corbeau, mais ses yeux étaient eux noir jais, contrairement aux miens, qui sont d'un bleu tellement appuyé que les gens ont du mal à croire que je ne porte pas de lentilles de contact.
Une fois notre classe au complet, un professeur nous prit en charge et nous accompagna jusqu'à une salle de cours.

- Bonjour, je suis monsieur Vals, votre professeur de physique chimie, et également votre professeur principal. Installez-vous là où vous trouverez de la place.

Je me dirigeais vers le fond de la salle, où je m'installais près d'une fenêtre. Je levais les yeux et vis le garçon de tout à l'heure, Antoine :

- Excuse moi, je peux m'asseoir ici ?
- Oui bien sûr.

Antoine s'assit à côté de moi et commença à sortir ses affaires. Il installa tout de façon extrêmement ordonnée, souffla sur les quelques bouts de gomme présents sur la table, puis se retourna vers moi et me tendit sa main :

PsychoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant