Chapitre 1 : Le grand Kaiser

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Chapitre 1 - Le Grand Kaiser

Peu importe nos efforts, il est impossible de dissimuler nos réels sentiments. Même le plus grand menteur du monde ne pourra cacher sa rage, sa déception, ou même sa peur. Et la raison est simple, la moindre de nos émotions est retransmise involontairement à notre corps. Ainsi, un père conciliant aura malgré tout le réflexe de serrer le poing lorsqu'il grondera son enfant, un politicien talentueux laissera transparaître de la peur lorsqu'un journaliste lui posera une question sur sa relation moralement douteuse à l'insu de sa conjointe, et vous-même ne pouvez cacher votre déception lorsque vous n'arrivez pas à vos fins.

Ce qui est formidable avec cette manie qu'a le corps de nous mettre à nu devant nos semblables, c'est qu'il suffit d'un il aiguisé pour remarquer, et voir la vérité que l'on cache si souvent. 


C'est en voyant ces petites choses que je m'amuse. Non pas que les voir est spécialement drôle. Ce qui est amusant, c'est ce qu'on peut faire lorsqu'on sait à peu de choses près ce que les autres ressentent.

Il y avait de ça deux semaines, j'avais remarqué les légers regards entre Karl et Laura. Laura avait beau être en couple, elle ne s'en rendait elle-même pas compte, mais regarder Karl avec tendresse, elle en avait pris l'habitude. Tandis que lui était fou d'elle, elle ressentait quelque chose pour lui, sans le savoir.

Ils étaient tous les deux dans ma classe. Relativement proches, lui était un ami de Peter, le copain de Laura. Je suppose que les sorties entre amis avait provoqué tout ça. J'ai donc décidé de m'en mêler, histoire de voir comment cette histoire allait évoluer.

J'ai d'abord mis en garde Peter. Après tout, il était l'un des principaux intéressés; je voulais surtout voir comment il allait réagir. Au début, il ne me prenait pas au sérieux et s'en amusait :

«Tu sais que t'as l'il toi. Mais t'inquiète, Karl l'aime peut être bien, mais elle ne fera jamais attention à lui. Après tout, je suis là moi.

- Oui mais... insistai-je

- Ne t'en fais pas Kaiser, elle ne me trompera jamais.»

Tu en es sûr ? J'ai alors donné un petit coup de pousse au destin. Karl avait besoin de se lancer, subtilement certes, mais il le devait. Une rumeur émergea du néant. Innocemment, elle soulignait le fait que Karl et Laura allaient bien ensembles. 

Il n'en fallu pas plus pour que le Roméo en herbe passe à l'action avec sa dulcinée.  N'étant pas insensible à son charme, elle succomba. Et ainsi, c'était ce matin de Novembre que je réparai l'injustice qui était commise depuis maintenant  quatre mois . Personne ne mérite d'être trompé. N'est-ce pas ?


Et voilà que les deux amis était en pleine bagarre pour les beaux yeux de la princesse qui, malheureusement pour Peter, avait déjà fait son choix. Le couloir était bondé, tous étaient en train de savourer le spectacle. Les cris de ces sauvages couvrait le magnifique son des coups que les combattants échangeaient. Le plus gênant, c'était les remarques déplacées envers Laura. La pauvre, elle n'avait rien demandé, et là, même si elle ne recevait de coups physiques, ceux verbaux étaient acerbes.

  « Arrêtez vous deux ! » Un surveillant au crâne rasé essayait, en vain, de se mettre entre eux.

Un coup de pied atteint Peter tandis qu'il faisait pleuvoir une véritable déferlante de coups de poing. Karl était dans un sale état; Peter aussi d'ailleurs, mais plus mentalement que physiquement.

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