Prologue

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Je m'arrête face aux deux gardes devant la porte d'entrée de l'immeuble désaffecté. Les deux armoires à glace me fixent avec insistance, les bras croisés sur leur poitrine, m'empêchant clairement de rentrer.

- Je viens voir Luka, j'annonce clairement dans un espagnol parfait.

- Il est occupé, répond l'un des deux chiens de garde.

- C'est important.

- Je t'ai dis qu'il était occupé, réplique l'autre gorille, alors dégage.

Ses paroles font monter la colère en moi. Je ne suis vraiment pas d'humeur à supporter ce contretemps. Lentement, j'avance de quelques pas avant de m'arrêter à quelques centimètres de celui qui vient de parler. Plongeant mon regard dans ses yeux froids, j'assène d'une voix dure, ne souffrant aucune contradiction :

- Je t'ai dis que c'était important, alors bouge-toi ou je vais m'énerver.

- Ouh ! s'exclame l'autre, plein d'ironie. J'ai peur !

Tu devrais. La seconde suivante, je lance mon genou dans l'entrejambe de l'homme en face de moi, le faisant se plier en deux sous la douleur. Sans laisser à l'autre le temps de réagir, mon coude entre en contact avec le menton de l'homme tordu de douleur. Il tombe au sol, sonné, et je le mets K.O d'un coup de talon derrière la tête.

Tout ça s'est déroulé si vite que l'autre chien de garde de Luka n'a pas encore réagit. Tu parles d'un garde du corps... À pas lents, je m'approche de lui et m'arrête quand je me retrouve à une vingtaine de centimètres de son corps.

- Je peux passer maintenant ou tu souhaites aussi profiter de mes talents de combat au corps à corps ?

- Je vais te tuer.

- Essai toujours. Si tu touches à un seul de mes cheveux, Luka te tueras.

L'homme hausse un sourcil après mes paroles. Il ne me croit pas. Tant pis. Alors qu'il s'apprête à me frapper, mon poing droit entre en contact avec sa mâchoire. Un craquement retentit alors que l'homme lâche un gémissement de douleur. Ses yeux s'enflamment d'une haine indescriptible et il lance son poing vers mon visage. J'évite de justesse son coup, attrape son bras tendu et le tourne pour venir le bloquer dans son dos. Un deuxième craquement. Ça doit faire mal ! De la même façon que je l'ai fais avec son pote, j'assène un coup derrière sa tête et il s'effondre à terre. Eh ben ! Pas très résistants les gardes !

Je soupire avant de frotter mes mains pour les réchauffer. Malgré le fait que je sois en Argentine et qu'on soit au début du mois d'avril, il fait froid. Sûrement aussi parce qu'il est presque minuit.

Sans un regard pour les deux hommes à terre, j'entre dans l'immeuble et découvre Luka en train de discuter avec deux hommes au centre de la grande pièce éclairée. Cette pièce qui renferme tellement de souvenirs. Dès qu'il me voit, le jeune homme a un petit sourire en coin et ordonne d'un geste aux deux hommes de sortir.

Il s'approche lentement de moi et je peux parfaitement lire dans ses yeux de la haine, de la rage et une intense envie de vengeance.

- Ah ! s'exclame Luka avec un sourire tout ce qu'il y a de plus hypocrite. Ça faisait longtemps que je voulais te revoir !

- Où est Nico ? je demande directement d'une voix froide, ne voulant pas tourner autour du pot.

- Quelque part dans les étages au-dessus, mais d'abord, je voulais te parler chère Angie, où devrais-je dire Camille ?

Je serre les poings alors que ma colère monte d'un cran. Je sais ce qu'il veut. Je le sais aussi bien que je sais que, d'une certaine manière, je mérite le supplice que je vis en ce moment, être dans cette pièce, après tout ce qu'il s'y est passé.

- Tu te souviens de cette pièce Camille ? demande Luka en marchant lentement vers un endroit derrière lui avant de s'y arrêter, de se baisser et de poser sa main sur le sol en béton. C'est ici que tu as tué mon frère, précisément ici.

- C'est aussi ici qu'il a tué Juan, je réplique d'une voix froide pour cacher la douleur que je ressens à évoquer ce souvenir.

Luka se retourne brusquement vers moi et me lance un regard meurtrier.

- Por cada uno de los nuestros que caiga, caerán cinco de ellos, déclare froidement Luka. Ley del Talión, bella.

Je reste stoïque face à ses paroles. Cette phrase, je l'ai entendu tellement de fois quand j'étais ici. « Pour chacun des nôtres qui tombe, cinq des autres tomberont. » C'est la loi des cartels ici, à Rosario, la loi du Talion. Et face au regard que me lance Luka, je sais que ces menaces ne sont pas du vent, il en va de son honneur.

- Je te jure, Camille Ayling, je te le jure sur mon honneur et sur ma vie, que tu vas payer pour avoir tué mon frère.


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